Aperçu de l'article de synthèse de l'actualité estivale et des dirigeants latino-américains masqués

Que s’est-il passé en Amérique latine cet été ? On en entend assez peu parler depuis la crise sanitaire globale de 2020. Pourtant, la Covid-19 n’a pas épargné un continent plus que vulnérable à une telle pandémie. On a fait le point sur l’actualité du Cône Sud, au cas où tu aurais loupé les dernières nouvelles !

L’Amérique du Sud n’a pas été le premier continent frappé par la pandémie. Mais, depuis le mois de mai, c’est de loin celui qui l’a été le plus durement avec plus de 6 millions de cas et 230 000 morts. De surcroît, le bilan chiffré de la pandémie pourrait encore s’alourdir dans le Cône Sud. Peu de tests sont réalisés pour détecter les personnes contaminées, et les statistiques concernant la mortalité sont pour le moins douteuses. On estime que le nombre de victimes pourrait varier du simple au double au Chili ou au Venezuela, par exemple.

Transversal – L’Amérique latine, terrain propice au coronavirus

Coronavirus dans l'actualité de l'Amérique Latine

Si la crise sanitaire a pris une telle ampleur en Amérique du Sud, c’est surtout à cause des faiblesses d’un continent rongé par les inégalités et la pauvreté. Celles-ci ont posé un réel problème lorsqu’il a fallu imposer un confinement, puisque plus de la moitié de la population latino-américaine a un emploi informel. De ce fait, les mesures prises pour endiguer l’épidémie ont été peu respectées. Certains, comme au Chili, se sont même révoltés contre un confinement généralisé qui les obligeaient à sacrifier leur gagne-pain. En outre, la fragilité des systèmes de santé des différents pays a été mise en évidence par la crise. Rares ont été les hôpitaux qui n’ont pas été débordés, à cause notamment du manque de moyens financiers accordés par l’Etat.

Toutefois, toute l’Amérique du Sud n’a pas connu le même sort. Le Brésil, mais aussi le Pérou et le Mexique, ont été ceux qui ont été le plus fortement ébranlés par la pandémie. Il faudrait aussi ajouter l’Argentine à cette liste : le pays dirigé par A. Fernandez était déjà au bord de la récession en début d’année 2020 et s’achemine désormais vers une crise financière majeure. A l’inverse, ceux qui ont été les plus prompts à imposer des mesures de confinement ont pu limiter les dégâts liés au virus. La Colombie et le Pérou figurent par exemple parmi les quelques Etats de la planète à avoir fait durer la quarantaine plus de cinq mois !

Transversal – Un espoir de vaccin en Amérique du Sud ?

Vaccin Coronavirus en test en Amérique Latine

Nous venons de le voir, la situation sanitaire et économique de l’Amérique du Sud est plus qu’alarmante. Et, à court terme, les perspectives ne semblent guère plus réjouissantes. le Fonds Monétaire International anticipe une baisse de 9,4% du PIB du continent pour l’année 2020.

Cependant, une porte de sortie de crise pourrait être en train de se dessiner en Amérique latine. Cet espoir vient de la Chine qui a envoyé une équipe de scientifique dans plusieurs pays, comme l’Argentine et le Pérou, pour y mener une campagne d’essais cliniques. Le but est de tester le vaccin qu’elle est en train de développer contre la Covid-19.

Bolivie – Comment a évolué la crise politique depuis le début de l’année 2020 ?

Bolivie Crise politique et Coronavirus

Tu le sais peut-être, la Bolivie traverse depuis le début de l’année 2020 une crise politique inédite. En effet, à la fin de l’année 2019, le président Evo Morales avait été contraint de remettre sa démission, à cause de mouvements sociaux motivés par des accusations de fraude électorale. Il occupait alors la plus haute fonction du gouvernement bolivien depuis quatorze ans. Voici un bon résumé de la situation (et de l’histoire récente du pays).

Depuis, Evo Morales a atterri en Argentine, où il s’est réfugié en décembre dernier. En août 2020, il a été accusé par le gouvernement bolivien intérimaire de Jeannine Añez d’avoir orchestré la mise en place de barrages routiers, qui ont notamment empêché l’approvisionnement en vivres, en fournitures médicales et en oxygène de plusieurs villes du Venezuela. Ces barrages seraient une façon de protester contre les reports successifs des élections présidentielles, désormais prévues pour le 18 octobre à cause de la pandémie.

De son côté, la conservatrice Jeannine Añez a dû gérer les crises sanitaires et politiques. Et dans l’ensemble, c’est un échec. Le nombre de cas (près de 120 000) et de décès (5 300 à l’heure actuelle) augmente encore en flèche jour après jour. Le report des élections témoigne de l’impuissance de la Bolivie à contenir le coronavirus. Par ailleurs, cette décision a suscité l’ire d’une partie de la population, et tout particulièrement des soutiens indéfectibles de Morales, aggravant encore la division politique du pays.

Chili – Le référendum sur le changement de constitution repoussé

Chili Référundum reporté

Au Chili, avant la pandémie, l’année 2020 avait été synonyme de changement, de révolte. Une grogne sociale sans précédent avait poussé le président Sebastian Piñera à annoncer un référendum. Ce dernier devait initialement se tenir le 26 avril. Les Chiliens auraient pu se prononcer sur un éventuel changement de Constitution. Pour l’heure, la Magna Carta chilienne est toujours celle qui fut promulguée par Pinochet pendant la dictature. Si tu as un trou de mémoire au sujet du Chili, tu peux toujours te référer à notre article sur ce pays.

Mais le coronavirus a bien retardé la consultation pourtant fort attendue par la population. Elle ne se tiendra finalement que le 25 octobre. De plus, la campagne se trouve très limitée par le contexte sanitaire actuel. Le résultat du référendum sera déterminant pour l’avenir du Chili et pour apaiser les esprits après une année de protestation.

Brésil – La gestion désastreuse de la pandémie par J. Bolsonaro

Bolsonaro Mauvaise Gestion du Coronavirus

Au Brésil, la crise de la Covid-19 s’est muée en une véritable tragédie. La maladie y est la cause de plus de 115 000 décès et de 8,9 millions d’emplois perdus sur le seul deuxième trimestre. En cause, un système de santé à la traîne mais surtout la réaction du président Jair Bolsonaro face à l’épidémie.

Au lieu de chercher à endiguer la pandémie, Bolsonaro n’a tout bonnement rien fait pour y faire face. Il n’a eu de cesse d’affirmer son mépris, tant pour ce qu’il percevait comme une simple « grippette » que pour toute la communauté scientifique dont il n’appliquait pas les directives. A titre d’exemples, Bolsonaro s’est distingué par son refus de porter un masque de protection ou de respecter les règles de distanciation lors de bains de foule hautement irresponsables en temps de crise sanitaire. Sa seule arme contre le coronavirus ? L’hydroxychloroquine, qu’il n’a eu de cesse de promouvoir et qu’il a lui-même utilisée après sa contamination en juillet.

L’attitude de Bolsonaro face à la pandémie s’inscrit dans la lignée des leaders populistes des pays développés. Ainsi, le président brésilien ne s’est pas contenté de nier la gravité de la situation. Il a aussi ralenti le travail de ceux qui cherchaient à y remédier, en s’opposant aux mesures de confinement des grandes villes.

Pourtant, la côte de popularité de Bolsonaro a bondi depuis le début de la crise sanitaire. Le taux d’opinions favorables à son gouvernement n’avait jamais été aussi élevé, grâce aux aides qu’il a distribuées aux foyers pour faire face à la situation… Si tu veux en savoir plus sur Jair Bolsonaro, nous te le présentons en détail dans un article dédié.

Venezuela – Un pays démuni face au virus

Venezuela ravagé par le coronavirus

Comme tu le sais peut-être, le Venezuela traverse depuis quelques années une crise économique, politique et sociale importante, que nous avons déjà analysée par le passé. Ainsi, le pays arrivait d’ores et déjà désarmé avant même le début de son combat contre le coronavirus. Pour faire face à la maladie, le Venezuela manque de tout. son système de santé est défaillant, ses ressources et équipements de protection sont très limités. La pauvreté du pays dirigé par Nicolas Maduro est telle que le coût d’un masque  représente un tiers du salaire minimum. Et ce alors même que son port est obligatoire dans les lieux publics.

Les chiffres officiels indiquent que le pays compte 50 000 contaminés et 450 décès. Mais tu l’auras compris, il est difficile de se fier à ces statistiques. Surtout quand le voisin colombien, avec lequel le Venezuela partage près de 2 000 kilomètres de frontières, affiche un triste bilan de 600 000 cas et 21 000 morts.

Sans surprise, la réaction de Nicolas Maduro a été le déni. Il a immédiatement qualifié la maladie de « virus colombien ». Par là même, il met en porte-à-faux les vénézuéliens émigrés en Colombie. Ceux-ci ont été forcés de prendre le chemin du retour après avoir perdu leur emploi du fait de la crise sanitaire.

Pérou – La crise sanitaire va-t-elle se transformer en « polycrise » ?

Pérou en crise sanitaire et politique

Au Pérou aussi, la pandémie fait des ravages. Avec bientôt 700 000 cas et 30 000 décès enregistrés, c’est l’Etat qui présente la plus forte mortalité liée à la Covid-19. La crise sanitaire est venue se surajouter à la crise politique qui secoue le pays depuis 2019. Et elle pourrait bien l’amplifier.

Depuis le début de la présidence de Martín Vizcarra en mars 2018, le paysage politique est secoué par la bataille entre le gouvernement et le Congrès. Les fujimoristes dominaient alors ce dernier. En octobre 2019, le président péruvien avait pris la décision de dissoudre le Parlement qui entravait toute tentative de réforme. Mais en août 2020, c’est ce même Congrès, pourtant renouvelé, qui a voté une motion de censure contre le premier ministre Pedro Cateriano. En cause sa mauvaise gestion de la pandémie. La stabilité du gouvernement de Vizcarra est donc plus que jamais ébranlée. Affaire à suivre…

Si tu veux en savoir plus sur l’histoire récente du Pérou, nous t’avons concocté un article sur le sujet.

Mexique – L’ancien président E.  mêlé à l’affaire Odebrecht

Peña Nieto soupçonné dans l'affaire Odebrecht

L’affaire Odebrecht, ou « opération Lava Jato », c’est une affaire de corruption à grande échelle impliquant la société de BTP brésilienne Odebrecht et des responsables politiques d’une grande partie des Etats du Cône Sud. L’enquête concerne des chefs d’Etat comme Michel Temer, Dilma Roussef, Juan Manuel Santos, Pedro Pablo Kuczynski ou Nicolas Maduro. Ils sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin pour mettre en place une législation favorable aux activités de l’entreprise brésilienne.

Désormais, c’est au tour d’Enrique Peña Nieto (ex-président du Mexique) de voir son nom mêlé à cette affaire. En début d’année, son ami proche Emilio Lozoya avait été arrêté. Il aurait révélé que la société Odebrecht a en partie financé la campagne présidentielle de Peña Nieto en 2012. L’enquête est en cours. Cette nouvelle est une preuve supplémentaire que la corruption est un fléau quasi-endémique en Amérique du Sud. Toutefois, les troubles du début d’année prouve qu’il est de plus en plus condamné par l’opinion publique.