analyse sujet 2 Epreuve ESH Ecicome 2021

Le concours Ecricome 2021 continue avec l’épreuve d’ESH, épreuve déterminante pour les ECE, qui a un coefficient 6 pour les écoles d’Ecricome. Tu peux retrouver ici l’analyse du sujet 2 de l’épreuve d’ESH Ecricome 2021.

Pour voir les sujets, c’est par ici ! Si tu es encore en concours à ce jour, toute l’équipe Major-Prépa te souhaite le meilleur pour les prochaines épreuves. Courage !

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L’analyse du sujet

Voilà un sujet portant sur un thème qui ne tombe pas si souvent aux concours ! On est en plein dans le Module 4 : Déséquilibres, Régulation et Action Publique et plus spécifiquement sur deux chapitres en particulier : Le Chômage : Evolution et Analyses et Etat-Providence et Protection Sociale. Un sujet pas forcément classique donc, assez spécifique (bien que le thème soit tout de même un sujet phare en économie), qui permettra peut-être aux étudiants qui l’auront choisi de se démarquer plus facilement !

Définition des termes du sujet

Une assurance chômage est un système de protection sociale assurantiel, c’est-à-dire que l’ouverture des droits est adossée au travail et au paiement de cotisations sociales. Ces dernières sont payées à la fois par l’employeur et par le salarié. En cas de réalisation du risque chômage, l’ex salarié se voit ouvrir des droits au chômage. On peut essayer de caractériser l’assurance chômage d’un pays par divers éléments : son taux de couverture (% des chômeurs indemnisés), son taux de remplacement (allocation versée sur salaire perçu avant le chômage), sa durée d’indemnisation, et les contraintes qu’elle impose aux chômeurs (obligation d’accepter une offre au bout de 3 propositions par exemple).

Le chômage correspond à une situation où un actif se retrouve inoccupé. Au sens du Bureau International du Travail (BIT), un actif inoccupé doit également être à la recherche active d’un emploi et être disponible dans les deux semaines pour être considéré comme chômeur.
Le niveau du chômage est un terme un peu plus délicat à définir. En effet, le terme “niveau” fait en général référence à une valeur absolue, et non relative. Or, quand on parle du chômage, on utilise systématiquement des taux de chômage, qu’on peut définir comme le nombre de chômeurs sur le nombre d’actifs. Le niveau du chômage devrait donc être ici le nombre de chômeurs dans une économie, mais on peut indiquer qu’on utilisera cependant principalement des pourcentages dans nos chiffres plutôt que des niveaux (sauf si vous connaissez le nombre de chômeurs en France !). Enfin, la notion de mesure du chômage est ici importante, puisqu’il s’agit avant tout d’une statistique, et qu’il y a par exemple 2 manières de le mesurer en France : par les chiffres mensuels publiés par Pôle Emploi ou par les enquêtes trimestrielles de l’INSEE (basées sur un échantillon impressionnant de 100 000 individus). Or, les mesures diffèrent entre celles de l’INSEE, basées sur la définition de chômeur au sens du BIT, et celles de Pôle Emploi qui reposent sur le nombre d’individus inscrits et recensés administrativement : ⅕ des chômeurs mesurés par l’INSEE déclarent ne pas être inscrits à Pôle Emploi. Il s’agit là d’un raffinement dans l’analyse, pas forcément crucial, mais qui peut être intéressant de mettre en avant pour approfondir l’analyse des termes du sujet et montrer que la mesure du niveau du chômage n’est pas forcément parfaitement représentative de la réalité.La notion d’influence est plutôt vague, et il faudra absolument garder en tête qu’une influence peut être positive comme négative pour ne pas s’enfermer dans une seule dimension du sujet. Mais la formulation du sujet invite même aussi à réfléchir sur la potentielle absence d’influence des assurances chômage sur le niveau du chômage.Gare également à ne pas faire un plan du type :I – Les assurances chômage augmentent le niveau de chômage…II – … mais le diminuent aussi parfoisIII – Enfin, d’autres facteurs augmentent le niveau de chômageEn effet, la dernière partie serait ici HS puisque le sujet invite uniquement à réfléchir sur les potentiels liens de causalité entre assurances chômage et niveau du chômage : il ne s’agit pas là de dérouler les différents déterminants du chômage mais d’étudier les potentiels effets d’une variable sur une autre, en précisant si possible le cadre et les hypothèses sous lesquelles ces effets s’observent effectivement.

Attention également à ne pas tomber dans la tentation de développer une argumentation normative, en proposant ce qui serait selon vous le système optimal d’assurance chômage. Il s’agit ici d’un sujet positif qui cherche uniquement à étudier de potentielles causalités.On peut cependant montrer que l’effet positif ou négatif des assurances chômage sur le niveau du chômage peut dépendre de critères d’optimalité et de caractéristiques institutionnelles qui vont déterminer la nature de ces effets.

Quelques idées, concepts et auteurs mobilisables

Disclaimer : ce ne sont là que des propositions, bien évidemment non exhaustives. Pas de stress si les éléments qui suivent ne sont pas dans ta copie, le champ de la connaissance est suffisamment large en économie pour que des copies excellentes n’aient que peu de références en commun !

Cela dit, un auteur me semble tout de même incontournable : c’est Rueff qui en 1931 écrivait son fameux article “L’assurance chômage : cause du chômage permanent”. L’économiste français et néoclassique considère en effet que les assurances chômage sont la cause de la persistance du chômage que connaît la Grande-Bretagne : pour lui, les assurances chômages servent de base aux négociations salariales dans les entreprises qui permettent aux syndicats de négocier un salaire potentiellement plus élevé que le salaire d’équilibre qui permettait une résorption du chômage. En effet, pour Rueff, le seul moyen de garantir l’équilibre est d’avoir une parfaite flexibilité des prix, et donc des salaires sur le marché du travail. L’assurance chômage rend donc les salaires rigides, et a une influence négative sur le niveau du chômage.

Par ailleurs, l’indemnisation liée à l’assurance chômage accroît le salaire de réserve (le salaire minimum qu’un chômeur serait prêt à accepter pour accepter de travailler) et donc le chômage de prospection au sens de Phelps (1970) dans sa théorie du “job search”. Pour Phelps, le chômage est une activité rationnelle de prospection où un calcul coûts/avantages aboutit à un temps optimal de recherche. L’assurance chômage diminue à cet égard le coût d’opportunité du chômage (moins de revenus que si on travaillait) et accroît donc le temps de recherche pour trouver un emploi au moins aussi rémunérateur que l’assurance chômage.

Empiriquement, on observe une corrélation entre générosité d’un système d’assurance chômage, surtout si la durée d’indemnisation est longue et que le taux de remplacement est élevé. Mais le sens de la causalité est difficile à établir puisque les pays les plus touchés par le chômage mettent aussi souvent en place des systèmes généreux.

Au niveau microéconomique, Cahuc et Carcillo mettent en évidence en 2014 un pic de sortie du chômage au moment de la fin de l’indemnisation. Cependant, ces sorties se font souvent vers l’inactivité et non vers l’emploi, ce qui apporte une nuance intéressante et plutôt inattendue au propos mettant en avant le rôle de l’assurance chômage dans le niveau du chômage.

Il est également possible de raffiner l’analyse en distinguant le chômage conjoncturel du chômage structurel (chose qu’il est possible de faire dès l’introduction) et de réfléchir aux effets de l’assurance chômage sur ces deux types de chômage. Par exemple, le chômage structurel dépendant des caractéristiques structurelles de l’économie, la qualité de l’appariement entre l’offre et la demande sur le marché du travail a un impact direct sur le niveau de chômage structurel dans une économie. Or, le problème de l’appariement (mismatch) peut être réduit grâce aux assurances chômage. C’est la conclusion d’Acemoglu et de Shimer en 1999 qui montrent qu’aux Etats-Unis, dans les Etats où la durée d’indemnisation est plus longue, les chômeurs qui retrouvent un emploi le gardent plus longtemps. Ainsi, la meilleure adéquation entre le travailleur et son poste, permise par un temps de recherche plus long, permet une diminution de la récurrence du chômage et donc du chômage frictionnel (lié au temps nécessaire pour mettre en relation offre et demande) et in fine du chômage structurel.

On peut enfin également considérer que l’assurance chômage est un système, et que celui-ci peut avoir des caractéristiques diamétralement opposées d’un pays à un autre. Ainsi, différents critères vont faire qu’un système d’assurance chômage va avoir un effet positif ou non sur le niveau de chômage.

Proposition de plan

Disclaimer : évidemment, ce plan n’est qu’une humble proposition, et n’est pas du tout un corrigé officiel. Il n’engage que moi et de très nombreux autres plans, dont assurément pleins de meilleurs plans, sont possibles !

I – Il semble dans un premier temps que les assurances chômage peuvent avoir une influence négative sur le niveau du chômage

A – Que l’on analyse le chômage conjoncturel…

Rueff

B – … comme le chômage structurel

Phelps

NB : on pourrait utiliser Cahuc et Carcillo en transition entre le I et le II par exemple

II – Cependant, il apparaît également que les assurances chômage peuvent parfois avoir un effet bénéfique sur le niveau du chômage

A – Qu’il s’agisse du chômage conjoncturel…

Keynes (relance de la demande)

B – … comme du chômage structurel

Acemoglu et Shimer

III – Finalement, il apparaît que l’effet positif ou non des assurances chômage sur le niveau du chômage, soit conditionné à :

A – Des caractéristiques d’optimalité du système d’assurance chômage en lui-même

Procédures de contrôle aléatoires et fréquentes, durée d’indemnisation optimale pour trouver un équilibre entre mauvais appariement et trop faibles ou trop longues recherches

B – Des complémentarités institutionnelles

Le cas du Danemark et du triangle d’or danois

Tu peux également retrouver les informations sur le concours Ecricome dans la rubrique Inside Concours Ecricome 2021.