Allégorie de la caverne de Platon

L’allégorie de la caverne de Platon (ou le mythe de la caverne) se trouve dans le livre VII de la République. C’est une référence incontournable. Ces écrits de Platon ont donné vie à une théorie à laquelle consent un grand nombre de penseurs. C’est l’un des textes fondamentaux de la philosophie.

Nous te proposons l’explication et l’analyse complète de ce texte pour comprendre l’allégorie de la caverne de Platon.

Cette réflexion aborde des thèmes larges tels que la liberté, la vérité ou encore le réel. C’est un croisement entre de nombreux thèmes constituant les piliers de notre société. L’analyse du mythe de la caverne proposée ici n’a pas pour ambition d’être la plus complète et précise possible, mais simplement de te livrer quelques pistes de réflexions et quelques façons d’utiliser cette référence en colle ou en examen. Tu peux toujours approfondir davantage ton analyse sur Platon en t’intéressant à d’autres articles.

Quelques mots sur la République de Platon

La République est un dialogue de Platon qui présente une utopie politique. Il y présente une idée de la société idéale et de la manière dont elle devrait être organisée.

Platon soutient que la justice ne peut être atteinte que si chaque individu remplit sa fonction naturelle dans la société. Selon lui, il y a trois classes sociales dans la société idéale : les philosophes, les guerriers et les producteurs. Les philosophes sont ceux qui sont dotés de la sagesse et de la connaissance nécessaires pour diriger la société de manière juste. Les guerriers sont chargés de protéger la société contre les menaces extérieures. Les producteurs sont ceux qui s’occupent de la production de biens matériels nécessaires à la vie quotidienne.

Platon estime également que l’éducation est la clé pour atteindre la justice dans la société. Selon lui, les citoyens doivent être éduqués dès leur plus jeune âge pour remplir leur fonction naturelle dans la société et pour être capables de comprendre et de défendre les valeurs de la société.

Les prisonniers de la caverne : allégorie de la condition misérable de l’homme

Dans la caverne de Platon, le philosophe décrit la situation suivante : des hommes sont enchaînés au fond d’une caverne depuis l’enfance. Ils ne peuvent pas bouger, ni voir l’entrée de la grotte et la lumière du jour. Ils voient seulement une paroi contre laquelle ils aperçoivent la lueur d’un feu situé derrière eux et les ombres d’objets.

« Voilà un étrange tableau et d’étranges prisonniers.
Voilà pourtant ce que nous sommes ».

La caverne représente l’ignorance de l’homme. C’est ainsi qu’on peut résumer brièvement ce mythe. De fait, celui qui ne sait pas est comme enfermé (privé de liberté), dans un monde qu’il croit être le vrai monde. En réalité, il n’a pas accès à la connaissance réelle (la lumière du jour). Il a seulement accès à une connaissance biaisée (la lueur et les ombres qu’il perçoit).

Or, il prend cette connaissance illusoire pour la réalité. Telle est la condition de l’ignorant, qui pense que ce qu’on lui dit est vrai. Platon dénonce ici la croyance en la parole des politiques ou des sophistes (des faux philosophes) qui manipulent leur auditoire .

Notons que cette problématique d’accès à la connaissance véhiculée par l’allégorie de la caverne et au savoir est plus que jamais d’actualité. Notamment au regard de toutes les problématiques liées au développement des fake news : elle peut donc permettre d’approfondir ton analyse.

Analyse de la sortie de la caverne : le chemin vers la connaissance

La libération du prisonnier : explication et analyse

« Supposons maintenant qu’on les délivre de leurs chaînes et qu’on les guérisse de leur erreur ».

Dans cette allégorie, l’apprentissage est symboliquement représenté par le moment où l’un des prisonniers est détaché et conduit vers la sortie. Il quitte alors un monde fait de lueurs et d’ombres. Il se dirige vers un monde réel éclairé par le soleil (qui représente la connaissance véridique).

Cette image est hautement symbolique. Elle associe l’accès au vrai à la liberté : c’est l’accès à la connaissance du monde réel qui rend l’homme libre. Au fond, la liberté n’est-elle pas cette élévation de l’homme vers la vérité ? En effet, la liberté ne peut être liberté qu’à partir du moment ou le sujet a accès à une forme de savoir. Avant, elle n’est qu’illusion de liberté. 

Comprendre l’importance de l’éducation dans l’accès à la connaissance pour Platon

Celui qui n’a vu que le faux ne peut donc accéder à la vérité et à la réalité de lui-même car, nous l’avons vu, sa réalité n’est autre que ce qu’il a vu depuis sa naissance. Ainsi, « ce n’est que peu à peu que ses yeux pourront s’accoutumer à cette région supérieure. » Et ce n’est que grâce au travail du philosophe, qui lui, a vu le soleil, que le prisonnier comprendra que ce qu’il voyait dans la caverne n’était qu’illusion.

Platon décrit ici l’importance de l’éducation pour atteindre une forme de vérité. In fine, nul ne peut atteindre la connaissance tout seul ; l’éducation est la seule façon de sortir l’être de son ignorance et de le guider vers une forme de vérité supérieure : vers la lumière du soleil.

L’allégorie de la caverne nous révèle quelque chose de fondamental : la connaissance nécessite l’apprentissage, parfois éprouvant. En effet, les prisonniers enchaînés dans la caverne, même s’ils peuvent parler entre eux, ne sont pas en mesure de se confronter à la réalité. Ils voient en effet tous les mêmes ombres.

Leur réalité est donc la même, elle est biaisée. Ce n’est que et seulement que lorsqu’un prisonnier est sorti de la caverne grâce à un philosophe qu’il peut prendre conscience qu’est ce qu’est la réalité.

Explication du mythe de la caverne et la notion de réalité

Dans ce mythe, Platon nous invite également à nous interroger sur la notion de réalité. Si de prime abord, le réel semble être quelque chose de totalement objectif – puisque partagé par tous, il apparaît en fait que la réalité puisse être extrêmement subjective.

Au fond, ne connaissons-nous pas que notre propre réalité ? Tel est le cas pour les prisonniers qui, n’ayant connu d’autre chose que les ombres, ont créé leur propre réalité : « enfin, ces captifs n’attribueront absolument de réalité qu’aux ombres. Cela est inévitable » .

Cela pose donc une question fondamentale : la réalité existe-t-elle, ou n’est-elle que le fruit de notre expérience ? Fondamentalement, la réalité se définit par l’ensemble des phénomènes, considérés par tous- comme existants. Or, les ombres perçues par les prisonniers existent pour tous les prisonniers. Elles leur semblent réelles dans la mesure où ils n’ont vu que cela. La réalité sensible semble donc purement empirique.

Pour Platon, la réalité n’est donc non pas dans le monde sensible, mais dans le « monde » de la connaissance et des Formes. La représentation du monde sensible n’est qu’une illusion : en sortant de la caverne, en accédant à la connaissance le prisonnier accède donc à la réalité du monde. « Ce captif qui monte à la région supérieure et la contemple, c’est l’âme qui s’élève dans l’espace intelligible », écrit-il.

La réalité n’est donc pas la représentation sensible du monde, mais bien un ensemble de connaissances intelligibles, qu’il nomme les Formes. Grâce à l’explication et l’analyse de l’allégorie de la caverne et la notion de réalité, tu peux comprendre ce que Platon a voulu démontrer.

l’illusion de bonheur ne peut rendre heureux l’homme éduqué : analyse sous le prisme de l’allégorie de la caverne

Vaste notion qu’est le bonheur ! Bien que Platon n’y fasse pas ici une référence détaillée, il explique néanmoins qu’un homme éduqué (celui qui est sorti de la caverne) ne peut être moins heureux que celui qui vit dans la caverne – aussi heureux soit-il.

En effet, au fond, ce bonheur ne sera jamais qu’une illusion. Or, par définition, le prisonnier qui est sorti de la caverne et connaît la réalité sait que ce bonheur n’est qu’illusoire. Ainsi, il ne peut envier les prisonniers, même si ceux-ci semblent, de prime abord, plus heureux que lui : « ne préfèrera-t-il pas mille fois n’être qu’un valet de charrue, au service d’un pauvre laboureur, et souffrir tout au monde plutôt que de revenir à sa première illusion et de vivre comme il vivait ? » . 

Mieux vaut donc, nous explique Platon, être heureux et souffrir dans le monde réel, plutôt qu’être heureux dans un monde illusoire.

L’accès à la sagesse

Cette éducation à la connaissance permet au prisonnier de devenir un homme savant et sage. Ainsi, lorsque le prisonnier – qui a vu la lumière du jour – redescend dans la caverne, bien qu’il soit sujet aux moqueries de ses camarades restés enfermés, et tenté de retomber dans ses croyances illusoires, il va à son tour pousser les prisonniers à sortir de la caverne.

Le bonheur de la connaissance est tel, nous dit Platon, que le prisonnier, ne peut à jamais retomber dans l’ignorance. Cet accès aux Formes, ou Idées, pousse donc le sujet à se conduire avec sagesse : « il faut enfin avoir les yeux sur cette idée pour se conduire avec sagesse dans la vie privée ou publique » .

Allégorie de la caverne explication

Pour aller plus loin : la philosophie de Platon

Platon (Athènes, 424-347 av. J.-C.) est l’un des philosophes majeurs de la Grèce classique et de la pensée occidentale. Son œuvre se compose presque exclusivement de dialogues, qui interrogent chacun un sujet en particulier. Via la dialectique, aussi appelée maïeutique, art du dialogue et de la discussion mais aussi méthode de raisonnement, de questionnement et d’interprétation, il est à la recherche constante de la vérité.

Cette rigoureuse recherche s’étend à tous les domaines d’études importants tels que la métaphysique, la morale, l’esthétique, la politique ou encore la science. Sa quête du réel l’oppose à ses contemporains de la démocratie athénienne, les sophistes. Ceux-ci prônent l’art de convaincre et de plaire, via la rhétorique et les effets du discours.

De son apprentissage avec Socrate à l’Académie

L’apprentissage de Platon débute avec Socrate, philosophe grec et créateur de la philosophie morale. Socrate n’ayant jamais écrit de sa vie, la transmission de la connaissance se faisant alors majoritairement à l’oral. Ce que nous savons aujourd’hui de lui, nous le savons grâce à Platon et ses dialogues, qui mettent presque toujours en scène son maître.

Après la condamnation et la mort de Socrate, Platon fonde sa propre école, l’Académie, dans le but de transmettre sa recherche vers la connaissance. Il enseigne pendant près de 40 ans à de nombreux disciples, tel qu’Aristote.

Lire aussi : Platon vs Épicure : la mémoire

L’éducation, l’accès au « monde intelligible », le lieu des Idées, est donc pour Platon nécessaire, puisqu’il favorise la bonne conduite des hommes et la tranquillité de la cité.

En espérant que l’explication de ce texte vous a été utile pour comprendre l’allégorie de la caverne de Platon ! N’hésitez pas à consulter tous nos autres articles de Culture Générale, ainsi que notre podcast !

Le Major n°15 – Spécial Écrits 2024