Le langage nous permet-il de décrire le monde, ou au contraire est-ce le monde qui structure notre capacité à penser, et donc le langage ? Disons-nous ce qui est, ou influençons-nous le monde par nos dires  ? Comment, dans ce cas, dire le monde ? Peut-on seulement dire ce qu’est le monde ? Telles sont les questions qu’un lecteur pourrait légitiment se poser en ouvrant l’ouvrage de Francis Wolff Dire le monde. Dans cet article, nous allons te présenter les idées fortes de cette très belle œuvre, qui te sera certainement fort utile pour ta dissertation du concours 2023.

Qui est Francis Wolff  ?

Ni plus ni moins que le plus grand philosophe français encore vivant, selon André Comte-Sponville. Quand on a lu Comte-Sponville, ou simplement entendu parler de son œuvre, on mesure tout de suite l’importance de la philosophie de Wolff en France.

Francis Wolff est en effet professeur émérite de philosophie à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il y a été maître de conférences, directeur Adjoint (Lettres et sciences humaines), mais aussi professeur des universités au département de philosophie. Il a par ailleurs enseigné la philosophie comme professeur agrégé du second degré et en classes préparatoires, notamment en khâgne au lycée La Bruyère, à Versailles. Il a pour finir tenu la chaire de philosophie ancienne du departamento de filosofia de l’Universidade de São Paulo (Brésil) et de l’université de Paris-X Nanterre.

Pourquoi lire Dire le monde ?

Tout d’abord, parce que son auteur, bien que peu connu par le grand public, reste une référence d’autorité dans le milieu universitaire, et de facto pour tes futurs correcteurs. F. Wolff dit lui-même qu’il n’a pas cherché à être connu, mais cherchait simplement à philosopher.

La deuxième raison est la richesse du livre, et plus généralement de son œuvre. Lire F. Wolff te permettra en effet de relire de nombreux philosophes, et ainsi, de te plonger facilement dans des débats d’histoire de la philosophie qui t’aideront certainement à attirer l’attention de ton correcteur : il faut dire que les copies en mesure de placer convenablement un sujet dans un débat de l’historique sont assez rares, et sont donc récompensées.

Enfin, il serait aussi intéressant que rentable de lire Dire le monde car son approche est assez originale. En effet, Wolff n’a pas peur de dire « je pense que…». Il ne se cache donc pas derrière tel ou tel auteur, et assume sa pensée.

Voyons maintenant les deux concepts centraux de Dire le monde, qui rendent ce livre absolument génial.

Dire le monde par le langage-monde

Le postulat de départ de la notion de langage-monde est que le monde est tout ce que l’on peut dire. En effet, la philosophie de F. Wolff réfute l’illusion métaphysique qui supposerait un peu naïvement qu’on est en mesure de connaître une réalité en soi.

En effet, on pense souvent – à tort – que le monde existe en soi et qu’on sera en mesure de le décrire par notre langage : mais c’est l’inverse, ce sont les mots qui nous permettent de comprendre, de saisir et de faire le monde. Ainsi, en réalité, la fonction principale de langage est de permettre à l’homme d’accéder au monde. Les mots et les verbes s’entremêlent afin de permettre la compréhension des choses en soi, mais aussi celle des événements par lesquels ces choses nous sont données.

Le professeur émérite poursuit son analyse en postulant que le langage-monde n’est pas unique. Il suppose qu’il existe certainement d’autres langages-mondes, qu’il présentera dans la suite du livre II : le premier langage-monde serait entièrement formé de noms, ou plus précisément de noms propres, donnant ainsi l’identité pure ; le second langage serait, à l’inverse, celui des événements purs.

La différence fondamentale avec notre langage-monde, celui qu’on utilise au quotidien, est que ce dernier est un mélange de ces deux langages précédents. L’idée à retenir est donc que nous parlons à partir du monde, et non à son sujet.

Dire le monde par la parole-monde

La seconde idée tout à fait singulière du livre de F. Wolff est son concept de parole-monde. Il s’agit d’une façon singulière de dire le monde, en ce sens qu’elle est une parole en perspective. La parole-monde est toujours, pour être exact, une parole qui dit « Je ». Elle ne dit pas le monde de façon neutre : bien au contraire, c’est une parole subjective, par laquelle le sujet donne sa vision du monde avant, cela va de soi, les biais intrinsèques à la subjectivité. Cependant, on ne dit pas « Je » tout seul : la parole-monde induit toujours peu ou prou un « Tu ».

En un sens, la parole-monde rattrape un langage-monde faussement absolu, et prend le risque de donner une vision personnelle et subjective du monde. Elle nous réconforte face à l’immensité du monde, qu’on ne saurait jamais saisir dans totalité : car si le monde est tout ce qu’on peut dire, nul ne peut dire tout sur le monde.

Comment utiliser Dire le monde en dissertation

Cela est laissé à la discrétion de chaque candidat. Lorsqu’on utilise une référence, il faut qu’elle puisse réellement coller au sujet, et surtout, donner une certaine sensation de cohérence au correcteur.

Dire le monde peut permettre de dynamiser de nombreux sujets, parce que l’œuvre contient de nombreux paradoxes. Elle ne se contente pas de traiter un aspect superficiel de ce qu’est le monde : F. Wolff tente et réussit à réfléchir sur le monde de façon pure, et à donner à voir la difficulté de conceptualiser une telle notion. C’est l’un des rares livres de philosophie pure restant encore accessible.

Lire Dire le monde t’aidera également à te forger une véritable opinion philosophique sur le thème ; cela rendra   tes prochaines dissertations bien plus fluides. Ainsi, ce livre peut éventuellement constituer un bon dépassement ; mais, encore une fois, il faut veiller à la cohérence d’ensemble.

Le mot de la fin

  • Dire le monde est un très beau livre de Francis Wolff, qui présente deux notions absolument fondamentales pour le programme de 2023 : le « langage-monde » et la « parole-monde ».
  • Lire ce livre permet également de mieux comprendre la difficulté de proposer une réflexion philosophique complète sur le thème du monde, tant ce concept est complexe, et partiellement subjectif.

Nous espérons que ce livre inspirera tes prochaines dissertations.