Resume de texte Ecricome

<Le concours Ecricome 2021 s’est terminé comme d’habitude par l’épreuve de résumé de texte. Il s’agissait de résumer un texte de 2500 mots en 225-275 mots, tout en trouvant un titre au résumé.

Cette article présente l’analyse du sujet de résumé de texte 2021. Nous espérons que tout s’est bien passé ! Pour voir le sujet, c’est par ici !

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L’analyse

I- L’auteur et le texte

Tzvetan Todorov est un essayiste français d’origine bulgare de la deuxième moitié du XXe siècle. Il s’est principalement intéressé à la sémiotique, c’est-à-dire au langage et à la littérature comme systèmes structurés de signes.

Dans cet extrait de La littérature en péril (2007), Todorov se fait clairement l’avocat de la littérature. Il la présente comme mise à mal par le XXe et le XXIe siècle. Il cherche donc à la réhabiliter en faisant naître un sentiment d’urgence chez le lecteur. A cette fin, il choisit par ce plaidoyer de démontrer que la littérature et la lecture sont indispensables à l’homme.

 

II- La structure du texte

L’extrait tel qu’il est présenté pourrait presque être lu en vase clos, indépendamment de l’ouvrage dont il est tiré. Sa structure ressort en effet clairement. Au premier abord, elle ressemble à celle d’une dissertation argumentative classique : une introduction (paragraphes 1 à 3), un développement en deux grandes parties (paragraphes 4 à 8) et une conclusion (paragraphe 9). Il convient de s’attarder davantage sur le texte pour en saisir les spécificités étonnantes.

  • Une introduction sur le mode inductif : paragraphes 1 à 3

Todorov sait s’y prendre : pour attirer l’attention de son lecteur, il a recours à une captatio benevolentiae assez classique. Il part d’exemples étonnants, à partir desquels il fait émerger une question. Plus précisément, l’auteur fait appel ici à deux exemples, respectivement dans les paragraphes 1 et 2. Il faut faire attention à donner à ces exemples leur juste place : celle d’un point de départ de la réflexion, qui ne doit pas occuper une partie trop importante de votre résumé.

Le paragraphe 1 met en avant le pouvoir guérisseur de la lecture, là où tous les remèdes supposés scientifiques ont échoué. C’est en effet l’expérience littéraire de la lecture de poèmes restituant des sentiments semblables aux siens qui guérit John Stuart Mille de sa dépression.

Le paragraphe 2 illustre plusieurs apports de la littérature. D’une part, la fréquentation de personnages, même fictifs, rompent la solitude et le silence de l’enfermement de la résistante Charlotte Delbol. De plus, l’exemple de leurs destins héroïques l’aident à endurer sa propre destinée. Enfin, ce sont ces mêmes personnages qui après l’expérience déshumanisante des camps restent des compagnons fidèles qui la relient au reste de l’humanité.

Le paragraphe 3 procède par induction pour dégager de ces exemples une preuve de la puissance de la littérature. Todorov affirme que celle-ci opère en profondeur dans notre relation au monde, à autrui et à soi.

  • Un développement en deux temps : paragraphes 4 à 8

Le paragraphe 4 sert de transition entre les exemples précédents et le coeur argumentatif de l’extrait. En effet, Todorov constate que la littérature, au même titre qu’une science sociale, dit quelque chose de l’expérience humaine. Il aboutit ainsi à la question suivante, qu’on peut appeler sa problématique : quelle est la spécificité de la littérature par rapport aux autres sources de savoir ? La réponse à cette problématique est organisée en deux parties chronologiques.

Une première partie des paragraphes 5 à 7. En s’appuyant sur les Lumières, Todorov étudie l’hypothèse selon laquelle la littérature parle du particulier, là où la philosophie et la science parlent de l’universel. La littérature touche donc davantage, parce qu’elle implique le lecteur en lui donnant un rôle actif d’interprétation. Elle laisse en lui une empreinte durable et vivante, sous forme de dialogue avec le texte.

Au contraire, la science ne livre qu’un discours univoque que le lecteur absorbe unilatéralement. Cette attitude passive d’enregistrement de l’information risque d’émousser l’esprit critique des élèves, habitué à restituer une opinion stéréotypée, là où le livre exprime une diversité d’opinions et d’expériences. Le livre a donc un rôle éducatif.

Le paragraphe 8 est le second temps important de l’argumentation. Richard Porty rejette cette première hypothèse. La littérature n’apporte pas un contenu que notre conscience enregistre, mais modifie notre conscience-même. En nous affranchissant des limites de notre expérience personnelle au travers des expériences singulières des personnages, la lecture nous apporte une ouverture qui transforme notre façon-même de nous projeter dans le monde. Le rôle du livre est donc plus moral que scientifique. Il nous guide vers la forme suprême de relation à l’autre : l’amour.

  • Un point d’orgue déconcertant : paragraphe 9

Comme tout développement, les deux arguments soulevés par Todorov appellent une conclusion. Cependant, celle-ci s’écarte de ce que l’on pourrait attendre. Au lieu de faire une synthèse des arguments précédents, Todorov rejette clairement tout son argumentaire : peu importe la spécificité de la littérature. Sans plus d’égards pour ses propres références philosophiques, il relève simplement que l’important est ce que la littérature nous apporte, et non comment.

Ce retournement de l’argumentation démontre justement la passion et le désespoir avec lequel Todorov prend la plume dans cet extrait. Il veut bien montrer que l’important n’est pas la raison pour laquelle on veut sauver la littérature, mais le fait de la sauver.

Sa conclusion est donc simple : tout texte littéraire, qu’il soit fictif, historique ou journalistique, enrichit notre relation à monde. Sa lecture doit donc être encouragée à tout prix.

Le titre

La spécificité du résumé Ecricome par rapport à la contraction de texte BCE et de demander aux étudiants de choisir un titre. Le choix du titre démontre de fortes capacités de synthèse. Il doit exprimer à la fois le contenu du texte et sa forme. En l’occurrence, le titre ne peut pas se passer des mots “lecture” ou “littérature”, mais doit si possible refléter la visée argumentative de l’extrait.

On peut imaginer un titre tel que : La littérature, lieu d’une expérience de l’humanité à réhabiliter. Ou bien : La littérature, une expérience constitutive de l’humanité.

Points d’attention

La structure du texte étant particulièrement claire, il faut bien penser à la restituer dans votre résumé. Elle peut apparaître notamment dans votre découpage des paragraphes. Ce découpage doit vous aider à mettre en avant le cheminement de la pensée de l’auteur. Ici, il était utile de faire apparaître son raisonnement inductif sans s’étendre trop longuement sur les exemples, puis présenter clairement la genèse de sa problématique ainsi que les réponses qu’ils lui apportent.

La conclusion était à traiter avec une attention particulière, car elle rompt avec la fluidité de la structure du texte. Elle nie l’utilité des paragraphes précédents, mais elle répète des idées déjà exprimées. Il faut donc réussir à conclure le résumé de façon succincte, sans trop se répéter.

Enfin, n’oubliez pas que le résumé doit reprendre non seulement le fond, mais également le ton de l’extrait proposé. Votre résumé lui-même doit donc donner l’impression d’un plaidoyer pour la littérature : laissez-vous imprégner par l’ardeur de Todorov, sa profonde conviction et le sentiment d’urgence qu’il veut communiquer !

Tu peux également retrouver les informations sur le concours Ecricome dans la rubrique Inside Concours Ecricome 2021.

FELICITATIONS à tous les candidats qui ont déjà passé ces trois jours d’épreuves. Major Prépa reste à vos côtés pour la suite de l’aventure, aka la BCE ! <3