Voici deux corrigés de la synthèse ESCP 2011 proposés par le rapport du jury !

Sujet : ICI

Corrigé 1

Frontières, identités et repères : devrons-nous les restaurer, les repenser ou les remiser dans le cadre des évolutions en cours ?

Peut-on parler d’abord d’un imaginaire spécifique engendré par la mondialisation ?
Assurément pour Michaud qui loue l’avènement d’identités paradoxales et mobiles, véritables sédentarités mouvantes évoluant dans un kaléidoscope toujours changeant. Jacques de Saint Victor nous offre la vision contrastée d’un monde rêvé fédéré par le « doux commerce » mais où les thématiques obsidionales travaillent à nouveau les consciences et l’architecture. Debray, lui, voit dans le sans-frontiérisme l’idéologie trompeuse d’un air du temps obsédé par l’éradication des différences authentiques et la diabolisation de l’altérité.

Quelle posture adopter alors face au processus et à ses conséquences ?
Si Jacques de Saint Victor affiche une acceptation teintée de fatalisme face à l’inévitable, Michaud et Debray adoptent des positions tranchées. Le premier se félicite de l’émergence d’identités nouvelles, seule attitude envisageable selon lui à l’heure où la crispation sur des repères inaltérables relève d’illusions dépassées. Le second, au contraire, appelle à une résistance qu’il juge nécessaire dans un monde où préoccupations environnementales et logiques entrepreneuriales se conjuguent pour imposer les nouveaux dogmes sans-frontiéristes comme autant de pseudo évidences.

De quel environnement spatial et idéologique observons-nous l’émergence ?
Le bonheur des recompositions identitaires, dans un monde où la diaspora devient la forme obligée de la communauté, séduit Michaud. Jacques de Saint Victor évoque, lui, un monde paradoxal, en voie de reféodalisation mais aussi de plus en plus ouvert, où capitaux, marchandises et idées circulent sans entraves quand les individus affichent une méfiance croissante face à l’altérité. Debray, enfin, dénonce ironiquement le règne de la rapacité prédatrice, des standards techniques uniformisateurs et des dogmes politico-religieux ivres de leur universalité autoproclamée — sous couvert de bons sentiments altruistes et de référence à une culture commune, bien loin de la sagesse des limites et du respect d’un autre toujours déjà nié ou dévalorisé.

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Corrigé 2

Quel est l’impact de la mondialisation sur les identités ?

Dans quels domaines la mondialisation affecte-t-elle les hommes ?
Les trois auteurs analysent l’abolition des frontières traditionnelles. Michaud concentre son attention sur la question de la mobilité humaine qui a pris des dimensions planétaires et permanentes, affectant désormais toutes les catégories sociales. Saint Victor et Debray ont une approche plus panoramique des effets de la mondialisation, envisageant les nombreux domaines où elle s’exerce : financière, technologique, sociale et territoriale pour le premier ; économique, technologique, idéologique et géopolitique pour le second. Dans tous ces domaines, les murs sont tombés.

Quels sont les effets sur les identités collectives ?
Pour Saint Victor, ils sont nuls : tout circule librement mais « les hommes restent ce qu’ils sont ». Plus encore la mondialisation engendre un processus de repli qu’il nomme « encastellement » par lequel s’érigent de nouvelles formes de frontières pour se protéger des violences et inégalités que suscite la mondialisation. Michaud et Debray observent eux des mutations radicales mais opposées. Debray constate un processus généralisé d’uniformisation dans tous les domaines : social, culturel ou sexuel. A l’inverse on assiste selon Michaud à une totale reconfiguration de la notion même d’identité, désormais flexible : toujours d’ici et d’ailleurs, chacun se revendique des identités culturelles et
communautaires librement recomposées.

Faut-il se protéger en érigeant de nouvelles frontières ?
Debray, très polémique, affirme que c’est une évidence. L’idéologie sans-frontiériste est un leurre bien-pensant, une idéologie hypocritement impérialiste qui aide les grands groupes industriels et financiers comme les grandes puissances théologiques et politiques à asseoir leur emprise sur le monde. Pour Michaud au contraire, le repli est une erreur : la plasticité identitaire est précisément ce qui permet à une collectivité de se donner un avenir. L’analyse de Saint Victor est plus nuancée : si l’encastellement est une conséquence logique de la mondialisation, il ne faut par pour autant se replier dans de nouvelles forteresses mais cultiver l’ouverture vers son prochain.

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