Vendredi 22 décembre, Donald Trump a finalement signé le projet de réforme fiscale prévu depuis plusieurs mois déjà. Cette réforme est la plus importante depuis celle de Ronald Reagan en 1986.

Des gagnants et des perdants

Selon un sondage CNN, 55% des Américains sont contre la réforme fiscale. Et pour cause, nous allons voir que la réforme ne devrait pas favoriser tout le monde.

Parmi les gagnants, on trouve d’abord les entreprises. Le taux d’imposition des firmes transnationales sera réduit à 22%, conformément à l’objectif de Trump de renforcer l’attractivité des Etats-Unis pour provoquer des relocalisations. A priori, tous les ménages devraient voir leur taux d’imposition baisser également, au détail près que, à plus long-terme (dans une dizaine d’années), les acquis fiscaux des classes moyennes et moins favorisées expireront, là où ceux des classes les plus aisées se renforceront. Ainsi, 65% des américains estiment que la réforme ne bénéficiera qu’aux plus riches. L’idée sous-jacente est que, par un mécanisme de ruissellement, le relâchement de la pression fiscale sur les plus riches stimulerait l’investissement et donc la croissance et l’emploi, idée fortement contestée dans le débat économique. C’est notamment avec les politiques libérales de Reagan et Thatcher que la théorie du « trickle-down economics » refait surface.

De même, la réforme s’attaque à l’Affordable Care Act (Obamacare) en supprimant l’amende qui était infligée à ceux qui ne s’assuraient pas. Conformément aux analyses d’Akerlof sur le phénomène de sélection adverse, le retrait des personnes en bonne santé du système d’assurance santé (il est estimé que 4 millions de personnes arrêteront de s’assurer) poussera les assureurs à augmenter les cotisations, car le niveau de santé général des personnes assurées va baisser. Ce phénomène peut entraîner un cercle vicieux, car la hausse des prix des assurances peut encore pousser ceux relativement en bonne santé à ne plus s’assurer, car ils pourraient estimer qu’ils y perdent, ce qui poussera encore les assurances à augmenter les prix, et ainsi de suite. Ainsi, le prix moyen des assurances individuelles pourrait augmenter de 10%, selon le Congressional Budget Office (CBO).

En bref, la réforme fiscale bénéficiera très sûrement aux plus riches et aux entreprises, et pénalisera à long terme la classe moyenne et les personnes en moins bonne santé.

Une augmentation du déficit public, qui devrait à terme pénaliser les plus défavorisés

De fait, ces réductions se font au prix d’un déficit, étant donné que les recettes espérées du surplus de croissance que la réforme induirait ne dépasseraient pas les 460 milliards de dollars, soit moins d’un tiers des baisses d’impôts (1400 milliards de dollars). Pour compenser cela, la majorité républicaine a suggéré de réduire les dépenses pour les programmes sociaux ; les plus défavorisés risquent donc de subir plus tard une perte supplémentaire.

Le pays, qui est déjà dans une situation de déficits jumeauxc’est-à-dire de déficit de la balance des transactions courantes et de déficit public, perpétue donc la situation déjà présente durant le système monétaire de Bretton-Woods, de « déficit sans pleurs » (J. Rueff), avec une situation des comptes publics et de la balance commerciale, disons-le, très mauvaise, sans pour autant que cela n’inquiète l’administration Trump.

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