le tourisme mondial

Chaque semaine, Stéphan Bourcieu, DG de BSB et Docteur en Sciences de Gestion, décrypte pour toi l’actualité mondiale et apporte des clés de lecture utiles pour nourrir tes copies d’ESH ou de géopolitique cette année. Cet article fait un focus sur le tourisme mondial.

2020 restera dans l’histoire

On s’en doutait, on en a désormais la confirmation : l’année 2020 restera dans l’histoire comme la pire année pour le tourisme mondial. L’Organisation Mondiale du Tourisme vient en effet d’annoncer que la pandémie s’était traduite par 1 milliard d’arrivées internationales en moins. L’impact financier est considérable et se chiffre par une perte de recettes de l’ordre de 1300 milliards de dollars, soit 11 fois la perte enregistrée en 2009, année de référence jusqu’alors, dont l’activité avait été plombée par la crise économique mondiale. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale confirme cette tendance en annonçant que le nombre de passagers pour les vols internationaux a chuté de 60%[1] au cours de l’année écoulée.

Toutes les régions du monde ont été fortement impactées par la baisse du tourisme mondial. Avec une chute de 84%, la région Asie-Pacifique a été la plus durement touchée par la pandémie et les restrictions de voyages. Les régions d’Afrique et du Moyen-Orient ont toutes les deux enregistré une baisse de 75%. En comparaison, l’Europe (-70%) et les Amériques (-69%) ont un peu moins souffert grâce à la légère embellie de l’été. Même si, en chiffres absolus, l’Europe est la région du monde qui a perdu le plus grand nombre de visiteurs avec de l’ordre de 500 millions de touristes internationaux en moins.

2021 peu encourageante pour le tourisme

La situation est d’autant plus problématique que la pandémie se poursuit et que les pays durcissent actuellement les restrictions sur les voyages, à commencer par la France. Le Premier Ministre Jean Castex a en effet annoncé le vendredi 29 janvier que « toute entrée en France et toute sortie du territoire à destination ou en provenance d’un pays extérieur à l’Union Européenne sera interdite, sauf motif impérieux »… ce dont le tourisme mondial est évidemment exclu.

Pour la France, l’année 2021 commence donc malheureusement sous les mêmes auspices que l’année 2020. Si le bilan de l’année n’est pas encore connu, on sait d’ores et déjà que le tourisme français a plongé de manière catastrophique. Tous les secteurs ont été fortement touchés, qu’il s’agisse de l’hôtellerie-restauration, des arts et de la culture, des transports, des centres de congrès ou encore des espaces de loisirs. Même les stations de montagne, qui avaient bénéficié de l’accalmie estivale associée à la dynamique du marché domestique, ont été fortement pénalisées en fin d’année par l’interdiction d’ouverture prononcée pour la période des fêtes.

Dans sa note de conjoncture de novembre dernier, Atout France tablait sur une baisse de plus de 61 milliards d’euros (-30%) de la consommation touristique en France. La perte de recettes était alors envisagée à parts égales entre le tourisme domestique et le tourisme international. Mais ça c’était avant… à une époque où l’impact des variants du virus était encore marginal. Cette note de conjoncture faisait en effet preuve d’un optimisme qui n’a plus court aujourd’hui. Elle mentionnait notamment les fortes velléités des voyageurs chinois à revenir en France et tablait sur les intentions de départ des touristes français et européens sur les marchés domestiques. Le deuxième confinement en Europe est depuis passé par là et les chiffres vont sans doute devoir être largement revus à la baisse !

Le tourisme : pilier de l’économie française

Cette situation est d’autant plus inquiétante que le tourisme est un secteur essentiel à l’économie française. En temps normal, ce secteur pèse en effet plus de 7,4% du PIB français (chiffres 2018) et atteint le troisième rang mondial en termes de recettes (55,5 milliards d’euros en 2018) derrière l’Espagne et les États-Unis. Même si sa situation géographique au carrefour de l’Europe et le système de comptage favorisent la France par rapport à d’autres nations, l’Hexagone était avant la crise le pays le plus visité au monde, avec plus de 89 millions de touristes internationaux en 2018, soit 6,6% du total mondial.

Autre inquiétude, celle de l’emploi. Le tourisme est en effet un secteur fortement consommateur d’emplois qualifiés mais aussi d’emplois peu ou pas qualifiés. En 2017, les effectifs salariés dans les secteurs d’activité caractéristiques du tourisme dépassaient 1,3 million de personnes. On peut malheureusement craindre que la situation actuelle ne se traduise par des suppressions massives d’emplois.

Comment le secteur du tourisme sortira-t-il de la pandémie ? A court terme, si les vaccins sont efficaces, on peut penser que ce secteur bénéficiera probablement d’un effet rebond important, lié au taux d’épargne des consommateurs et à la volonté de renouer avec les plaisirs de la vie. A plus long terme se posera la question de la refondation de ce secteur avec le risque de nouvelles pandémies ou encore les nécessaires transformations liées au réchauffement climatique.

[1] On compte seulement 1,8 milliard de voyageurs aériens en 2020, à comparer aux 4,5 milliards de voyageurs enregistrés en 2019.

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