point bonus boursiers concours 2022

L’idée d’accorder des points bonus aux étudiants boursiers pour les concours post-prépas est ce qu’on peut appeler un serpent de mer. Depuis de nombreuses années, le constat implacable du manque d’ouverture sociale des grandes écoles françaises (et a fortiori des très grandes écoles) préoccupent fortement les acteurs de l’enseignement supérieur et ceux de l’exécutif. Face à l’absence de réponses probantes permettant de résoudre structurellement le problème, la plus élémentaire et intuitive d’entre elles est régulièrement avancée : instaurer une discrimination “positive” ou, en d’autres termes, placer la ligne de départ plus ou moins proche de celle d’arrivée en fonction de l’origine sociale du candidat.

Une question en débat depuis 2019

Cette proposition s’était notamment retrouvée sur le devant de la scène à la faveur d’un rapport commandé en juin 2019 par la ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, à certaines des meilleures écoles de France. L’X, HEC Paris et les ENS, dont le taux de boursiers dans leurs rangs oscille entre 12% et 20% (contre 38% dans l’ensemble de l’enseignement supérieur), suggéraient déjà à l’époque la mise en place d’un système de bonification en faveur des candidats boursiers au moment des concours.

Si la crise sanitaire et les difficultés rencontrées par le secondaire et le supérieur avaient quelque peu éteint les débats autour de cette mesure, cette dernière avait de nouveau fait couler beaucoup d’encre de la part de ses détracteurs et de ses partisans lors de la publication du rapport du comité stratégique “Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur” piloté par Martin Hirsch.

Le top 5 devrait entériner les bonus accordés aux boursiers dès 2022

Pendant ce temps, en coulisses, l’idée a fait son bonhomme de chemin. Sans que rien ne soit aujourd’hui tout à fait officialisé, les écoles du top 5 pourraient prochainement entériner la bonification des candidats boursiers aux écrits sous diverses formes, d’après l’article des Echos Start publié la semaine passée et selon plusieurs de nos sources concordantes.

L’ESSEC est probablement l’école la plus avancée dans sa réflexion. Sauf surprise, la bonification qu’elle accordera devrait consister à déclarer admissibles, dès 2022, les étudiants boursiers ou “provenant de la diversité sociale et territoriale” juste en deçà de la fatidique barre d’admissibilité. «  Il y a une telle concentration de candidats autour de la barre d’admissibilité que ça se joue à quatre fois rien. Cette mesure apportera de la diversité », expliquait aux Echos Start Chantal Dardelet, responsable de la démarche de transition environnementale et sociale à l’école cergyssoise.

L’EDHEC BS planche quant à elle sur une bonification générale pour l’ensemble des boursiers aux écrits, ce qui, contrairement à l’ESSEC BS, favorisera également les étudiants qui auraient été déclarés admissibles sans cette bonification. L’emlyon devrait aussi lui emboiter le pas à l’horizon 2023, tout comme HEC Paris et ESCP BS, très à l’initiative sur ces questions depuis 2019.

Une réforme en profondeur des concours écrits

Plus généralement, le concours 2023 sera marqué par de nombreux changements structurels. C’est en effet ce millésime qui verra composer les premiers candidats titulaires du baccalauréat sous le régime des spécialités et non plus des filières S/ES et L. Ces étudiants auront donc suivi la nouvelle voie “ECG” qui se substitue aux parcours ECS ou ECE. Dans cette prépa EC new look, les étudiants composent leur “menu” entre maths appliquées ou approfondies et ESH ou HGGMC.

Par ailleurs, des réformes des épreuves écrites sont envisagées par les écoles conceptrices, éventuellement dès 2022. La suppression de la contraction de texte (seule la synthèse de textes serait prise en compte en voie ECG pour la BCE), mais également la suppression des épreuves de traduction (thème et version) pour ELVi et IENA sont notamment dans les tuyaux.

Dans les deux cas, ces changements ne font certainement pas l’unanimité dans le petit monde des classes préparatoires. Pour ce qui est des modifications intrinsèque des épreuves, de nombreux professeurs de prépa EC, représentés par l’APHEC, ont déploré le manque de concertation des écoles. Selon une enquête que nous allons prochainement rendre publique, la plupart des ex-prépas encensent d’ailleurs l’enseignement des langues et le format des épreuves telles qu’elles sont conçues actuellement.

De même, une grande majorité des étudiants boursiers intégrés désapprouvent l’idée d’une bonification aux écrits pour les candidats les moins aisés, tout comme la plupart des acteurs des grandes écoles de management. Il faut aussi comprendre que ces décisions unilatérales des meilleures écoles, en plus de rompre la cohérence globale du concours, vont mécaniquement ponctionner les effectifs de boursiers des écoles moins cotées. Dans cet article, nous détaillons d’ailleurs pourquoi cette idée nous semble particulièrement incongrue.