analyse sujet 2 Epreuve ESH Ecicome 2021

Le concours Ecricome 2020 continue avec l’épreuve d’ESH, épreuve très importante pour les ECE. Dans cet article, on analyse le sujet 2 de l’épreuve d’ESH Ecricome 2020.

Cette année, les concours sont très particuliers, car les préparationnaires ne passent que les écrits et car les révisions ont duré trois mois. Mais les épreuves des concours restent les mêmes que les années précédentes !

Pour voir les sujets, c’est par ici !

L’analyse du sujet

Un sujet sans surprise qui s’inscrit principalement dans le module 3 (La mondialisation économique et financière) mais qui emprunte également au module 4 quant à la régulation.

Définition des termes du sujet

Le commerce international est l’échange de biens, de services et capitaux entre pays. Le terme est relativement univoque, une définition concise et rigide peut suffire.

La régulation peut en premier lieu faire référence à une architecture institutionnelle visant à régler le fonctionnement de l’économie. Le terme est également associé aux différentes modalités ou instruments permettant à l’État d’intervenir sur le marché.

Deux lectures du sujet sont déjà possibles.

D’après la première définition, l’institutionnalisation du libre-échange est déjà une forme de régulation. La réponse à la question «Peut-on réguler le commerce international » dérive assez logiquement : oui. Peu importe la position adoptée, de l’autarcie au libre-échange : puisque le commerce international possède une architecture institutionnelle, il est régulé par définition. Afin de faciliter l’utilisation de cette définition on parlera de régulation comme institution.

D’après la seconde position, c’est l’intervention de l’État sur le marché qui constitue la régulation. Le sous-entendu ici est qu’il existerait un fonctionnement «naturel» du marché, probablement proche de la situation de concurrence pure et parfaite. La régulation s’oppose donc frontalement au libéralisme économique dont la doctrine est concentrée dans la maxime de Vincent de Gournay : «laissez-faire, laissez passer».

Pour la facilité d’un raisonnement portant sur le commerce international on pourrait étendre cette seconde définition, non pas seulement à l’État, mais à toutes les personnes morales de droit public de manière à penser les différentes échelles : de la collectivité locale à l’organisation internationale. Afin de faciliter l’utilisation de cette définition on parlera de régulation comme intervention. Puisque la définition de régulation comme institution répond à la question posée sans détour et sans hésitation, ce n’est sûrement pas la meilleure pour développer le raisonnement. Gardons-là en réserve pour la conclusion ou une éventuelle troisième partie et avançons avec la régulation comme intervention.

Peut-on ? Le commerce international est régulé aujourd’hui. La réponse une nouvelle fois évidente est donc : oui, puisqu’il l’est de fait. Il faut ici chercher à savoir pourquoi les concepteurs posent cette question. La question devient : «pourquoi ne pourrait-on pas réguler le commerce international ?». On se place ici dans une situation dans laquelle la régulation du commerce internationale est perçue comme minime (libéralisme économique) et on cherche les contraintes qui empêcheraient de l’étendre. Quelques contraintes :

– Mettre en place des entraves au commerce internationale – c’est-à-dire des mesures protectionnistes – implique de s’exposer à des représailles de telle sorte que le produit de l’escalade peut dépasser les intentions initiales. Exemple : en 2013, la Chine menace d’augmenter les droits de douane sur le vin importé d’Europe à la suite de l’adoption par l’UE d’une taxe sur les panneaux solaires chinois.

– La régulation aux frontières est-elle matériellement faisable ? Elle supposerait le retour de ce certaines frontières et postes de douane. Si cela semble réalisable, l’exemple de l’importation marchandises illicites (contrefaçons, drogues, etc.) questionne sur la perméabilité des frontières.

– Une régulation contraignante peut entrer en contradiction avec des statuts et traités internationaux et donc remettre en cause l’adhésion à certaines organisations, on pense à l’OMC, à l’OCDE ou même à l’UE.

– Une régulation, selon son degré, pourrait être non viable économiquement au point de plus représenter une option envisageable. C’est ici un moyen de présenter les intérêts économiques du libre-échange (concurrence et compétitivité, division internationale du travail, taille de  marché et économies d’échelle, diversité des produits) voire les théories sur les avantages du libre-échange (avantage absolu, avantage comparatif, HOS, théorème Stopler-Samuelson).

À noter que l’imprécision du «on» permet de penser la question à différentes échelles de souveraineté : locale, nationale, régionale et mondiale.

Exemple d’un plan possible

Ceci est une simple proposition. Ce plan n’a pas valeur de corrigé. Pas de panique si tu n’as pas fait ça, il y a plein de plans possibles !

Amorce : ambiguïté de l’actualité du commerce international avec d’un côté les Cefta, Tafta, Jefta, Mercosur pour le France et de l’autre le discours sur la fermeture des frontières (Trump, Brexit…).

Problématique : est-il possible et souhaitable de ne pas réguler le commerce international ? Il s’agit simplement de rendre explicite les deux dimensions du “peut-on” – à savoir la capacité et la légitimité – afin de les exploiter dans le développement.

I – La régulation du commerce internationale est au mieux inefficace, au pire impossible

A – Les obstacles économiques à la régulation du commerce internationale
Le libre-échange est la situation économiquement optimale. La relative réciprocité du commerce international rend le protectionnisme contre-productif.
B – Les obstacles institutionnels à la régulation du commerce international
La régulation étatique est limitée par les organisations régionales et internationales ans lesquelles elle s’insère.

II – La régulation du commerce international est une nécessité qui peut s’avérer bénéfique

A – Ouvrir c’est déjà réguler, la régulation comme institution
Les organisations internationales régulent à partir du moment où elles mettent en place des règles pour favoriser le libre-échange. Il existe différents niveaux de régulation (importance de l’échelle régionale).
B – Intervenir pour protéger

Le protectionnisme n’est pas synonyme d’autarcie. Il peut s’avérer efficace s’il est correctement pensé et dosé : contre les imperfections du marché, pour la protection sociale, pour la protection de l’environnement.

Conclusion : contre une vision naturaliste et hors-sol du marché, il faut affirmer que le marché est une institution et qu’il est donc, par définition, nécessairement régulé.

Tu peux également retrouver les informations sur le concours Ecricome dans la rubrique concours Inside.