oraux HEC 2021

Chaque année, un nombre malheureusement très faible de préparationnaires de la filière ECT auront la chance (méritée) d’être admissible à HEC (ils étaient 38 en 2017, 35 en 2016, ce qui représente, sur 700 admissibles, seulement 5% des candidats). Si vous parvenez à être de ce petit nombre en juin, vous pouvez déjà être très fière de vous mais, encore plus que pour les oraux des autres écoles, la dernière marche à franchir sera très haute et glissante, notamment pour vous. Alors que le nombre de candidats admissibles issus de la voie ECT est beaucoup plus faible que ceux issus des voies ECE et ECS, le pourcentage qui parvient à être admis est également plus faibles (les données les plus récentes fournies par HEC datent de 2015 et montrent que seulement 36% parviennent à être admis, c’est-à-dire 9 candidats sur 25 au total cette année-là, alors que cette part est de 56% pour les ECS et de 53% pour les ECE).

Cela s’explique facilement par le fait que dans de nombreuses ECE et ECS, les professeurs préparent, en cours ou durant des plages horaires dédiées après les concours, tous les élèves à ces épreuves particulières, tandis que dans la quasi-totalité des ECT, les professeurs ne préparent pas leurs élèves à ces épreuves puisqu’ils considèrent qu’ils n’ont quasiment aucune chance d’être admissible à cette école et donc que c’est du temps perdu à ne pas préparer les entretiens. Pourtant, pour la minorité d’entre vous qui parviendront à être admissible, il est indispensable de commencer à se préparer maintenant à ces épreuves et ne pas attendre le jour des résultats d’admissibilité (ce que font beaucoup de profs en ECT) car il sera déjà trop tard.

Cet article est donc destiné aux ECT qui pensent qu’ils ont une chance (même infime) d’être admissible à cette école afin de pouvoir se préparer, dès maintenant, correctement à l’épreuve orale propre à la filière technologique à HEC, c’est-à-dire l’économie, car il serait dommage de rater l’admission à cette école simplement parce que vous n’avez pas cru en vous. Cette épreuve possède un coefficient de 9, et donc joue un rôle très important dans votre admission (avec les maths coeff 8) puisque les autres épreuves (Culture générale, tryptique, LV1 et LV2) ont des coefficients plus faibles (6, 6, 4 et 3) et sont beaucoup plus « aléatoires » et moins rentables à préparer (ou se préparent déjà en révisant les oraux des autres écoles dans le cas des langues).

 

Présentation générale de l’épreuve

L’épreuve se déroule en deux temps : une présentation orale sur un sujet (chaque sujet est traité par 3 ou 4 candidats : le premier tire un sujet au hasard et les candidats suivants traitent le même afin de permettre une comparaison) dans l’idéal en une dizaine de minutes puis un entretien avec le jury d’une dizaine de minutes également durant lequel ce dernier pose des questions sur le sujet mais également sur l’ensemble du programme et sur l’actualité économique. Le temps de préparation du sujet est de 30 minutes. En apparence, cette épreuve ressemble simplement à une version orale de la question de réflexion argumentée d’ECRICOME ou ESSEC, donc juste réviser son cours d’éco comme pour les écrits semblerait suffire, mais plusieurs paramètres sont à prendre en compte et permettent de distingue trois types de sujets.

Les différents types de sujet

On retrouve d’abord des sujets plus précis, techniques et/ou déstabilisant qu’à l’écrit. Pour faire simple, Les sujets écrits sont choisis pour classer entre les mauvais candidats, les moyens, les bons et les excellents, ce qui fait qu’ils ne sont jamais trop simples, mais un candidat banal peut très bien s’en sortir, d’autant plus que le poids de cette partie est minimisé par la synthèse et le droit. Pour cette épreuve, les candidats mauvais et moyens sont déjà éliminés, donc il faut parvenir à distinguer les bons et les excellents, d’où des sujets qui peuvent paraître parfois totalement infaisables, improbables ou déconnectés du cours (« Les enjeux de l’économie de la connaissance », « SNCF : Faut-il séparer le réseau et l’exploitation ? », « Économie française : problème d’offre ou de demande ? », « Les États sont-ils devenus impuissants ? »…). Ces sujets ne sont pas du tout infaisables, mais il faut parvenir à ne pas se laisser déstabiliser et ne pas paniquer, parvenir à trouver quels points du programme sont concernés et à quels faits d’actualité ou tendances économiques ils font références. Ils faut donc être prêt mentalement à faire face à ce type de sujet.

Ensuite, on retrouve des sujets liés à l’actualité économique (même s’ils le sont tous, ceux-ci font référence à un évènement particulier). C’est expressément mentionné dans les rapports : « Les sujets proposés sont variés pour couvrir l’ensemble des thèmes du programme. Ils sont aussi le plus souvent en lien avec l’actualité de l’année écoulée ». La distinction entre un candidat bon et un candidat excellent se fait généralement sur ce point. Le bon maîtrisera bien, voire très bien le cours car il aura bien révisé toute l’année mais celui qui est excellent témoignera en plus d’une bonne connaissance de l’actualité économique, ce qui prouve que pour lui, l’économie n’est pas simplement une matière scolaire mais une réalité concrète. On trouve de nombreux sujets directement en lien avec l’actualité de l’époque (« Faut-il réformer le droit du travail ? » 2016, « Les défis actuels de la BCE » 2015, « Les enjeux de l’accord transatlantique de libre échange » 2015, « Faut-il une politique budgétaire européenne ? » 2014…). Une liste non exhaustive des évènements économiques marquants de l’année sera proposée à la fin.

Enfin, il existe des sujets extrêmement classiques. À l’inverse du premier type de sujet, d’autres sont très classiques et vous les aurez peut-être même déjà traités durant votre préparation aux écrits (« Progrès technique et emploi. », « Le nouveau visage du libre-échange. », « Origines et conséquences de l’augmentation des inégalités. », « La politique industrielle française. » …). Pour autant, tomber sur ce genre de sujet, en apparence plus facile, est loin d’être un cadeau. Premièrement, si vous proposez un exposé passable et trop court sur ce genre de sujet vous allez vous faire allumer sur la note (62% ont eu une note inférieure à 8 en 2016 et les jurys n’ont pas peur de descendre dans les extrêmes). Ensuite, il est difficile de parvenir à se valoriser par rapport aux trois autres candidats qui traiteront le même sujet si vous vous contentez de votre cours, ce qui est tentant sur ce genre de sujet. Il faudra parvenir à trouver des références théoriques, des chiffres, et des références à l’actualité qui font mouches par rapport aux autres. Enfin, les jurys seront intraitables sur l’analyse et la problématisation du sujet. Sur « La politique industrielle française. » par exemple, il ne faut pas se contenter de la décrire et de réciter un cours sur l’industrie mais il faut mettre en avant en quoi celle-ci peut être problématique. Idem sur « Le nouveau visage du libre-échange. », les termes le plus important où se trouve la problématique sont « nouveau visage » donc il faut éviter de ressortir un catalogue d’auteurs sur le Libre-échange et chercher à comprendre quels sont les faits d’actualités qui peuvent amener à parler de ce nouveau visage, pourquoi, et quelles sont les conséquences.

 Voici le lien de la page où trouver les sujets tombés les années précédentes à l’oral d’économie.

Les règles à respecter pour l’exposé

De manière générale, cette épreuve implique le respect de certaines règles de formes et de fonds :

  • Alors que l’épreuve d’Eco-droit de l’ESSEC n’exige aucun formalisme, il est ici indispensable de proposer un exposé d’une dizaine de minutes (les exposés trop longs ou trop courts seront sanctionnés) avec une introduction qui comporte une problématique, un plan en deux ou trois parties (un plan en deux parties est souvent suffisant, trois parties fait que votre exposé va plutôt ressembler à une lecture d’un plan détaillé de dissertation), et une conclusion.
  • Il est indispensable d’enrichir son exposé d’éléments théoriques et chiffrés pertinents, et non pas tomber dans le piège de la liste d’auteurs et de chiffres qui n’ont rien à voir avec le sujet mais que vous vous voulez absolument mettre dans votre exposé pour bien paraître devant le jury ou gagner du temps, ce qui sera évidemment sanctionné (« 22 candidats soit 61% des candidats ont obtenu une note inférieure à 8. Ce qui représente une proportion très importante par rapport à l’année 2015 […] la durée de leur exposé est souvent très courte. L’entretien n’a fait que confirmer et parfois aggraver l’appréciation du jury. »).
  • Eviter toutes les mentions allusives à des théories, des auteurs ou des phénomènes/ mécanismes économiques que vous ne maîtrisez pas bien, voire pire, que vous ne comprenez pas mais que vous mentionnez juste pour montrer que vous savez que ça existe. Le « name-dropping » peut faire illusion à l’écrit, mais à l’oral, le jury va de suite voir lorsque vous évoquez quelque chose que vous ne maîtrisez pas et vous pouvez être sûr qu’il va vous coincer durant l’entretien en vous demandant de préciser ou d’expliquer ce que vous avez mentionnez allusivement (« Il est maladroit d’évoquer dans l’exposé des chiffres grossièrement faux, des faits ou des théories qui ne sont pas un minimum maîtrisés. Le jury reviendra systématiquement sur ces éléments lors de l’entretien. »).
  • Trouver le bon équilibre entre le cours, la théorie et l’empirique, l’actualité. Aucun des deux aspects ne doit être négligé : « 7 candidats soit près de 20 % des candidats ont obtenu une note comprise entre 10 et 15. Ces candidats ont fait des prestations correctes mais souvent marquées par une faiblesse (exposé court mais compensé par l’entretien, manque d’analyse basée sur les concepts économiques ou au contraire analyse trop théorique sans référence à la réalité…). ».
  • C’est un oral donc tous les éléments concernant la communication verbale et non-verbale seront évalués. Exprimez-vous clairement, simplement, avec un bon débit, parlez suffisamment fort mais pas trop et surtout souriez, peu importe ce qu’il se passe. Durant l’entretien, en cas de question un peu compliquée ou lorsque vous ne connaissez pas une réponse, la façon dont vous allez réagir sera également regardée attentivement. Dans tous les cas, soyez ouvert au dialogue et faites-en sorte que le jury prenne plaisir à discuter avec vous. Cela doit être comme une discussion entre deux collaborateurs qui discutent d’un sujet d’économie qui les intéresse.

 

L’entretien

Une fois votre exposé terminé, l’entretien commence. Le jury commence d’abord par des questions qui concernent directement le sujet que vous avez traité. Si vous avez dit des chiffres faux, des raisonnements incomplets ou mal exprimés, négligé une partie une partie de l’analyse du sujet, voire même si vous avez fait un hors-sujet (notamment sur un sujet déstabilisant), le jury n’est pas un monstre et se montre bienveillant. Les questions sont alors une deuxième chance qu’il faut saisir en prenant quelques secondes de réflexion pour répondre afin de proposer une réponse construite et argumentée. Il vous demande si vous êtes sûr de tel ou tel chiffre, si tel terme du sujet ne pourrait pas être envisagé plutôt de cette vision, ou encore pose d’abord une simple question de cours qui a pour but de vous faire corriger une partie de votre exposé. Il faut se dire que même si vous n’avez pas compris le sujet, ou que vous ne l’avez pas bien traité et donc que votre exposé a été trop court, médiocre ou hors-sujet, il est encore possible d’éviter une note totalement éliminatoire et même espérer la moyenne ou plus si l’entretien se passe bien par la suite et que, grâce aux éclaircissements du jury, vous avez su mieux analyser le sujet.

Le reste des questions porteront à la fois sur d’autres thèmes du programme et des événements de l’actualité de l’année. Si pour les ECE on demande d’aller au tableau et de savoir refaire des graphiques et certaines démonstrations, cela n’est pas le cas pour les ECT. Là il n’y a pas de secret, il faut connaître son cours et le maîtriser. Pareil pour l’actualité. Il serait dommage qu’à cause de l’entretien, le jury découvre que vous n’avez rien suivi de toute l’année alors que c’est la partie de l’orale qui est censée vous mettre en valeur. Il convient au moins d’avoir en tête les chiffres les plus incontournables  (SMIC, taux de chômage, taux de croissance, taux d’inflation…) car ce sont des classiques qui peuvent facilement faire l’objet d’une question et ne pas savoir répondre à ce genre de questions peut totalement vous décrédibiliser. Il faut enfin être capable de mettre en avant la culture économique que vous avez (cela peut passer par la lecture d’un livre ou la connaissance approfondie d’un économiste en particulier, d’une entreprise, connaître le dernier prix Nobel d’économie…).

 

Les faits d’actualités incontournables

Voici la liste non exhaustive (mais assez longue) des évènements qui ont marqué cette année et qui peuvent à la fois faire l’objet de sujets à part entier, inspirer des sujets plus classiques, ou faire l’objet de questions durant l’entretien. Dans tous les cas, se renseigner sur ces évènements sera forcément rentable car cela vous fera travailler l’actualité pour les oraux de motivations de toutes les autres écoles :

  • La crainte d’une guerre commerciale suite à l’annonce de Donald Trump d’instaurer des droits de douane sur les importations d’acier (25%) et d’aluminium (10%) le 8 mars 2018 qui peut conduire à des sujets/ questions sur le libre-échange ou l’efficacité actuelle de l’OMC.
  • Le retour en force des thèses et mesures protectionnistes avec l’élection de Donald Trump, du Brexit, et de la montée du populisme (UKIP, mouvement 5 étoile en Italie, la crise de la catalogne, les cas de la Pologne et de la Hongrie…), qui peuvent à la fois inspirer des sujets et questions sur le commerce international et l’avenir de l’UE.
  • La stagnation des négociations concernant le Brexit et l’instabilité que cela provoque dans le Royaume-Uni
  • La tentative de Donald Trump de supprimer la loi Dodd Frank en juin 2017 instaurée par Obama après la crise financière de 2008 pour déréguler le marché financier.
  • La situation économique du Venezuela, en pleine crise avec une inflation qui devrait dépasser plus de 13000% en 2018 selon le Fmi, avec un PIB qui a chuté de plus de 44% sur 5ans, une dette publique de plus de 150 milliards.
  • Une croissance plutôt satisfaisante en France et de manière générale dans le monde
  • Un taux de chômage qui reste sensiblement élevé en France malgré la reprise de l’activité économique
  • Une réforme de la fiscalité aux Etats-Unis qui fait craindre un retour trop important de l’inflation tandis qu’en Europe elle stagne autour des 1%
  • Toutes les réformes de Macron depuis son arrivé au pouvoir (fiscalité, Parcoursup, code du travail…) parce que ce n’est pas parce que c’est tombé à l’écrit que cela ne va pas être abordé à l’oral
  • La montée inquiétante des inégalités dans les pays développés
  • L’ubérisation de l’économie et tout ce qui concerne le numérique, la technologie, l’innovation et les nouvelles formes d’économie (économie collaborative, l’économie de la connaissance, l’ESS, l’économie circulaire…)
  • Les 50ans de Mai 68
  • Le déficit public français qui passe de 3,4% du PIB fin 2016 à 2,6% fin 2017 et la dette publique qui descend à 97% du PIB français
  • L’importance des données (Cambridge Analytics) et le problème de concurrence posé par les GAFA en général
  •   Le retrait des Etats-Unis des accords de la COP21
  •   Le Bitcoin, nouvelle illustration du phénomène de bulle spéculative
  • La SNCF et l’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire
  •  #MeToo et l’essor du mouvement féministe en général qui peut entraîner des questionnements sur les inégalités hommes/femmes actuelles, notamment en termes de salaires.
  • La question des travailleurs détachés pour les pays de l’UE

Pour en savoir plus sur l’intégralité des oraux ECT, lis cet article !