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C’est la rentrée, et il est grand temps de reprendre le rythme ! Un petit rappel pour vérifier que tu n’as rien manqué de l’actualité en Europe cet été !

Pologne – Election présidentielle

Le 28 juin s’est tenu le second tour des élections présidentielles en Pologne, second tour qui voyait s’affronter le Président sortant Andrzej Duda (réélu avec 51% des voix), candidat de la droite conservatrice du PiS (parti Droit et Justice), et le maire progressiste de Varsovie, Rafal Trzaskowski. Malgré un premier tour perçu comme une approbation massive de la politique du Président sortant (43,5% des voix contre seulement 30,5% pour son concurrent du second tour), il s’agit de l’élection présidentielle la plus serrée de l’histoire polonaise.

La géographie des votes révèle des fractures socio-spatiales importantes, entre la Pologne des grandes villes (Varsovie, Cracovie, Lodz…), résolument progressiste et ouverte sur le monde, et le Pologne des campagnes, au mode de vie plus traditionnel et où le catholicisme influence les prises de position sur les grands enjeux de société (IVG, homosexualité…). Plus largement, ces élections en Pologne sont symptomatiques d’une Europe centrale et orientale tiraillée entre la tentation conservatrice nationaliste et une envie de progressisme et d’ouverture portée par les franges urbaines et aisées de la population.

Construction européenne – Endettement commun des 27

Fait totalement inédit dans l’histoire de la construction européenne, les États membres de l’Union européenne se sont mis d’accord le 21 juillet sur la constitution d’un endettement commun dans le but de financer la relance des économies. Il s’agit là d’un important mécanisme financier divisé en deux volets :

  • Un plan pluriannuel de plus de 1 000 milliards d’euros pour la période 2021-2027.
  • Un emprunt de 750 milliards d’euros contracté par la Commission européenne au nom de l’Union.

L’opposition notable de la part de ceux que l’on appelle « pays frugaux » (Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark, Estonie), unis par une tradition budgétaire très rigoureuse malgré leurs fortes divergences politiques, n’a pas mis à mal cet élan collectif. L’Allemagne a également renoué avec son rôle de moteur de la construction européenne en abandonnant sa politique d’opposition systématique à la constitution d’un Trésor européen commun.

Biélorussie – Réélection contestée d’Alexandre Loukchenko

Les élections présidentielles biélorusses se sont tenues le 9 août, et ont abouti à la réélection d’Alexandre Loukachenko avec plus de 80% des voix. Créditée d’à peine plus de 10% des voix, la principale candidate d’opposition Svetlana Tikhanovskaïa remplaçait son mari emprisonné Sergueï Tikhanovski. Les résultats de l’élection donnent lieu à de violents affrontements à Minsk, capitale biélorusse et siège du pouvoir central d’Alexandre Loukachenko, entre les manifestants et la police anti-émeutes. Cette dernière a recours aux gaz lacrymogènes et aux grenades paralysantes, et reconnaît également procéder à des tirs à balles réelles.

Élu pour la première fois en 1994, Alexandre Loukachenko entame donc son sixième mandat dans un contexte troublé, sous l’œil méfiant de l’Union européenne, qui qualifie régulièrement le régime de Minsk de « dernière dictature d’Europe » et fait savoir le 19 août qu’elle ne reconnaît pas les résultats de l’élection présidentielle.

Économie – Retour de la déflation

Conséquence du ralentissement de la consommation et de la croissance lié au coronavirus, la déflation semble opérer un timide retour sur le Vieux Continent. Alors que les principaux observateurs économiques espéraient une inflation à +0,2% pour le mois d’août 2020, les premiers chiffres publiés suggèrent davantage une inflation à -0,2%, un plus-bas jamais atteint depuis 2016 et particulièrement virulent en Belgique (-1,5%) et en Italie (-1,3%).

Aboutissement logique de la désinflation grandissante des mois précédents, cette baisse marquée des prix à la consommation acte l’échec des politiques publiques qui visaient à inciter à la consommation et décrédibilise les efforts déployés par la BCE pour injecter des centaines de milliards d’euros dans les économies européennes. Une conjoncture déflationniste que la fermeture des frontières et le report des soldes d’été dans la plupart des pays européens n’ont pas manqué d’accentuer…

Hongrie – Fermeture des frontières

Mesure effective pour une durée d’un mois minimum, la Hongrie a décidé unilatéralement de fermer ses frontières à l’ensemble des ressortissants de l’espace Schengen (hors pays du groupe de Visegrad, à savoir Pologne, Slovaquie et République tchèque). Le gouvernement de Viktor Orban estime en effet « que la plupart des nouvelles infections sont d’origine étrangère », selon le Chef du Bureau du Premier Ministre. Nouveau sursaut souverainiste après la désunion affichée par les Etats européens en mars dernier, cette décision laisse craindre une série d’autres mesures isolationnistes qui pourraient être prises par la Hongrie comme par d’autres pays à tendance eurosceptique. Pour l’heure, le Danemark, la Suède et Chypre ont choisi de fermer leurs frontières aux ressortissants français.

Turquie – Manoeuvres militaires en Méditerranée orientale

Après avoir transformé la basilique Sainte-Sophie en mosquée le 10 juillet dernier, le Président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les manœuvres militaires en Méditerranée orientale, à destination de la Grèce et de Chypre. Ces manœuvres s’inscrivent sur fond de rivalités territoriales entre la Turquie d’une part (soutenue par la Russie puis par les Etats-Unis), Chypre et la Grèce d’autre part (soutenues par l’Italie et la France), chaque camp désirant l’exclusivité sur les hydrocarbures de Méditerranée orientale.

En lien avec le principe de « zone économique exclusive » édicté par l’accord de Montego Bay (1982), ces tensions s’inscrivent dans la continuité des différends territoriaux qui opposent la Turquie et Chypre depuis 1974, date de l’invasion turque qui donna lieu à la proclamation de la République turque de Chypre du Nord en 1983.

Brexit – Négociations au point mort

Les négociations entre Michel Barnier et David Frost s’enlisant, le gouvernement de Boris Johnson a pris la décision de construire 29 parkings poids lourds dans les ports anglais, en prévision de la forte affluence que le retour des contrôles à la frontière franco-britannique risque de générer. Alors que le Royaume-Uni a officiellement quitté l’Union européenne le 31 janvier dernier, et que l’échéance du 31 décembre 2020 approche à grands pas, les négociations entre Londres et Bruxelles sont aujourd’hui au point mort. Non seulement faut-il convenir d’un accord avant la fin de l’année 2020, mais ce dernier doit également être validé par les Etats membres et ratifié par le Parlement européen avant cette date butoir. Si le spectre du no deal venait à prendre forme, les relations commerciales entre l’Union européenne et le Royaume-Uni seraient alors normées par les seules règles de l’OMC qui prévoient des droits de douanes extrêmement élevés et des contrôles aux frontières particulièrement stricts.

Relations UE-Russie – Espionnage

En poste sur une base de l’OTAN située à Naples, un officier français a été écroué pour « intelligence avec une puissance étrangère (à savoir la Russie) portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Si le nom de l’officier a été gardé secret par la Ministre des Armées Florence Parly, on sait néanmoins qu’il s’agirait d’un lieutenant-colonel, arrêté par la DGSI alors qu’il s’apprêtait à rentrer en Italie après des vacances en famille en France. Il serait âgé d’une cinquantaine d’années, père de cinq enfants et doté d’origines russes assez lointaines. Les chefs d’accusation retenus contre lui sont au nombre de quatre, et concernent tous ses travaux d’espionnage pour le compte de la Russie.

Liban – Fonds d’aide européen

Dans le cadre de la conférence internationale sur l’aide et le soutien à Beyrouth et au peuple libanais, la Commission européenne a débloqué, par la voix d’Ursula von der Leyen, un fonds d’aide de 63 millions d’euros à destination des populations les plus touchées par l’explosion du 4 août dernier à Beyrouth. Cette aide financière s’accompagne d’une aide médicale par la fourniture d’abris, de soins de santé d’urgence, de disponibilités en eau et en installations sanitaires, de 300 experts en recherche et en sauvetage et d’une aide alimentaire soutenue.

Cette aide vient s’ajouter aux 2,3 milliards d’euros déjà fournis par l’Union européenne depuis 2011, dont 600 millions d’euros d’aide humanitaire, ce qui en fait un des plus généreux soutiens du gouvernement libanais.

Relations UE-Chine – “La grande séduction” (B. Courmont)

En préparation du sommet virtuel qui doit réunir, le 14 septembre, le Président Xi Jinping et les principaux dirigeants européens, Pékin a envoyé deux de ses plus illustres émissaires réaliser une tournée des capitales européennes. Le Ministre des Affaires Etrangères Wang Yi s’est donc rendu en Italie, aux Pays-Bas, en Norvège, en France et en Allemagne fin août, tandis que son prédécesseur Yang Jiechi (aujourd’hui responsable des relations internationales au sein du Parti communiste chinois) a visité l’Espagne et la Grèce les 3 et 4 septembre derniers.

Cette tournée européenne s’inscrit dans une opération séduction lancée par la Chine à l’attention de l’Europe occidentale, qu’elle espère détourner des Etats-Unis à la faveur des sorties médiatiques toujours plus osées du Président Trump. Un succès en demi-teinte pour les diplomates chinois, qui ont réussi à éclipser la visite du Président du Sénat tchèque à Taïwan, mais ne sont néanmoins pas parvenus à convaincre sur une série de questions épineuses comme les droits humains dans le Xinjiang, la question ouïghour ou encore la situation à Hong Kong.