rapport jury esh hec 2020

Les concours de cette année se sont déroulées dans des conditions exceptionnelles. Avec un report des épreuves écrites, les révisions se sont éternisées pour les préparationnaires. L’épreuve d’ESH HEC est coefficient 7. Elle est souvent redoutée pour sa notation sévère et il ne faut donc surtout pas la rater. Elle compte pour presqu’un tiers des points aux écrits de l’école conceptrice ! Pour mieux comprendre les attentes du jury, nous te proposons un retour sur le rapport de l’épreuve d’ESH HEC 2020.

Tu peux retrouver le sujet de l’épreuve ici : ESH HEC 2020 – Sujet

Et l’analyse là : ESH HEC 2020 – Analyse du sujet

Les statistiques

11,11 de moyenne (3,68 d’écart type)

Le rapport de l’épreuve d’ESH HEC 2020

Le sujet d’ESH HEC 2020

Le capitalisme est-il soutenable ?

Attentes du jury

Il était d’abord nécessaire de définir précisément les termes du sujet : la première difficulté de ce sujet tient aux termes de son intitulé, à commencer par « capitalisme » qui, sous son apparente simplicité liée à un large emploi dans la littérature économique, sociologique et politique, se révèle difficile à cerner. Le second terme clé du sujet, la soutenabilité, semble a priori plus aisé à définir, popularisé ces dernières années à travers la notion de développement durable, présentée en 1987 par le rapport Brundtland comme un développement « compatible avec les besoins des générations futures reposant sur trois piliers : économique, environnemental et d’équité sociale ». Le terme de soutenabilité a toutefois une dimension normative que n’a pas celui de durabilité.

L’amplitude de la question posée interdisait pratiquement aux candidats d’en aborder en quatre heures toutes les dimensions. Les correcteurs ont valorisé la capacité des candidats à présenter une vision globale du problème, au risque de demeurer parfois superficiels, mais ont été indulgents quant à l’absence de telle ou telle référence qui leur aurait paru essentielle.

Associer « capitalisme » et soutenabilité implique de s’interroger sur la compatibilité entre le système capitaliste et le développement durable, à la fois en termes écologiques, sociaux et économiques. Ainsi, les entrées dans le sujet sont multiples. On pense évidemment aux crises économiques, considérées comme inhérentes au système et pouvant mettre en péril le mode de production capitaliste. Le candidat pouvait traiter des nouvelles conditions de la croissance, à la fois à travers la question de la stagnation séculaire et celle de l’épuisement des ressources ou des contraintes écologiques. Il pouvait aussi évoquer les inégalités de revenus et de patrimoines et les conséquences qu’elles peuvent avoir, à la fois sur la croissance, sur la justice sociale et sur les structures sociales. On attendait qu’il évoque aussi la question de la place des États, à la fois comme producteurs et comme régulateurs.

Une perspective historique était nécessaire : si les candidats étaient explicitement invités à émettre un avis sur l’avenir du capitalisme, ils ne pouvaient le faire qu’en dressant un bilan de ses réalisations et de ses échecs depuis le XIXe siècle.

Remarques de correction

L’épreuve a été globalement bien réussie comme en témoigne la moyenne générale de 11,11. Certains candidats sont excellents et il n’a pas été difficile d’attribuer de très bonnes notes. La plupart des candidats ont un niveau tout à fait correct et sont très bien préparés à l’épreuve. Le sujet s’est révélé discriminant car il a permis de distinguer nettement les candidats qui maîtrisent l’art de la dissertation et qui ont des connaissances scientifiques solides de ceux qui restent dans le flou et l’imprécis ; l’écart type est assez élevé : 3,68.

Les copies sont généralement bien construites, avec une grande majorité de plans en trois parties. Les devoirs sont bien présentés, avec des annonces de plan pour les parties et sous parties dans la quasi-totalité des cas, une orthographe très correcte pour presque toutes les copies, et un respect des règles de forme.

La plupart des copies ont cherché à problématiser en questionnant le sujet et en construisant une véritable introduction.

A part quelques exceptions, les candidats n’ont pas oublié l’aspect historique, en analysant la situation et l’évolution du capitalisme depuis la fin du XVIIIème siècle.

Sur le fond, même s’il y a des erreurs, la plupart des candidats maîtrisent de façon satisfaisante la littérature scientifique, beaucoup de copies mobilisant à la fois les auteurs « canoniques » et les références plus récentes.

Bien que le sujet ne mentionne aucune période, les copies s’appuyant sur des faits historiques montrant la variété des systèmes capitalistes (ce qui est sans doute au moins partiellement la clef de la survie du capitalisme) ont su dépasser les affirmations générales de principe en introduisant une argumentation sur la plasticité du système capitaliste et sa capacité à créer les institutions assurant sa pérennité.

Quelques défauts repérés dans les copies :

Le terme de capitalisme est défini par la grande majorité des candidats mais plus par obligation formelle que pour mener une véritable réflexion sur l’un des termes du sujet. Trop peu de candidats comprennent l’intérêt réel de définir les termes du sujet et exploitent leur définition dans le corps du développement. Il en est de même pour la soutenabilité : trop de copies se contentent de proposer un synonyme, sans chercher les dimensions du terme et donc sont amenées à négliger une ou plusieurs dimensions de la soutenabilité (environnementale, sociale, économique). Rares sont les copies qui perçoivent aussi que le terme de soutenabilité peut avoir une dimension normative que celui de durabilité n’a pas. Faute de baliser le sujet en réfléchissant aux termes proposés, de nombreux candidats cherchent à tout prix à replacer des fiches de cours sur la croissance, la mondialisation ou la théorie des cycles, sans vraiment faire le lien avec le capitalisme.

Le thème des inégalités a été souvent abordé de manière allusive. Si les thèses de Marx sont connues, il est fréquent qu’elles soient élargies à l’ensemble des modèles capitalistes, sans recherche de validation par les faits et le recours à des débats plus récents.

Peu de copies ont intégré la dimension sociologique du sujet (l’esprit du capitalisme par exemple).

Dans le développement, le capitalisme a été très souvent remplacé par la croissance ou la mondialisation, sans que cela ne soit justifié. Cela a donné lieu à des récitations de cours, notamment sur la question environnementale, non reliées au sujet.

Un certain nombre de candidats ont omis soit la dimension sociale (question des inégalités) soit la dimension économique (stagnation séculaire et/ou dynamique de la croissance) de la soutenabilité.

Conseils aux futurs candidats

Penser à bien définir systématiquement les termes du sujet et surtout se tenir, durant le développement, à la définition choisie.

Penser à donner une réponse au sujet ; on n’attend pas du candidat qu’il « traite » un sujet, mais qu’il réponde au sujet et/ou à la problématique qu’il a présentée dans son introduction.

Penser à mobiliser systématiquement des analyses théoriques, mais aussi des références factuelles ; quel que soit le sujet, une perspective historique est toujours attendue.

Le plan peut être de type chronologique, mais cela ne doit pas être systématique ; dans certains sujets, un plan thématique peut être plus pertinent.

Il ne faut pas rester dans l’implicite, mais expliciter les différents mécanismes évoqués.

Appuyer sa démonstration sur des outils de l’analyse économique, éventuellement illustrés par des graphiques.

Citer des auteurs est nécessaire, mais en citer trop, dont certains sans rapport direct avec le sujet, est inutile voire sanctionné par les correcteurs.

Ecrire avec une encre foncée pour que les copies soient lisibles.