Nombre d’étudiants se demandent chaque année si les sujets sur lesquels ils devront plancher au crépuscule de leur prépa (désolé de rappeler de mauvais souvenirs à certains) aborderont des thématiques régionales ou globales. C’est une question légitime, mais qu’il n’est pas forcément utile de se poser.

PS : on prépare une analyse de la nouvelle épreuve de géopolitique concoctée par Grenoble EM, en attendant on va se focus sur ce qu’on connait déjà !

I – D’abord, cela peut-il être anticipé ?

R = régional
G =  global

ESCPESSECECRICOME sujet avec commentaire de carteECRICOME sans commentaire de carte
2019Matières premières GLa place de la Chine en Asie RLa Chine et le nouvel ordre mondial R/GL'UE et les Etats-Unis dans le nouvel ordre mondial R/G
2018Etats-Unis – Chine : Rivalités de pouvoir et d’influence. R / GLa construction européenne confrontée à la question de la nation (1951-2018) RLa Russie : partenaire ou menace pour l’Union Européenne ? RLe dérèglement climatique : une nouvelle donne majeure pour l’économie mondiale et les relations internationales ? G
2017L'Union européenne et la mondialisation RLe développement de l'Afrique à l'épreuve de la guerre de 1960 à nos jours RLe modèle et le rêve américain depuis 1980 RLes guerres d'aujourd'hui sont-elles les guerres d'hier ? G
2016Influences étrangères au Moyen-Orient RL'UE et l'espace méditerranéen RLe Moyen-Orient depuis les années 1990 RLes inégalités et la mondialisation G
2015Maritimisation et conflit GNourrir l'humanité et géopolitique GFrontière GPlace de l'Asie R
2014Place de l'Afrique RIndustrie et mondialisation GLes matières premières GEvolution de la société chinoise R
2013Rôle des Etats-Unis REtats-Unis RL'Inde RLes entreprises dans la mondialisation G
2012les Zones d'intégration régionale dans la mondialisation GCroissance, puissance, développement durable GLes métropoles dans la mondialisation GL'Union Européenne R
2011Asie-Orientale, géopolitique RLa France RL'Afrique et géopolitique RLes pays émergent G
2010Mondialisation GL'UE dans la mondialisation RMoyen-Orient RLe développement durable G
2009Les Amériques RInfluence de la croissance chinoise GLes dynamiques démographiques GLes Etats-Unis R
2008Clivage Nord-Sud GLes hydrocarbures GNourrir l'humanité GPlace de l'Europe R
2007L'espace méditerranéen L'Afrique et le développement RRapport Etats-Unis Chine et Japon RL'Europe de l'Est R
2006sujet 1: économie R
sujet 2: R&D G
Commerce mondial GEnjeux de L'Amérique Latine RLa France R
2005Union Européenne RConstruction européenne R

Pas de surprise pour Ecricome

La banque d’épreuves prévoit systématiquement deux sujets, dont un global et un régional. En revanche, impossible de savoir lequel sera le sujet avec carte et celui sans carte. A ce titre, il est intéressant de constater que les notes sont systématiquement plus élevées pour le sujet qui n’intègre pas d’analyse de carte : sans doute que les moins  à l’aise d’entre vous en dissertation tentent une petite stratégie d’évitement… qui ne portent pas toujours ses fruits.

Focus sur le sujet ESCP

Pour l’ESCP, l’alternance a été globalement respectée, jusqu’à cette terrible double-année 2013-2014 où les préparationnaires de l’époque ont du s’atteler à deux sujets régionaux coup sur coup… Si par la suite les choses ont repris leur cours comme si de rien n’était (sujet global en 2015, régional en 2016), preuve est faite que l’école parisienne est susceptible d’enfreindre sans vergogne la règle tacite qu’elle s’imposait autrefois. En 2017 d’ailleurs, c’est rebelote avec un sujet de nouveau régional.

Ainsi, pour 2019, c’est le flou artistique. Il y a peut-être un peu plus de chance que le sujet de cette année soit global, mais cette supposition est bien peu fondée et il paraît aventureux de calibrer ses révisions sur ce type de spéculations… D’autant que le sujet 2018 était assez inclassable.

II – Une distinction parfois trompeuse

Finalement, la distinction entre sujet global et régional n’est pas toujours pertinente. C’est particulièrement vrai pour l’ESSEC : toujours dans l’optique de surprendre, les concepteurs optent parfois pour des sujets aux intitulés hybrides.

ESSEC 2013 : « Les Etats-Unis changent : les mutations structurelles de l’économie et de la société américaine et leurs conséquences géopolitiques dans le monde de 1991 à nos jours. »

En 2013, il fallait d’une part évoquer les mutations de l’économie et de la société américaine depuis la fin du monde bipolaire (les candidats se devaient de balayer large : de la numérisation de l’économie à l’émergence des hollow companies, en passant par la prise de conscience de la nouvelle menace terroriste) et d’autre part les conséquences géopolitiques que celles-ci ont pu avoir. Ici régional et global s’imbriquent totalement : il était certes essentiel de proposer un tableau précis des nouvelles réalités socio-économiques de la société américaine depuis la fin de la guerre froide, mais cette étude avait bien pour finalité de questionner la place et le rôle des États-Unis dans un monde devenu multipolaire, voire apolaire (selon l’expression de Bertrand Badie).

Les sujets « purement » régionaux sont donc généralement plus faciles, parce qu’ils ont tendance à épouser les plans de cours bien assimilés par les étudiants depuis septembre. Ces sujets sont finalement assez rares à l’ESCP et à l’ESSEC (mais pas à Ecricome où il y en a un sur les deux chaque année). Les écoles parisiennes sont enclines à proposer des sujets discriminants, le but étant d’éliminer certains candidats et de permettre à d’autres d’exceller. Lorsqu’on y regarde de plus près, les sujets régionaux proposés par ces écoles ne sont guère plus faciles à aborder que leurs sujets globaux ; deux exemples :

1) ESCP 2014: « L’Afrique sub-saharienne est-elle à l’écart du monde? »

Ce n’est en aucun cas un sujet exclusivement régional : il demandait d’étudier la nature et les dynamiques des relations économiques, diplomatiques, sociales… que le continent entretient avec les autres parties du monde. Autre difficulté majeure du sujet : il fallait bien traiter « L’Afrique est-elle à l’écart du monde ? » et non pas « L’Afrique sub-saharienne  est-elle  à l’écart de la mondialisation ». En somme, ce sujet s’est révélé être aussi différenciant que le sujet de l’année suivante (2015) qui évoquait la question des tensions/conflits autour des espaces maritimes.

2)  ESCP 2007 : « La Méditerranée, jeux d’interfaces économiques et géopolitiques de 1945 à nos jours. »

Dans l’absolu, ce sujet est bien régional : la Méditerranée constitue bien une unité géographique pertinente. Cependant, cet espace n’est pas spécifiquement étudié par les candidats ! Ceux du millésime 2007 devaient piocher dans les connaissances qu’ils avaient acquises sur l’Europe, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Le raisonnement est d’ailleurs le même pour le sujet de l’ESSEC 2016 : « La construction européenne face aux défis de la Méditerranée et du monde méditerranéen (1957-2016) ». Si la construction européenne fait systématiquement l’objet d’un chapitre de cours, la relation entre celle-ci et l’espace méditerranéen sollicitait autant la mémoire des étudiants que leurs méninges.

III – Un dernier cas de figure : ni régional ni global

Enfin, les sujets peuvent mettre à l’honneur plusieurs espaces éloignés les uns des autres  (États, régions, sous-continent…) mais qui partagent des défis similaires ou des caractéristiques communes. Ces ensembles épars sont légions dans le programme et peuvent constituer un objet d’étude intéressant.

ESCP 2012 « Les zones d’intégration régionale : étapes ou alternative du processus de mondialisation ? »

C’est l’exemple le plus récent de sujets parmi les annales de concours qui concernent des espaces sans continuité géographique mais n’abordant pas de notions transversales. Néanmoins, ce sujet peut presque être considéré comme global, car aujourd’hui presque tous les Etats du monde font partie d’une ZIR (même si nombre d’entre elles sont des coquilles vides). L’exercice cartographique de l’ESCP dissuade les concepteurs de sujets de proposer des libellés nécessitant de travailler sur un planisphère mais dépourvus d’une portée globale : si les étudiants ne peuvent pas proposer de typologie, la carte demeure bien vide…

En revanche, à l’ESSEC ou à Ecricome, tout est possible ! En 2007, Cette dernière avait d’ailleurs jeté son dévolu sur un sujet original (c’est assez rare pour être souligné de la part d’Ecricome, toujours très proche du programme dans ses intitulés): « États-Unis, Japon, Chine : coopération et rivalités économiques et géopolitiques dans le monde d’aujourd’hui ». Il y a bien une cohérence géographique dans le choix de ces Etats (ces trois nations sont les grandes puissances de la façade pacifique) mais le sujet transcendait largement cette dimension spatiale.

Comme cette dernière catégorie de sujet est peu présente dans les annales, Major-Prépa a décidé de vous susurrer à l’oreille quelques sujets de cette nature, histoire de vous familiariser avec des libellés encore presque jamais vus aux concours mais pourtant pas si loufoques ; on ne sait jamais !

  • Les PMA (pays les moins avancés) peuvent-ils tirer parti de la mondialisation contemporaine ?
  • L’évolution du monde communiste depuis les années 1970 et ses conséquences géopolitiques et économiques.
  • L’influence économique et géopolitique de l’OPEP depuis 1960.
  • Les BRICS sont-ils en mesure de dicter un nouvel ordre mondial ?
  • La place et le rôle de l’Europe et des États-Unis dans le nouvel ordre géopolitique et géoéconomique mondial depuis la fin du XXème siècle : comparaison.