Salut à toi, jeune étudiant d’ECT. Aujourd’hui, nous allons évoquer un sujet d’actualité qui est également présent au programme d’économie de deuxième année : l’inflation.
Tu le sais déjà, les sujets qui vont tomber aux concours en économie sont souvent en lien avec l’actualité. L’inflation semble aujourd’hui devenir une importante préoccupation tant pour les économistes que pour les consommateurs. Certains s’en inquiètent, alors que d’autres s’en félicitent.
Nous allons alors tenter de comprendre et d’expliquer les causes de ce retour à l’inflation tout en exposant les différentes issues possibles.
I) Tout d’abord, qu’est-ce que l’inflation ?
A. Définitions et chiffres clés
L’inflation peut se définir comme une hausse généralisée et persistante des prix qui s’autoentretient. Cela passe par une hausse des prix des biens et des services, mais aussi des salaires. L’inflation est mesurée et calculée chaque mois en France par l’Insee.
L’inflation est l’opposé de la déflation qui, elle, est un phénomène autoentretenu et généralisé de baisse des prix. Autrement dit, un gain de pouvoir d’achat entraîné par une baisse généralisée des prix. La déflation n’est pas à confondre avec la désinflation qui, quant à elle, est une baisse du taux d’inflation.
Ce qui est certain, c’est qu’il est impossible de mesurer exactement la hausse des prix de tes dépenses à toi, car nous avons tous des dépenses différentes, que l’on habite en zone rurale ou en ville par exemple, ou encore que l’on fume ou non. Nous sommes donc sur une moyenne.
Quelques chiffres :
👉🏻 2015 : 0 %
👉🏻 2016 : 0,2 %
👉🏻 2017 : 1 %
👉🏻2018 : 1,9 %
👉🏻 2019 : 1,1 %
👉🏻 2020 : 0,5 %
👉🏻 2021 : en juin, l’inflation est en hausse de 1,5 % sur un an contre +1,4 % en mai. L’objectif de la BCE, pour cette année, c’est une inflation à 2,2 % dans la zone euro contre 1,9 % prévu en juin. La BCE espère un tassement des prix par la suite.
B. Les différentes causes de l’inflation
Type d’inflation | Mécanisme |
Inflation monétaire | Une création monétaire excessive, qui proviendrait d’une progression des crédits bancaires dans l’économie, se traduit par une abondance de liquidité dans l’économie et incite les producteurs à accroître leurs prix. |
Inflation par les coûts | Une augmentation des coûts de production (matières, salaires, etc.) peut être répercutée sur les prix par les producteurs afin qu’ils préservent leurs marges. Cette inflation peut être importée lorsqu’elle résulte d’une augmentation du coût de produits importés. Cette hausse du prix peut résulter d’une tendance à l’augmentation des prix mondiaux ou de certains d’entre eux (crise du pétrole dans les années 70, augmentation du prix des produits alimentaires depuis 2007, etc.). Elle peut aussi résulter de la baisse du cours de change qui accroît le prix en monnaie nationale des produits importés. |
Inflation par la demande | La hausse des prix résulte d’une tension entre la demande des ménages, des entreprises et de l’État, et les capacités d’offre du système productif. Le déséquilibre peut être sectoriel (goulet d’étranglement), la hausse des prix se diffusant ensuite à l’ensemble des prix. En outre, une forte demande peut inciter les producteurs à augmenter non pas leur production, mais leurs prix. |
Inflation structurelle | L’inflation peut être la résultante des structures économiques. – Elle peut ainsi être due aux tensions entre les groupes sociaux qui partagent la valeur ajoutée (hausse des prix agricoles pour satisfaire les agriculteurs, d’où revendications des salariés pour obtenir en conséquence une hausse de leur salaire, augmentation des coûts et donc des prix des entreprises, etc.). – La concentration des entreprises conduit à des oligopoles, des monopoles. Une réduction de la pression concurrentielle peut mener à des hausses de prix. – Les prix des services augmentent plus vite que l’ensemble des prix du fait des gains de productivité moins importants dans le secteur tertiaire. |
II) Allons-nous connaître un retour à l’inflation ou est-ce seulement un phénomène de court terme ?
Le risque en cas d’inflation ou d’hyperinflation, c’est d’avoir de l’argent qui dort sous le matelas ou sur des livrets, ou même en obligations d’État car elles sont, en ce moment, rachetées en masse par les Banques centrales. En gros, cela va nous faire perdre du pouvoir d’achat.
Le terme d’inflation n’est plus vraiment connu à ce jour. En cause, la désinflation que nous connaissons depuis environ une quarantaine d’années (il faut savoir que dans les années 80, on avait en France une inflation de 15 % et des taux d’intérêt à environ 20 %). Même les Banques centrales n’arrivent aujourd’hui plus à relancer l’inflation malgré de fortes injections de liquidités. Le graphique ci-dessous montre bien que comparé aux années 80, l’inflation est presque inexistante de nos jours (source : Statista).
Il aura tout de même fallu une pandémie pour relancer cette machine à inflation. En effet, la sortie de crise de la Covid-19 a créé de nombreuses pénuries de matières premières dues à une très forte demande qui a été difficile à anticiper. Cette rareté a logiquement augmenté le prix des biens.
Quelques chiffres :
👉🏻 En juin, les prix du secteur de l’énergie ont bondi de 10,9 % par rapport à la même période l’an dernier.
👉🏻 Sur un an, les prix des matières premières ont augmenté fortement de 25 % pour le bois, 30 % pour l’acier. De plus, la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui freine, en outre, la production automobile, se traduit par une envolée des prix des voitures et des véhicules utilitaires d’occasion, l’un des moteurs de l’inflation depuis plusieurs mois.
Or, de nombreux économistes pensent aujourd’hui que ce boom inflationniste n’est qu’un phénomène de court terme, un phénomène conjoncturel, et que nous finirons par retrouver une inflation quasi nulle.
III) L’inflation est-elle réellement bonne pour les entreprises et les consommateurs ?
A. L’inflation et les marchés boursiers
Alors, qui dit hausse de l’inflation, dit hausse des taux d’intérêt, et les actions dans leur globalité souffrent selon de récentes études, et c’est ce que l’on voit actuellement dès que l’on prononce le mot inflation, les marchés baissent, parfois brutalement et de manière forte.
Or, l’inflation peut-être bonne pour les marchés actions selon une étude de Goldman Sachs. Cela dépend du niveau d’inflation. En effet, avec une inflation entre 1 et 3 % et qui tend à augmenter, c’est bon pour les actions. Mais, avec une inflation au-delà de 3 %, et avec une tendance à augmenter, alors le marché va baisser. La sortie de crise de la Covid nous a placés dans une situation de boom inflationniste, ce qui est, a priori, bon pour le marché des actions.
Pour savoir si telle ou telle entreprise cotée sera impactée par l’inflation, demande-toi si une hausse de 20 % de son coût de production, par exemple, pourrait être passée dans son prix final de vente ? Si la réponse est non, l’entreprise ne peut se protéger de l’inflation. L’entreprise doit donc imposer ses prix, elle doit avoir du « pricing power », comme les grands groupes de luxe (LVMH, Kering…).
Enfin, les cryptomonnaies peuvent bénéficier d’une inflation et encore mieux d’une hyperinflation, ainsi que de la perte de confiance en la monnaie, c’est une monnaie qui devient de plus en plus une monnaie de refuge.
B. L’inflation peut toutefois créer un climat d’incertitude en ce qui concerne l’évolution future des prix
Dans les pays qui connaissent une forte inflation sur le long terme, les taux d’inflation peuvent devenir variables. Cette variabilité réduit le contenu informationnel du système des prix et entrave, entre autres, la conclusion des contrats nominaux à long terme (contrat de prêt par exemple).
C. Des effets néfastes en termes de compétitivité et donc au niveau de l’emploi
Dans un pays, lorsque le taux d’inflation est supérieur à celui de ses principaux partenaires commerciaux (autres pays), la compétitivité prix se dégrade, conduisant à un déficit de la balance commerciale.
D. La hausse des prix a aussi un effet sur la répartition des revenus ; or, toutes les catégories ne sont pas touchées de la même manière
Certains agents se retrouvent pénalisés en voyant leur rémunération érodée par l’inflation tels que les retraités ou certains salariés dont les revenus sont indexés imparfaitement et avec retard sur l’inflation.
Cependant, l’inflation avantage les agents endettés tels que les entreprises et l’État. En effet, l’inflation allège les charges de remboursement des prêts. L’inflation modérée et soutenue peut donc stimuler le crédit qui entraîne l’investissement et la consommation des ménages.
E. L’inflation comme moteur de la croissance ?
👉🏻 Première position : un moteur de la croissance.
Il existe un lien entre l’inflation et la croissance. En effet, l’inflation serait un moteur de croissance, car comme vu dans le point précédent, elle favoriserait le recours à l’endettement pour financer la consommation et les investissements.
👉🏻 Seconde position : un frein à la croissance.
L’inflation dégraderait la compétitivité et les exportations qui constituent une part de la demande globale et créerait alors un climat d’incertitude, non propice à l’investissement.
Une étude de l’économiste Barro va en ce sens. Il a réussi à démontrer que pour l’ensemble des pays observés (100), l’inflation tendait à ralentir la croissance. Mais les résultats concernant les pays avec une inflation inférieure à 20 % ne seraient pas significatifs.
Donc, les économistes semblent avoir plus à craindre de l’hyperinflation que d’une inflation modérée aux effets positifs.
IV) Pourquoi avons-nous aujourd’hui une inflation aussi basse ?
Tout d’abord, la dette peut décourager la consommation du secteur privé, ensuite, la délocalisation ou encore l’automatisation de la production qui a eu un impact sur les coûts, car on a substitué le capital au travail.
V) Comment va évoluer l’inflation ?
Dans de nombreux pays, d’après certains économistes, on va passer d’une politique monétaire à une politique budgétaire, d’un focus du capital à un focus sur le travail, d’une mondialisation à une localisation, et enfin d’une déflation à une inflation, par exemple, les chèques versés aux ménages aux États-Unis favorisent forcément l’inflation, tout comme les aides d’État qui se multiplient face aux inégalités que la crise de la Covid a créées. Nous pourrions donc voir le retour de l’inflation, c’est ce qui est constaté aux États-Unis avec une inflation de 0,5 % en juillet contre 0,9 % en juin, et quand même une hausse de l’inflation de 5,4 % sur un an. Le président de la Fed, Jerome Powell, a annoncé début août que l’accélération de l’inflation n’était qu’un phénomène temporaire, même s’il a ajouté que cette période pourrait être plus longue qu’estimée initialement. La question reste à savoir si elle sera ou non de court terme, car entre juin et juillet, l’inflation ralentit un peu malgré des niveaux élevés… Comme le montre ce graphique ci-dessous, représentant l’évolution de l’inflation depuis la fin des années 50, aux États-Unis, la tendance haussière semble reprendre, même si nous sommes encore loin du pic des années 80, nous arrivons à des niveaux ressentis en 2008, causés par la crise des subprimes. À l’époque, la crise des subprimes a entraîné une dépréciation des institutions financières, qui a elle-même provoqué la panique des marchés et la hausse des matières premières.
Bon courage à toi et à très vite !