Clôturons notre tour du monde de l’actualité de l’été 2015 par un détour en Afrique, où les événements, notamment d’ordre politique, viennent contrebalancer “l’afroptimisme” économique. Burkina Faso, Burundi et Boko Haram : tels sont les sujets de ce dernier épisode de l’actualité estivale africaine !

Coup d’état avorté au pays des hommes intègres

compaore dégage

Pour tout vous dire, le coup d’Etat mené par l’ancienne garde présidentielle de Blaise Compaoré nous oblige à réécrire l’évolution politique du Burkina Faso (littéralement Pays des hommes intègres). Alors que cette synthèse de l’actualité devait vous présenter le bon chemin processus de démocratisation du pays quelques mois après le départ forcé de l’ancien président, accroché au pouvoir, nous avons dû hélas rajouter cette étape qui montre toutes les difficultés éprouvées par les forces de transition vers la démocratie.

Pour commencer, la deuxième révolution burkinabée commence à la fin du mois d’octobre 2014, avec des manifestations d’ampleur visant à empêcher le président sortant, Blaise Compaoré, de modifier la Constitution afin d’effectuer un nouveau mandat, lui qui est au pouvoir depuis 1987. Les forces de l’ordre perdent le contrôle et seulement 4 jours après le début du mouvement, le président démissionne sous la pression de la foule, qui s’empare des institutions étatiques. Fuyant dans un convoi bloqué par la foule, il est exfiltré du pays par un hélicoptère français et finit par rejoindre la Côte d’Ivoire, protégé par le président Alassane Ouattara.

Le numéro 2 de la garde présidentielle, Yacouba Isaac Zida s’autoproclame chef d’Etat le lendemain, avec l’appui de l’armée. Puis au milieu du mois de novembre, Michel Kafando est nommé président par les autorités de transition, Zida prenant la place de Premier ministre. Ces deux hommes étaient chargés de gérer le pays jusqu’au 11 octobre 2015, date à laquelle des élections présidentielle et législatives devaient avoir lieu, consacrant le retour du pays dans un processus démocratique encouragé par la société civile.

Mais à la mi-septembre, des militaires du régiment de sécurité présidentielle prennent en otage le président et le gouvernement, dispersent les manifestants hostiles à ce putsch et quadrillent la capitale. Cette force de 1300 hommes, dont est issue Isaac Zida, craignait notamment d’être dissoute après les élections du 11 octobre, et donc de perdre toute l’influence qu’elle exerce depuis le début de cette transition, d’autant plus qu’elle constitue l’unité la mieux formée et la mieux équipée du pays.

Mené par le général Diendéré, ancien patron du renseignement et chef d’état-major de Blaise Compaoré, ce coup d’état se fait au nom d’un “conseil national de la démocratie” inexistant. Assurant vouloir organiser les élections, il est encore à l’heure actuelle indécis de savoir comment Gilbert Diendéré va gérer cette situation, d’autant plus qu’il fait face à la grogne populaire ainsi qu’à l’opposition des institutions internationales.

Du côté des pays africains, les condamnations de cet acte sont plus ou moins engagées. Les présidents qui s’accrochent à leur siège ne peuvent condamner cet acte. Sont notamment concernés les dirigeants burundais, rwandais et congolais (qu’il s’agisse de Kinshasa ou de Brazzaville), engagés eux aussi dans des tentatives de coup d’état constitutionnels.

Une solution à cette crise est actuellement négociée au niveau régional, à l’initiative de Macky Sall (président du Sénégal) et de Boni Yayi (président du Bénin). Sous la pression régionale et le désistement de nombreux membres de la garde présidentielle, le général putschiste annonce le retour à une transition civile, et la tenue l’élection, qui pourraient avoir lieu début novembre. Si Michel Kafando est appelé à continuer à jouer un rôle majeur d’ici les élections, Isaac Zida, toujours otage de la garde présidentielle dont il souhaitait la dissolution, est à recaser ailleurs, d’après de nombreux diplomates informés de la situation.

Si le chemin de la démocratie semble reprendre son cours, celui-ci est semé d’embûches. Et si le soulèvement du peuple burkinabè en inspire d’autres, le résultat n’est pas toujours similaire, comme au Burundi, ce que nous allons voir dès à présent.

Burundi : Nkurunziza persiste et signe

burundicrise

N’ayant crainte du sort réservé à Blaise Compaoré, le président burundais Pierre Nkurunziza a décidé au printemps dernier de changer la Constitution afin de pouvoir se présenter afin de faire un troisième mandat. Le 13 mai 2015, une tentative de coup d’état du général Godefroid Niyombare a lieu. Profitant de la présence en Tanzanie du président Nkurunziza et du soutien d’une grande partie de la population, les soldats putschistes n’ont pas réussi à battre les forces loyalistes.

Au retour du président, de nombreux putschistes sont arrêtés et souvent assassinés. Les élections présidentielles ont finalement lieu à la fin du mois de juillet 2015 et le président sortant l’emporte avec 69% des voix, résultat fantaisiste selon l’opposition.

Depuis, le pays semble sombrer dans la guerre civile. De nombreux assassinats politiques ont lieu. Dernière victime en date, Patrice Gahungu, porte-parole de l’Union pour la paix et la démocratie (UPD), un petit parti d’opposition, assassiné lors de la nuit entre le 7 et 8 septembre. Cet assassinat fait écho à celui perpetré le 2 août contre Adolphe Nshimirimana, « deuxième homme fort du pays », qui a trouvé la mort dans une attaque à la roquette.

Plus de 100 000 réfugiés ont fui vers les pays voisin, dont 70 000 vers la Tanzanie, 26 000 vers le Rwanda et 9 000 dans le Nord-Kivu (RDC). C’est aussi le cas de nombreux putschistes désireux de sauver leur vie après leur échec.

La situation demeure tendue à l’heure actuelle. Nous y garderons un œil et nous vous tenons informés des évolutions futures.

Attentats : toujours plus nombreux

HaramBokoAttentats

Les attentats se multiplient en Afrique, sous la menace notamment de Boko Haram, qui a fait allégeance à Daech, détruisant ainsi des centaines de vies, comme vous pouvez le constater sur cette photo très rude. S’ils ne concernaient que le Nigéria au début de l’année, ces derniers se sont étendus au Tchad et au Cameroun et au Niger, engagés eux aussi dans une intense lutte contre ce groupe. Le risque s’étend également au Mali ainsi qu’au Kenya.

D’après l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les conséquences sont nombreuses : cet été, 500 000 enfants ont fui le nord du Nigéria pour fuir les attaques du groupe terroriste. Autour du lac Tchad, on dénombre désormais 1 400 000 enfants déplacés. L’UNICEF, active dans la prise en charge de ces enfants déplaces déplore aujourd’hui le manque de moyen car l’organisation n’aurait touché qu’un tiers des 50 millions de dollars nécessaires.

Par ailleurs, les centaines de jeunes filles enlevées en 2014 sont toujours introuvables. Elles ont certainement été revendues par Boko Haram, voyant en elles une source de financement comme une autre…