Les statistiques

3 642 candidats, 10,27 de moyenne (3,02 d’écart-type).

Le rapport

Dans son article intitulé Machismo, continuidad y repetición (Machisme, continuité et répétition), publié dans le journal El Mundo en novembre 2017, Miguel Lorente Acosta mettait en lumière la persistance des relents ou réflexes machistes dans la société espagnole contemporaine, camouflés sous des valeurs culturelles émanant d’un autre âge et souvent minoritaires dans une société qui s’est profondément transformée au cours des dernières décennies et dont les standards sont comparables à ceux de la moyenne des pays de l’UE. Un texte qui permettait donc de revenir sur un aspect marquant de l’année écoulée, suite à l’onde de choc provoquée par l’affaire Weinstein qui n’a pas manqué de toucher l’Espagne et l’Amérique latine.

Ainsi, il s’agissait, dans la première question, de transposer le raisonnement de l’auteur et de montrer que bien que la présence constante du machisme soit reconnue et parfois même assumée y compris par les machistes, ce sont les causes de ce machisme qui sont souvent occultées et leurs conséquences excusées. En définitive trop de citoyens européens continuent de croire que les violences faites aux femmes se justifient parce que les femmes ne rentrent plus dans le cadre imposé par des siècles de paternalisme.

Ces « machistes » n’acceptent pas que la société ait évolué et que les structures de domination s’effritent pour laisser place à un autre modèle, ouvert et pluriel et c’est la résistance au changement qui pousserait et justifierait aux yeux d’un nombre encore important d’individus, hommes et femmes, les violences faites aux femmes.

Si la question a été globalement comprise nombre de candidats ont répondu de manière trop vague et n’ont explicité que partiellement le point demandé. La reformulation a parfois été insuffisante, certains candidats se contentant de mettre bout à bout des extraits de l’original.

La deuxième question (l’essai), portait sur la violence de genre dans le monde hispanique contemporain. Il s’agissait d’une question très ouverte et les candidats n’ont généralement pas manqué d’éléments pour y répondre. Ils ont pu évoquer les changements survenus dans la société espagnole qui a progressivement pris conscience des violences faites aux femmes et s’est dotée d’un cadre et d’outils juridiques (Ley Integral contra la Violencia de Género de 2004) afin de garantir une protection aux femmes victimes de violence et de punir les agresseurs.

Ces outils s’avèrent parfois insuffisants ou inadaptés, comme vient de le rappeler le verdict du procès de La manada, « La meute », un viol en réunion commis par un groupe de 5 hommes en 2016 à Pampelune, et la vague d’indignation qu’il a suscité. Certains clivages demeurent par ailleurs, dans une société encore marquée par les valeurs paternalistes d’un catholicisme traditionnaliste, jadis exacerbées par le franquisme, et qui a connu un processus de déchristianisation accéléré au même titre que d’autres pays européens.

La violence de genre et plus largement la situation des femmes pouvaient également être analysées en évoquant l’actualité des pays d’Amérique latine. Depuis les cas de féminicides perpétrés au Mexique et en Amérique Centrale en passant par les innombrables discriminations faites aux femmes dans le milieu familial et professionnel jusqu’à l’évocation des controverses sur le droit à l’avortement au Chili, la liste était longue des éléments que les candidats pouvaient utiliser pour exposer leur point de vue et étayer leur argumentation.

Ont été valorisés les développements dans lesquels l’esprit de synthèse et les connaissances acquises à l’issue des deux années de préparation permettaient d’apporter une réponse structurée, une réflexion personnelle et argumentée, s’appuyant sur des exemples probants, empruntés avant tout au monde hispanique comme l’indiquait le libellé.

En version, l’extrait à traduire demandait une lecture attentive du texte pour être bien rendu.

Certains mots ou expressions courants n’ont pas été toujours compris : castigar (punir), ante el comportamiento (« face au comportement », et non « avant… »), comprobar (constater).

Certaines structures, pourtant élémentaires, ont pu poser problème: al + infinitif, aunque (bien que / même si), ou sus (possessif dont la valeur n’est pas toujours identifiée). La moitié du passage à traduire était constituée d’une longue phrase dont il fallait respecter la syntaxe et si possible le rythme. Certaines traductions, excellentes, ont obtenu la note maximale de 20/20.

Le thème grammatical est comme les années antérieures la sous-épreuve qui pose le plus de difficultés à de nombreux étudiants -insuffisamment préparés- et pour laquelle la moyenne est la plus basse. Elle a toutefois été de 9,04 pour cette session, largement supérieure à celle des années antérieures (7,54 en 2017).

Le thème reste une épreuve essentielle et très révélatrice du niveau global des candidats : il est rare que ceux d’entre eux qui présentent de nombreuses lacunes linguistiques ne rencontrent pas de difficultés pour répondre aux questions d’expression, soit parce qu’ils n’ont pas bien compris le texte source soit parce qu’ils ne parviennent pas à l’expliciter ou à le commenter dans une langue correcte. Pour réussir cette épreuve, il fallait par exemple maîtriser le vocabulaire économique courant : « les investisseurs, le siège social, les embauches, délocaliser », la conjugaison (temps et modes) et quelques structures par ailleurs très courantes : emploi du subjonctif dans les subordonnées de temps, construction de la subordonnée de condition ou différence ser / estar.