armée

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne apparaît détruite et humiliée. Séparée en deux, elle mettra plusieurs décennies à se reconstruire, socialement, économiquement,  jusqu’au miracle allemand que l’on connaît aujourd’hui. En particulier, plus d’armée allemande à proprement parler. Toutefois, l’histoire récente montre que l’Allemagne a conservé des moyens de se défendre, et il semblerait qu’elle affiche aujourd’hui son ambition devenir une puissance militaire.

Qu’est-ce que la Bundeswehr ?

La Bundeswehr est l’armée allemande. Elle a été créée en 1955, après la Seconde Guerre mondiale, pour remplacer la Wehrmacht, l’armée du IIIe Reich. La Bundeswehr est une armée professionnelle et volontaire, et elle est divisée en trois branches: l’armée de terre, la marine et l’armée de l’air.

La Bundeswehr est l’une des plus importantes armées d’Europe. Elle joue un rôle majeur dans les opérations de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme à travers le monde. Elle participe également à des missions humanitaires et de secours en cas de catastrophes naturelles.

Membre essentiel de l’Union européenne et de l’OTAN, l’Allemagne est engagée dans des coopérations militaires avec d’autres pays. La Bundeswehr a également des bases à l’étranger, notamment en Afghanistan, en Kosovo et en Bosnie-Herzégovine.

Malgré sa longue histoire et son importance en tant qu’acteur militaire international, la Bundeswehr est fortement restreinte, en raison du rejet allemand de la violence en général et de la guerre et de l’armée en particulier. En effet, la Constitution allemande interdit la Bundeswehr de mener des actions militaires à l’extérieur du territoire allemand, à moins qu’elles ne soient expressément autorisées par le Parlement allemand.

En tant qu’armée allemande professionnelle, la Bundeswehr recrute des soldats et des officiers qualifiés et les forme à un haut niveau. Les soldats de la Bundeswehr sont équipés de matériel de haute technologie et bénéficient d’un excellent soutien médical et psychologique.

L’humiliation allemande post-guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne, auparavant une puissance militaire, est privée d’armée et interdite de développer l’arme nucléaire. L’idée de créer une armée allemande pour lutter contre la menace soviétique des années 1950 fait polémique et est très vite écartée. Toutefois, la Bundeswehr naît en 1955, sous le triple effet de la fin de la guerre de Corée, qui prouve que les conflits armés sont encore d’une cruelle actualité, de l’échec de la Communauté Européenne de Défense, et de la formation du pacte de Varsovie cette même année (précisément 6 mois auparavant). On intègre alors la Bundeswehr au dispositif de l’OTAN et se développe alors de nouveau, sous surveillance américaine, une puissance militaire. Néanmoins, même au zénith de la Guerre Froide, cette armée restera de taille très modeste et aura plus vocation à défendre le territoire de la menace soviétique, que d’intervenir dans le monde.

L’armée allemande dans les années 2010 : le tournant

Dès 2014 et le début du retour de la guerre en Europe, l’annexion de la Crimée par la Russie fait prendre conscience à l’Allemagne de l’importance de l’existence de la Bundeswehr. Le gouvernement investit alors plus d’argent dans l’armée et augmente le nombre de soldats. Cette nouvelle politique est concrétisée par le Livre Blanc allemand de 2016. Ce Livre Blanc marque un tournant dans le discours de l’Allemagne sur son rôle à l’international. Elle affiche désormais une ambition internationale revue à la hausse, et souhaite “prendre ses responsabilités” militaires et internationales et donc redevenir une puissance militaire. On peut parler d’un retour de l’Allemagne sur la scène militaire internationale, et d’une forme de renaissance de la puissance militaire allemande – notamment appuyée par un complexe industriel extrêmement performant.

Cependant, il n’y a pas de véritable rupture de la diplomatie allemande traditionnelle, adoptant toujours la vision du monde d’une “puissance moyenne”, n’affichant pas réellement d’ambition globale. De plus, ses capacités d’action restent très limitées par la Constitution allemande et par des investissements encore trop insuffisants. Enfin, même si les générations passent, on note encore une certaine réticence des Allemands à devenir une véritable puissance militaire. Protéger le territoire, oui, intervenir à l’étranger, pas question.

Le Brexit : l’occasion pour l’Allemagne de retrouver son statut de puissance militaire ?

Si le couple franco-allemand est solide sur de nombreux plans, la relation pêche sur le plan militaire. Le manque d’investissement de l’Allemagne agace parfois du côté français. Cependant, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne laisse une place vacante pour assurer avec la France la défense européenne. Et le Livre Blanc de 2016 pourrait bien permettre à l’Allemagne de combler ce vide. Elle est d’ailleurs, pour l’instant, le seul candidat potentiel. Et sa place dominante dans l’UE fait de l’Allemagne le candidat évident et idéal.

Ainsi, l’Allemagne semble aujourd’hui vouloir se doter à nouveau d’une armée digne de ce nom. Cette volonté se concrétise notamment par la commande récente de 38 avions de chasse Eurofighter à Airbus. Cependant, l’Allemagne doit encore faire ses preuves et ne semble toujours pas en passe de redevenir une puissance militaire respectée. Ainsi, le manque de responsabilités de l’Allemagne se traduisent par son absence au Conseil Permanent de Sécurité de l’ONU, ainsi que son refus d’intervenir militairement à l’étranger unilatéralement. De plus, l’interdiction à disposer d’armes nucléaires chimiques et bactériologiques, ainsi que la taille modeste de son armée traduisent un manque de moyens handicapant. Enfin, dernier défi, mais des moindres, l’Allemagne joue désormais un rôle d’équilibriste. Il s’agirait de ne pas réveiller les rancoeurs d’antan à trop vouloir retrouver sa souveraineté et son hard power.

L’armée allemande face à la menace russe

Depuis la fin de la Guerre Froide, l’armée allemande est largement affaiblie. Alors qu’elle comptait 500 000 soldats lors de la réunification, elle n’en compte aujourd’hui pas plus de 200 000. L’armée ne dispose pas du matériel nécessaire pour s’entrainer et s’équiper convenablement, alors que l’Allemagne fait partie des pays les plus riches du monde.

Face à la menace Russe, le Bundestag a pris une décision historique. Alors que le pays dispose d’une loi permettant d’éviter l’endettement et le déficit budgétaire, le chancelier Olaf Scholz a annoncé un plan de financement de 100 milliards d’euros pour parvenir aux besoins de l’armée allemande. Cette entorse aux règles budgétaires peut être acceptée uniquement si la majorité aux deux tiers au Parlement vote en sa faveur, ce que le chancelier a obtenu grâce à l’appui de l’alliance CDU/CSU.

Cette enveloppe de 100 milliards d’euros permettra de réarmer et de moderniser l’armée allemande sur les années qui suivent, ainsi que d’apporter un soutien solide à l’Ukraine. De plus, cet investissement a également pour but d’atteindre l’objectif fixé par l’OTAN : consacrer 2% de son PIB par an à la défense.