Alors que les effectifs en prépa s’affichent en légère baisse, la hausse du nombre de places des écoles mieux classées au SIGEM pénalise les écoles en fin de classement. En effet, le principe du concours, qui consiste à une répartition en cascade dépendant des notes et des choix des candidats entraîne une forte baisse du nombre d’étudiants qui intègrent les écoles de fin de tableau.

Forte de ce constat, l’ESC Pau BS a décidé de quitter le concours BCE et d’arrêter le recrutement des étudiants de classe préparatoire par un concours spécifique afin de se concentrer sur un recrutement effectué par ses propres moyens, et auxquels les préparationnaires seront toujours éligibles. L’école avait déjà annoncé quitter le concours Passerelle l’an passé.

Pour rappel, l’école paloise avait fait carton plein en 2018 avec l’affectation de ses 80 places. L’an passé, elle n’a en revanche recruté que 18 étudiants lors de la procédure SIGEM 2019.

Youssef Errami, directeur général de l’ESC Pau BS nous explique ce choix en exclusivité :

Considérez-vous que l’ESC Pau est victime de l’augmentation du nombre de places offertes par les Grandes Écoles mieux classées au SIGEM ? Comment comptez-vous recruter vos étudiants désormais ?

Nous avons décidé la sortie de l’ESC Pau Business School du système d’Intégration aux Grandes Écoles de Management (SIGEM) et du concours BCE.

Notre postulat est simple : la sélection n’est pas un problème de nombre mais d’adéquation entre un projet éducatif et un profil de candidat. Nous avons engagé depuis  deux ans notre projet stratégique « For Tomorrowers® ». La question du renforcement de notre processus de qualification des candidats est devenue une absolue nécessité afin qu’il y ait une parfaite concordance entre le projet que nous défendons et les profils d’étudiants que nous recrutons.

Or les évolutions lourdes du système notamment par les stratégies de volume de certains de nos confrères (entre 2014 et 2019, 584 places supplémentaires ont été ouvertes par les Écoles pour une diminution du volume total de candidats) excluent du jeu les Écoles telles que la nôtre, car elles impactent leur sélectivité.

Nous considérons de plus que la sélection n’est pas un problème de nombre mais d’adéquation entre un projet éducatif et un profil de candidat. Nous avons donc fait le choix de prendre notre destin en main en construisant notre propre processus de qualification.

Mais nous avons aussi beaucoup de respect pour les classes préparatoires et pour le travail qui y est réalisé par des équipes pédagogiques très engagées. La validation de 120 crédits ECTS rend les candidats issus des classes préparatoires éligibles à notre processus de sélection « For Tomorrowers® ».

N’avez-vous pas peur de la perte de l’image de prestige associée au statut d’école post-prépa ?

L’ESC Pau Business School tire son prestige de sa capacité à former des profils plébiscités par les entreprises.

Notre Ecole est de taille et de dimension humaines. Elle propose une pédagogie « For Tomorrowers® » soutenue par l’action, une contextualisation permanente de nos apprentissages et un accompagnement personnalisé.

Le lien avec l’entreprise constitue le cœur de son ADN : en 1994, nous avons co-créé le dispositif d’apprentissage dans les Grandes Écoles de Commerce. Ce savoir-faire pionnier s’exprime toujours aujourd’hui, ce qui nous procure des relations très fortes avec les entreprises. Un des exemples est celui de la valorisation financière de notre Programme Grande École en apprentissage en mars 2019 par « France Compétences » qui le place en tête des business schools en France. Il ne s’agit pas ici de classement ou de perception mais d’un engagement financier qui nous honore.

Ceci n’a été rendu possible que par le renforcement de nos performances académiques : en 2018, nous avons atteint le ratios de 1 article de recherche par professeur (classement HCERES – CNRS et de la FNEGE -) et avec un record d’articles de rang A et de professeurs permanents engagés. Cette performance sera améliorée en 2019. Par ailleurs, nous avons et nous continuons à renforcer nos processus qualité par le renouvellement pour 5 ans de l’accréditation EPAS de l’EFMD et par l’engagement cette année du processus de renouvellement du Grade Master par la CEFDG et d’obtention de l’accréditation AACSB.

L’école a connu une forte perte en termes d’effectif salarié ces derniers mois, le retour à l’équilibre est-il assuré ?

L’Ecole a achevé sa phase de restructuration pour la mettre en adéquation avec la stratégie. Nous avons aujourd’hui un modèle performant d’un point de vue académique et financier en adéquation avec nos ambitions et en cohérence avec le besoin de nos entreprises partenaires et de notre territoire. Nous avons réussi à avoir un volume de nouveaux étudiants par admission sur titres qui garantit cette performance avec une dimension internationale plus prégnante. C’est le chemin que nous avons choisi pour une performance durable.

Le concept Tomorrower fête ses deux ans, a-t-il été un succès ?

A la rentrée 2019, nous avons systématisé la pédagogie Tomorrower dans tous les compartiments du Programme Grande École à travers l’Experiential Learning, le Coach Learning, le Peer Learning et l’Aboad Learning. Nos professeurs ont fait l’effort d’adaptation aidés notamment par l’accompagnement de Tomorrower Factory Lab et par la formation. Nous sommes heureux de voir que nous étudiants se retrouvent dans cette pédagogie, qu’ils réussissent mieux et que leurs profils répondent mieux aux besoins présents et futurs des entreprises.

Comment imaginez-vous l’ESC Pau BS dans 10 ans ?

Nous avons l’ambition de construire une marque puissante par le renforcement continu de notre reconnaissance académique, par l’intensification de l’innovation pédagogique et par l’internationalisation. Notre organisation agile est un atout sur ce chemin. Mais notre horizon est à 5 ans et non à 10 ans.