Cette année, la décision des écoles de ne pas publier les désistements croisés nous empêche d’établir précisément de classement exact à l’issue des résultats SIGEM comme nous le faisons habituellement (tu peux tout de même consulter les grandes tendances du SIGEM 2020 via cet article). Néanmoins, le tableau SIGEM, bel et bien accessible, nous permet tout de même d’esquisser certaines tendances en termes d’attractivité des différentes écoles-post prépa.

Un indicateur en particulier est révélateur de la dynamique des écoles : ont-elles réussi ou non à pourvoir l’ensemble de leurs places ? Pour la plus prestigieuse d’entre elle, HEC Paris, la réponse est presque toujours non : il y a toujours un ou deux irréductibles admis qui n’intègrent pas l’école jovacienne, seule école à ne pas mettre en place de liste d’attente. Cela reste bien sûr tout à fait négligeable pour une école de l’envergure de HEC.

Pour toutes les autres, cette problématique est majeure et n’est pas forcément l’apanage des écoles du bas de tableau : il faut se rappeler à titre d’exemple que TBS n’avait pas pourvu 92 places en 2018, tandis que l’emlyon s’est fait peur en 2019 et cette année avec un rang du dernier admis (2094) très proche du nombre total de candidats classés (2120).

L’enjeu est bien évidemment de taille : une école qui ne remplit pas peut apparaître aux yeux des préparationnaires comme peu voire pas sélective, ce qui est enclin à rebuter des étudiants qui ont beaucoup travaillé pour les concours. Surtout, un delta important entre le nombre d’étudiants intégrés et le nombre de places proposées représente un manque à gagner considérable pour une école : tandis que ses coûts fixes demeurent peu ou prou identiques, celle-ci se prive de recettes salvatrices par le truchement des frais de scolarité.

Les écoles qui ne remplissent pas en 2020

Elles étaient au nombre de 10 l’année dernière, les voici « seulement » 8 aujourd’hui : exit l’ESC Pau qui a décidé de se retirer du prépa game, ainsi qu’ICN et l’EM Strasbourg qui ont toutes deux plutôt aisément rempli leur promotion cette année. À l’inverse, BSB intègre ce cercle d’écoles pour la premières fois depuis bien longtemps.

Écoles Nombre d’intégrés 2020 Nombre de places proposées 2020 Taux de remplissage 2020 Taux de remplissage 2019
EM Strasbourg 250 250 100% 91%
ICN 250 250 100% 82%
INSEEC SBE 131 140 94% 36%
La Rochelle BS 78 100 78% 76%
BSB 188 250 75% 100%
ISC Paris 69 110 63% 60%
ESC Clermont 40 70 57% 51%
SCBS 25 55 45% 25%
Brest BS 12 30 40% 7%
ISG International BS 6 30 20% 28%

Analyse des tendances d’attractivité des écoles

Les gagnantes du SIGEM 2020

On peut tenter, à l’aune de ces quelques chiffres, de dégager quelques tendances et d’expliquer également les causes des évolutions constatées. Du côté des gagnants de ce millésime 2020, citons d’abord inévitablement celles qui sont parvenues à quitter ce groupe : ICN Business School qui peinait à pourvoir toutes ses places depuis quelques années se permet même d’éliminer un certain nombre de candidats classés et renoue avec la sélectivité : sans doute la récente obtention de la triple accréditation a-t-elle fait son petit effet.

L’EM Strasbourg, qui avait manqué de peu le 100% de places pourvues l’an passé, renoue avec les bonnes vieilles habitudes ; faut-il y voir une corrélation avec son adhésion à la banque d’épreuves Ecricome ? L’école strasbourgeoise a en tout cas bénéficié d’un vivier de candidats bien plus important, qu’elle a certes dû se partager avec NEOMA BS, KEDGE BS et Rennes SB.

L’autre gagnante se nomme INSEEC SBE : après avoir diminué drastiquement son nombre de places cette année, l’école a presque rempli sa promotion ! 131 ex-prépas rejoindront Paris, Bordeaux ou Lyon en septembre, contre 98 l’an passé. A 9 places près, l’INSEEC SBE aurait bel et bien pu remplir pour la première fois depuis bien longtemps. De quoi initier une dynamique positive et pérenne ?

Les écoles qui ont sous-performé

À l’inverse, c’est bien sûr BSB qui fait office de grande perdante cette année : l’école dijonnaise casse une dynamique exceptionnelle, elle qui avait grapillé cinq places en sept ans au SIGEM. Elle se prive par ailleurs de près de deux millions (1,92M€ pour être précis) de frais de scolarité sur les trois prochaines années.

La faute principalement a une barre aux écrits trop élevée cette année : l’école n’a pas classé assez de candidats pour s’assurer de remplir. Par effet de vase communiquant, ces quelque 62 étudiants que BSB a laissé filer ont profité aux autres écoles…

La Rochelle Business School ne remplit pas non plus, malgré l’obtention récente de sa triple-accréditation. L’ISC Paris, en pleine reconstruction, a aussi augmenté sa barre d’admissibilité et l’a payé en ne remplissant pas un programme qui ouvre dès la rentrée prochaine aussi bien à Paris qu’à Orléans. Les deux écoles affichent toutefois un taux de remplissage en progression.

Pour les autres écoles, le taux de remplissage est soit stable, soit en hausse. Quelques écoles semblent néanmoins toujours à la peine, avec des taux de remplissage structurellement inférieurs à 50 % : c’est le cas notamment de l’ISG, de SCBS et de Brest BS. A l’exception de la business school du groupe IONIS, on note néanmoins pour ces dernières une légère amélioration par rapport au passé.

Un avenir radieux ?

Pour les prochaines années, l’avenir s’annonce plutôt radieux pour les Grandes Ecoles. La démographie des préparationnaires est favorable !

Reste à faire en sorte que les Grandes Ecoles partagent mieux ensemble le « gâteau » des préparationnaires afin de permettre à un maximum d’écoles de continuer de faire vivre sur leur territoire des programmes de formation au management de haut-niveau, composés évidemment en partie d’anciens préparationnaires, si appréciés dans le monde du travail pour leur rigueur et leur capacité d’exécution.