Président du SIGEM

À l’image des concours Ecricome et BCE, la plateforme SIGEM a dû elle aussi s’adapter à la crise sanitaire. Son Président, Jean-Christophe Hauguel, qui est aussi le Directeur Général de l’ISC Paris, revient dans cette interview sur le calendrier SIGEM et sur le fonctionnement de la plateforme.

Conditions cette année

Cette année, la tenue des concours a été fortement modifiée par la crise sanitaire. Qu’est-ce qui va changer par conséquent dans la procédure SIGEM ?

La réponse est relativement simple : rien sauf les dates. La procédure fonctionne exactement de la même manière, sur la base de candidats classés école par école.

Les candidats doivent s’inscrire sur le site. Les inscriptions ont commencé le 21 juillet et se clôturent le 28 juillet à 18h. En 24 heures, 2 538 candidats se sont déjà inscrits, ce qui représente un quart des candidats. Les autres doivent absolument s’inscrire avant le 28 juillet. Les candidats devront formuler leurs vœux les 9 et 10 août et ils seront affectés le 12.

Pourquoi n’y-a-t-il pas de matchs entre écoles ? Cela empêche de faire un classement pour l’année 2020…

SIGEM va quand-même évidemment publier les résultats école par école.

Sur la question des matchs, les écoles ont décidé collectivement de ne pas publier les traditionnels matchs. Elles ont pris cette décision car la sélection des étudiants est différente de d’habitude. Sans la tenue des oraux, les écoles ne peuvent pas rencontrer les candidats et ceux-ci ne peuvent pas non plus se déplacer. Leurs choix se feront donc sur des bases différentes des années précédentes. Les matchs ne seraient pas représentatifs, autant ne pas les publier. On ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable. S’il y a des oraux l’année prochaine, la publication des matchs reprendra évidemment.

Après la hausse de 2019, cette année les écoles proposent moins de places (185 de moins pour la BCE, 5 pour Ecricome). Comment expliquer ce recul ?

L’année dernière, plusieurs écoles n’ont pas eu un taux de remplissage de 100%. Ces écoles ont donc préféré réajuster leur nombre de places à la baisse. Par ailleurs, la plupart des écoles qui avaient un taux de remplissage de 100% ont choisi de maintenir leur nombre de places. Seuls Audencia et SKEMA l’ont légèrement augmenté. Enfin, l’ESC Pau a décidé de sortir du SIGEM, ce qui explique une grande partie de la baisse constatée.

Globalement, le nombre de places total évolue donc à la baisse, pour un nombre de candidats qui est lui aussi légèrement à la baisse par rapport à l’année dernière.

Quelle est la meilleure stratégie pour classer ses vœux ?

La stratégie gagnante est toujours la même : les étudiants doivent classer exclusivement les écoles selon leur préférence et indépendamment de leur rang. Malheureusement, certains candidats émettent leurs vœux en fonction de leurs rangs, cela n’a aucun sens compte tenu du fonctionnement de l’algorithme SIGEM.

Publier ou non le rang d’admission est une décision qui appartient à chaque école. J’y suis opposé car ce n’est pas une information pertinente pour orienter les choix des candidats, elle ne vient que perturber leur raisonnement.

Imaginez que vous êtes classé 3000e dans votre école préférée et 1er dans la deuxième école qui a votre préférence. Un raisonnement erroné serait de ne pas mettre en choix numéro un celle à laquelle vous êtes classé 3000e par peur de ne pas être pris, de perdre sa place dans la deuxième école et de n’être affecté nulle part. C’est une erreur, vous ne savez pas ce qu’il peut se passer et vous ne connaissez pas les préférences des candidats classés au-dessus de vous. Au pire, vous ne serez pas pris dans l’école qui a votre préférence. Ce n’est pas grave puisque vous serez forcément reçu dans votre second choix.

SIGEM a un algorithme totalement différent de celui de Parcoursup. Il n’y a qu’un seul tour et il n’y a donc aucun calcul de probabilités à effectuer. Il faut oublier les stratégies mises en place sur Parcoursup, il faut classer les écoles selon vos préférences.

Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?

La première est évidente : oublier de s’inscrire ou de remplir ses vœux dans les temps. Chaque année, des candidats oublient de s’inscrire, ce qui est bien dommage quand on connaît l’investissement qu’ils ont fourni pendant deux voire trois ans.

La deuxième erreur est de faire des stratégies perdantes et de classer les écoles en fonction de son rang d’admission. Enfin, il ne faut pas classer des écoles dans lesquelles vous ne voulez pas aller, il faut les mettre dans la catégorie « non maintenu ».

Il est important de rappeler que toutes les écoles inscrites sur SIGEM sont de bonnes écoles, leurs diplômes sont reconnus en France et à l’international. Elles sont toutes certifiées par la Conférence des Grandes Écoles (CGE) et la plupart ont également des accréditations internationales.

Le SIGEM en général

Les étudiants se posent beaucoup de questions plus générales sur le fonctionnement du SIGEM. Comment la plateforme est-elle gérée ?

SIGEM est une association loi 1901. Chaque école membre du SIGEM envoie un représentant dans l’association. Ces représentants élisent un bureau que je préside depuis 2015 et qui gère les affaires courantes de l’association.

Je travaille en collaboration le vice-président François Debreu (KEDGE BS), la trésorière Béatrice Nerson (Grenoble EM) et la secrétaire Béatrice Rabet (Rennes SB). Nous travaillons en collaboration avec la DAC (NDLR : Direction des Admissions et Concours) qui gère l’organisation des concours.

Au sein de l’association SIGEM, nous sommes tous bénévoles. L’acompte de 800 euros demandé ne finance pas le SIGEM, il a pour unique vocation de sécuriser l’affectation des candidats. Il est ensuite d’ailleurs déduit des frais de scolarité de première année ou remboursé si le candidat n’est affecté nulle pas.

Pourquoi avez-vous souhaité devenir Président du SIGEM ?

Cela fait près de vingt ans que je travaille dans le secteur des écoles de management. La filière prépa m’intéresse tout particulièrement. C’est une filière d’excellence, distinctive au niveau mondial. SIGEM permet de garantir l’équité et la transparence aux candidats.

Avant la création du SIGEM en 1999, il n’existait aucun système centralisé qui permettait d’organiser l’affectation des candidats. Le recrutement était plus « sauvage » et les candidats devaient verser plusieurs acomptes dans les différentes écoles pour s’assurer une place. Ils étaient ensuite rappelés pour confirmer ou infirmer leur inscription. C’était un système beaucoup moins éthique qui suivait des logiques purement mercantiles. Ce système n’était pas en phase avec les valeurs de l’enseignement supérieur.

Les écoles peuvent-elles connaître la hiérarchie des choix des candidats ?

Non, c’est une fausse rumeur qui conduit les étudiants à faire des raisonnements fallacieux. Les directeurs d’école connaissent évidemment la liste des candidats qui vont intégrer leur école mais ne savent pas la hiérarchie des vœux de chaque étudiant.

Pour être totalement transparent, les écoles ont juste des indications macro : elles savent le pourcentage d’étudiants qui avait mis leur école en premier choix, en deuxième choix, etc. Cela reste un chiffre global et n’est qu’un indicateur de pilotage.

Depuis quelques années, on entend parler du projet d’un SIGEM pour les Admissions sur Titre (AST). Y êtes-vous favorable ? Ce projet verra-t-il le jour ?

J’y suis tout à fait favorable. Ce projet permettrait d’être plus transparent. Concernant sa mise en place, je demeure très interrogatif. Pour des raisons objectives, les écoles ont du mal à s’entendre. La population des AST est beaucoup diversifiée (BTS, DUT, licence, bachelor, recrutement international…) que celle des classes préparatoires. Les dates de concours sont différentes et dépendent de la filière d’origine des candidats. Il est donc plus complexe de créer une plateforme centralisatrice.

Classes préparatoires et écoles de commerce

Pensez-vous que l’avenir des classes prépas aux écoles de commerce est menacée ? De plus en plus d’étudiants rentrent en école de commerce sans avoir fait de prépa…

On entend depuis longtemps que cette filière est soi-disant menacée et vouée à disparaître. Pourtant, elle a toujours sa place dans le paysage universitaire français. Je dirai qu’elle n’est pas menacée sauf si une décision politique très forte voulait la supprimer. Ce n’est pas le cas, les derniers gouvernements, peu importe leur couleur politique, ont mis cette filière en avant d’une manière ou d’une autre.

C’est une filière dans laquelle on apprend la rigueur, l’esprit de synthèse, la culture générale, l’esprit logique, etc. Aucune autre filière ne peut se vanter de cela, elle reste spécifique.

Les entreprises savent quand elles recrutent des étudiants en école de commerce que le profil d’un étudiant ayant fait une classe préparatoire est différent de celui d’un AST ou d’un bachelor. À titre de comparaison, un club de foot qui cherche à recruter des joueurs ne juge pas de la même manière les attaquants, les défenseurs et le gardien : chacun a des qualités différentes.

Les circonstances exceptionnelles de cette année portent-elles préjudice à la promotion 2020 ? Les étudiants seront-ils une « promo sacrifiée » ?

Absolument pas. Certes, les conditions ont été particulières mais les écrits se sont tenus comme d’habitude. Il est dommage que les oraux n’aient pas eu lieu, le principe de réalité nous a rattrapés. Des candidats regrettent ne pas avoir d’oraux, d’autres s’en réjouissent. La sélection sera cette année un peu différente mais il n’y a pas de raison de penser que la promotion dans son ensemble soit pénalisée. Dans cinq ans, aucun recruteur ne se souviendra que ces étudiants ont intégré leur école sans passer d’oraux.

Il n’y a aucune raison supplémentaire pour choisir de cuber ou non. On ne sait pas si les conditions seront revenues à la normale l’année prochaine, l’avenir est incertain. Ce serait à mon avis une erreur de cuber uniquement car les conditions de passage des concours ont été modifiées cette année.

On espère que cette interview t’a permis d’y voir plus clair ! Bon courage pour l’attente des résultats !

Tu peux retrouver ici notre analyse sur l’évolution probable des barres d’admission 2020.