En 2016, emlyon façonne sa nouvelle identité qui conditionnera grandement, aujourd’hui encore, ses orientations stratégiques et ses partis-pris pédagogiques : le concept « early makers ». Pas vraiment limpide de prime abord, la philosophie early makers a pourtant pour corollaire une expérience étudiante qui se veut unique dans le paysage des écoles de management françaises. Cet article se propose de passer en revue ce qui en fait l’intérêt et la spécificité, loin des idées reçues dont peut pâtir celui-ci.

En préambule, emlyon business school a-t-elle revu ses critères de sélectivité ?

On reproche d’abord à emlyon d’avoir sacrifié sa sélectivité sur l’autel de la course à la taille. Pourtant, l’augmentation du nombre de places allouées chaque année aux prépas entre 2017 et aujourd’hui correspond exactement à la moyenne du top6 SIGEM (+8%). Quant aux admis sur titre, le nombre d’admis est resté identique depuis 2018 ; leur proportion dans la promotion du Programme Grande Ecole a donc mécaniquement baissé l’année dernière. Par ailleurs, le nombre de candidats AST s’est régulièrement accru, augmentant mécaniquement la sélectivité du programme.

En réalité, la croissance des effectifs globaux d’emlyon découle principalement, ces dernières années, du développement du Global BBA (programme post-bac) au sein des divers campus de l’Ecole et de la création de nouveaux programmes masters. L’objectif affiché par l’école, au sein du Programme Grande Ecole, est ainsi de ne pas recruter davantage, mais bien de recruter « mieux ».

La promesse de l’emlyon : former des « early makers »

À travers cette mission, emlyon a cultivé une philosophie qui structure ses choix stratégiques et pédagogiques depuis maintenant plusieurs années. Celle-ci trouve ses racines dans la philosophie américaine du pragmatisme, qui consiste à affirmer que le sens d’une proposition dépend de ses effets pratiques, mais surtout à ne pas séparer réflexion et action.

Basé sur cette philosophie, le Programme Grande École se divise en deux grands temps : d’abord une première année pendant laquelle l’accent est mis sur l’acquisition des fondamentaux du management (marketing, finance, comptabilité, etc.). S’ajoutent à cela des cours plus atypiques dans une école de commerce, qui abordent par exemple la recherche appliquée en sciences sociales, le codage ou la prospective. Ces enseignements à la croisée des chemins portent cette philosophie early makers, qui vise le plus possible à décloisonner et hybrider les savoirs afin de permettre aux étudiants d’acquérir des compétences rares sur le marché du travail. Cette première année est aussi l’occasion pour les étudiants de s’impliquer pleinement dans la riche vie associative de l’école ; l’une des rares en France à être chapeautée par une Corporation étudiante. La première année s’achève finalement par un stage à l’étranger d’une durée de quatre à six mois.

Un parcours en Master aux multiples possibilités

Le cycle Master (à partir de la deuxième année) s’ouvre ensuite sur un parcours « à la carte ». Les étudiants se voient offrir un large éventail de cours : les matières ayant trait au management bien sûr, mais aussi des cours de langue, de sport ou encore de professionnalisation (pour apprendre à construire son profil LinkedIn ou à négocier son salaire par exemple).

La plupart des cours aborde ainsi les « classiques » du mangement, mais sous un prisme atypique, en y mêlant des disciplines ou des thématiques connexes (sociologie, psychologie, anthropologie, coding, géopolitique, éthique, développement durable, etc.). Ce parti-pris est porté par la faculté d’emlyon, dont l’expertise issue de la recherche peut ainsi librement s’exprimer dans la pédagogie et bénéficier aux étudiants de l’école.

Par ailleurs, ce parcours à la carte permet aux étudiants une grande flexibilité en termes de temporalité : les cours sont pensés par module de deux mois, de sorte qu’il soit possible de partir à l’étranger ou d’effectuer un stage assez librement durant le cursus. Certains choisissent donc de valider rapidement tous les acquis académiques, quand d’autres effectuent une année de césure… ou bien s’embarquent dans un tour du monde à la rencontre des entreprises aux méthodes de management les plus novatrices de la planète !

Ce système de parcours « à la carte » a pour corollaire une grande responsabilisation des étudiants. Ces derniers sont enjoints à prendre connaissance des contenus des cours – disponibles en ligne – avant de les choisir afin de s’assurer que chacun d’eux correspond au parcours qu’ils souhaitent construire au cours de leur scolarité. Le dispositif « Accompagnement parcours early maker » aide les étudiants à façonner leur propre parcours de façon individualisé et informée.

Le dépassement du clivage distanciel / présentiel

Depuis cinq ans, le PGE de l’école a fait le choix d’embrasser les changements des organisations en prenant le virage du digital. L’école a ainsi surpassé l’opposition classique entre cours en présentiel et en distanciel : chaque enseignement est enrichi d’une multitude de ressources accessibles en permanence en ligne, auxquelles s’ajoutent l’accès aux bases de données et au Learning Hub, véritable bibliothèque numérique

Par ailleurs, toujours grâce au digital, emlyon a développé le concept de communauté avec l’ensemble des parties prenantes de l’école (étudiants, professeurs, diplômés, etc.) afin de favoriser les interactions autour des cours, des professions, de thématiques business…  Le big data et l’intelligence artificielle sont également présents de manière transverses dans la quasi-totalité des contenus de cours, car le parti-pris d’emlyon consiste à affirmer que ces deux notions seront nécessairement centrales dans les métiers de décisionnaires que sont amenés à occuper les diplômés de l’école.

Déjà amorcées il y a plus que quatre ans, le développement de la philosophie early makers et des changements structurels qu’elle suppose se poursuit au sein de l’école. Sous la houlette de son nouveau directeur, Lionel Sitz, le PGE de l’emlyon compte encore enrichir son parcours pour proposer un cursus toujours plus en phase avec les attentes des étudiants et des recruteurs.

Propos tirés d’une interview de Lionel Sitz, Directeur du PGE, donnée à Verbatem.