Géopolitique ECRICOME 2022 analyse sujet

Dès la fin de l’épreuve, Major-Prépa te propose une analyse des sujets de Géopolitique ! On commence avec l’analyse du sujet 1 de Géopolitique ECRICOME 2022, pour mettre en lumière les points-clefs, les mots en lien avec le sujet et les outils de compréhension nécessaires pour bien le traiter. La moitié du concours ECRICOME est enfin derrière toi !

Cette année, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours ! Retrouve le Live Inside Concours à 18h tout au long des concours ECRICOME.

Pour les sujets, c’est par ici.

Analyse sujet 1 – Le nucléaire dans les relations internationales

Réflexion initiale

Comme à l’accoutumée, ECRICOME nous a proposé deux libellés, l’un avec une dimension éminemment globale (le nucléaire et son impact sur les relations entre les Etats, principalement) et l’autre centré sur le Pacifique, même si ce sujet n’est pas si “régional” que cela bien évidemment.

Le nucléaire était en tout cas un sujet attendu depuis de nombreuses années au concours, et nul doute que beaucoup de candidats s’y étaient préparés sérieusement.

Et puis, bien sûr, et bien que les sujets aient été décidés avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le risque nucléaire a pris une place particulièrement prépondérante ces dernières semaines.

Ce retour fracassant du risque nucléaire sur le devant de la scène internationale est d’autant plus frappant qu’après les années Trump les tensions croissantes entre Téhéran et Washington, la voie de la diplomatie semblait enfin pouvoir l’emporter en février dernier dans les négociations autour du nucléaire iranien.

Cette riche actualité pouvait donc nous guider pour envisager une problématique. Elle réside dans le caractère ambivalent du nucléaire : une technologie surpuissante qui, selon les usages, peut contribuer à assurer l’équilibre de la paix, asseoir la capacité de nuisance de celui qui la possède, causer des ravages incommensurables ou encore, dans le cas du nucléaire civil, constituer une source d’énergie “propre”, bien que risqué…

A ce titre, il était frappant de constater que la chronologie proposée par les concepteurs du sujet ne mentionne ni l’accident de Tchernobyl (1986) ni celle de Fukushima (2011). Étonnant, dans le mesure où ces catastrophes (surtout la première, alors que la Guerre Froide était encore d’actualité) a indéniablement eu un impact géopolitique important.

En tout cas, si le sujet invitait davantage à aborder la question du nucléaire militaire, un écueil était sans doute d’occulter totalement la dimension civile de cette technologie (mentionnée tout de même dans la chronologie, avec la mise en service d’un réacteur chinois au Pakistan l’année dernière).

Lire aussi : Le nucléaire, à nouveau un risque majeur ?

La définition du nucléaire

C’était bien sûr le seul terme sur lequel les candidats étaient vraiment attendus au tournant, le syntagme “relations internationales” ne posant pas de difficultés de définition. Pour ce dernier, il fallait tout de même expliquer quels étaient les acteurs en présence : les Etats en premier lieu, bien sûr, et a fortiori les puissances nucléaires.

Elles sont au nombre de neuf : d’abord les cinq puissances officielles, qui sont aussi celles siégeant de manière permanente au conseil de sécurité de l’ONU. On y trouve donc la Russie, la Chine, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et  la France. S’ajoutent à cela les puissances officieuses : Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord.

En janvier 2021, selon le SIPRI (centre de recherche suédois qui fait autorité pour les données militaires et de défense), la Russie dispose toujours du premier stock d’ogives nucléaires (6 250, dont 1 600 déployées), devant les États-Unis (5 500, dont 1 800 déployées). Loin derrière se trouvent les trois autres puissances nucléaires officielles : la Chine (350), le Royaume-Uni (225) et la France (290). Puis, les officieuses : l’Inde et le Pakistan (environ 150), Israël (90) et la Corée du Nord (près d’une cinquantaine d’ogives nucléaires).

Le nucléaire militaire, qui est antérieur au nucléaire civil, désigne essentiellement l’usage de cette technologie dans l’objectif de produire l’arme atomique (bombe nucléaire) ainsi que les réacteurs nucléaires pour la propulsion d’engins comme des sous-marins ou des navires. Il débute dans les années 1940 avec pour point d’orgue le largage des bombes atomiques le 6 et 9 août à Hiroshima et Nagasaki, obligeant les Japonais à capituler. C’est à ce jour le seul épisode de l’histoire où l’arme atomique a été utilisée directement à des fins militaires.

Le nucléaire civil, par opposition, désigne l’usage de l’énergie nucléaire dans l’optique de produire de l’électricité. Cela représente aujourd’hui environ un cinquième de la production d’électricité au niveau mondial, même si bien sûr les mix énergétiques sont très inégaux entre les pays (la France, par exemple, produit deux tiers de son électricité grâce au nucléaire).

Les éléments qui mènent à la problématique

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, le nucléaire a donc pris une place prépondérante dans les relations internationales. Elle a fait entrer l’humanité dans une nouvelle dimension : désormais, certains pays (principalement les Etats-Unis et la Russie) ont la capacité immédiate de détruire toute forme de vie dans un espace conséquent. Dès lors, la maîtrise du nucléaire, qui a coïncidé avec le début de la Guerre Froide, a eu pour corollaire ce qu’on appelle désormais “l’équilibre de la terreur”. Cette doctrine militaire estime que la dissuasion nucléaire, qui fonctionne parce que deux puissances antagonistes sous toutes les deux capables d’anéantir l’ennemi, permet de conserver un équilibre de nature à assurer la paix.

Pourtant au cours de l’histoire récente, si cette théorie a sans doute désamorcé de nombreux affrontements directs, elle a aussi amené l’humanité au bord du précipice, d’autant que la puissance des armes nucléaires actuelles sont sans communes mesures avec les bombes qui ont dévasté Hiroshima et Nagasaki en août 1945. On peut penser à la guerre de Corée (1950-1953) où l’utilisation de l’arme atomique aurait été envisagée par les Américains, à la crise des missiles de Cuba bien sûr (1962), et aujourd’hui à ce qu’il se passe aux portes de l’Union européenne.

Par ailleurs, malgré la volonté des Etats de juguler le risque nucléaire, celui-ci n’a jamais réellement disparu. Si le Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP, signé en 1968) a indéniablement constitué un succès, il n’a pas réussi à empêcher certaines puissances nucléaires officieuses d’émerger, ni les velléités de certains Etats. Il a aussi bouleversé le rapport de force international, parfois pour le pire : on peut penser bien sûr à la Corée du Nord, dictature finalement très modeste sur le plan démographique, économique et militaire, mais qui constitue un risque majeur pour la planète en raison de sa maîtrise, certes partielle, de l’arme nucléaire.

Et puis, avec la guerre en Ukraine, on observe que cette “stratégie du fou” qui consiste à faire croire à l’adversaire que l’on est prêt à tout pour arriver à ses fins, est désormais utilisée par une grande puissance comme la Russie de Vladimir Poutine. L’usage d’armes nucléaires de moyenne puissance, mais qui ont tout de même la capacité de raser une ville de la carte, semble sérieusement envisagée, même s’il est bien difficile de discerner les réelles intentions de Poutine de son jeu de poker-menteur.

Et puis, enfin, à l’heure où l’accès à l’énergie devient un sujet de préoccupation majeur des Etats, la maîtrise du nucléaire civil est plus que jamais un élément de soft power important. Une entreprise comme Orano (anciennement Areva) est un fleuron français dont l’activité s’exporte à l’étranger par exemple. A l’inverse, le nucléaire, dans sa capacité à crisper encore davantage les belligérants, constitue un risque pour les FTN, qui voient leurs marchés impactés : on peut penser à la difficile décision de Renault de se retirer finalement de Russie, alors que le constructeur y emploie 45 000 personnes.

Problématisation et proposition de plan

En somme, la problématique devait sans doute jouer sur l’effet ambigu du nucléaire sur les relations internationales : vecteur de pacification ou technologie par essence belligène ? Outil de stabilisation ou de déstabilisation du monde ? La réponse a apporté est nécessairement teintée de nuance.

A ce titre, le paradoxe de stabilité/instabilité est très éclairant : il explique en somme que le nucléaire a assuré une stabilité à l’échelle globale, mais qu’il a localement accentué les tensions et les déséquilibres.

En ce qui concerne la plan, une structure qui traite de chaque alternative en partie 1 et 2 et une dernière partie “actualisation” qui tente de prendre de la hauteur pouvait convenir.

Pour plus de matières, de sujets, d’analyses et de conseils, retrouve notre page Inside concours ECRICOME 2022 !

Retrouve le sujet 2 ici et son analyse juste !