C’est l’heure de l’analyse du sujet d’éco ESCP SKEMA 2022 ! Tu trouveras dans cet article l’analyse du sujet d’ESH ESCP 2022. Quels étaient les points importants à placer dans sa dissertation ? Découvre-le maintenant ! Bien que l’épreuve se situe à la fin des concours BCE, elle n’est pas à traiter à la légère, car elle reste très importantes pour les candidats de la filière ECE. Si tu n’as pas encore vu le sujet d’éco ESCP SKEMA 2022, tu peux le trouver ici.

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L’analyse du sujet ESH ESCP SKEMA 2022

Comment les révolutions technologiques influent-elles sur la croissance économique ?

Alors que pèse sur les économies développées la menace d’une stagnation séculaire, le sujet interroge le lien qui peut exister entre les révolutions technologiques et la croissance économique. Il s’agit en effet d’une relation classique tant nous savons que l’innovation, ici technologique, influe les cycles et la nature de la croissance économique.

Une révolution technologique est un concept assez large qu’il convient de définir proprement. Une révolution apparaît lorsqu’un changement brusque, d’ordre économique, moral, culturel ou social se produit au sein d’une société. La technologie quant à elle désigne l’étude des techniques, des outils et des machines. Dans une acception large, une révolution technologique est donc un bouleversement dans l’ordre productif, induit par des innovations techniques et qui peut conduire à l’émergence d’organisations productives nouvelles par la baisse des coûts de transaction. Nous pouvons alors penser à l’ouvrage de Rifkin autour d’une troisième révolution industrielle liée aux services, à Internet et à certains objets comme l’imprimante 3D venus bouleverser notre mode de production et notre tissu social.

Dans ce sujet il ne s’agit pas seulement de tisser les liens qui unissent ces révolutions à la croissance économique définie par Perroux comme « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs longues périodes d’un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global brut ou net en termes réels ». En effet, le « comment » et la présence du verbe influer nous conduisent à élaborer ces liens et à expliquer par quels mécanismes les révolutions technologiques tendent à stimuler ou non la croissance mais aussi et même surtout sur la manière de la modifier et de bouleverser sa nature. La croissance économique devient-elle plus inégalitaire, plus soutenable, plus rapide…?

I- Les révolutions technologiques permettent de stimuler et de comprendre les fluctuations de la croissance économique de long-terme

A- Les révolutions technologiques stimulent la croissance économique

Les révolutions technologiques permettent en effet de lutter contre la loi des rendements décroissants nuisible pour l’économie et peuvent participer à une croissance endogène stimulée par l’innovation. Schumpeter montrait bien que la croissance économique était intimement liée aux innovations induites par les entrepreneurs qui cherchent à échapper à la concurrence afin de s’octroyer des rentes monpolistiques. Empiriquement, cette relation est vérifiée par les révolutions technologiques dans les transports durant la première révolution industrielle, par les avancées radicales dans le secteur de la chimie ou plus récemment par le déploiement des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

B- Elles permettent même d’expliquer sa nature cyclique et ses fluctuations

Nous pouvions ici rappeler le rôle des révolutions technologiques dans les fluctuations de la croissance grâce aux travaux de Schumpeter et de ses fameuses grappes d’innovation ou encore de Gordon qui explique la « grande vague » d’accélération des gains de productivité par les innovations technologiques majeures de la seconde révolution industrielle liée aux nouvelles énergies. À l’inverse, les périodes de ralentissement de l’innovation, marquées par l’absence de révolutions technologiques peuvent sceller la croissance économique et détruire la prospérité sociale d’une nation comme ce fut le cas à partir de la fin des Trente Glorieuses.

II- Par-delà le quantitatif, les révolutions technologiques bouleversent nos régimes de croissance et les modifient en profondeur

A- Une croissance plus inégalitaire

On connaît le lien entre révolutions technologiques et inégalités. En effet, ces dernières favorisent l’effet superstar décrit par Rosen selon lequel la croissance permise par les innovations est majoritairement captée par celles et ceux qui maitrisent ces technologies. Au XXIe siècle, alors que certains prophétisent la fin du travail, les technologies sont d’autant plus inégalitaires qu’elles révèlent une fracture numérique. Les révolutions technologiques peuvent donc stimuler une croissance économique mais non inclusive, inégalitaire et donc à terme destructrice de prospérité et de croissance.

B- L’impact des révolutions technologiques reste difficile à estimer et fait peser le risque d’une croissance moins soutenable

Les révolutions technologiques sont de plus en plus difficiles à estimer comme le révélait le paradoxe de Solow qui voyait les ordinateurs partout sauf dans les statistiques de la croissance. Elles le sont d’autant plus qu’elles n’imposent plus comme autrefois de changements radicaux sur nos sociétés. Peter Thiel écrivait à cet égard « nous rêvions de voitures volantes, nous avons eu les 140 caractères ». Ha-Joon-Chang également montre dans son ouvrage de 2010 que « la machine à laver a plus changé le monde qu’Internet » en permettant l’arrivée des femmes sur le marché du travail notamment. Enfin, les révolutions technologiques pourraient sonner le glas de notre croissance économique actuelle en favorisant une croissance destructrice de l’environnement.

III- D’où la nécessité d’accompagner les révolutions technologiques pour stimuler une croissance économique en voie de disparition et de la rendre plus soutenable et égalitaire

A- Les révolutions technologiques sont essentielles pour lutter contre la stagnation séculaire et doivent donc être stimulées et provoquées par les pouvoirs publics par le biais de politiques industrielles ambitieuses

Nous pouvions ici évoquer les travaux d’Aghion et Roulet qui proposent de repenser l’État autour d’une social-démocratie de l’innovation favorisée par des politiques industrielles et éducatives ambitieuses afin de relancer une phase A de Kondratiev. Cette volonté est marquée à l’échelle européenne par le plan Next Generation EU qui souhaite financer et stimuler une révolution technologique verte qui pourra participer d’une croissance économique plus rapide, plus égalitaire et plus soutenable.

B- Les mutations de la croissance induites par les révolutions technologiques bouleversent nos modèles sociaux et nécessitent elles aussi d’être accompagnées pour favoriser une croissance égalitaire dynamique

La quatrième révolution industrielle, marquée par la présence de marchés dits bifaces va entrainer un déversement sectoriel et une modification de la croissance qui ne sera plus tirée par le secteur primaire et secondaire mais principalement par une économie de services. Il s’agit alors d’investir massivement dans la formation continue comme le préconise le rapport du CAE (La formation tout au long de la vie) et dans des politiques sociales permettant d’accompagner ces mutations en faveur d’une croissance plus juste.