ENS Paris-Saclay

Les deux (voire trois) années de classes préparatoires constituent un moyen d’accès aux écoles de commerce, mais certains d’entre vous ont pu les concevoir comme une fin. Eh oui, à force de faire de l’ESH ou des maths, une passion a pu naître : le syndrome de Stockholm se manifeste, vous êtes amoureux de l’économie et vous souhaiteriez que la romance se prolonge. L’ENS Paris Saclay (ancienne ENS Cachan) est là pour vous, et vous pouvez y accéder grâce au concours D2 option 2-3-4 ouvert aux ECS, aux ECE et aux ECT. On rappelle qu’il existe aussi des prépas ENS Cachan D2 (on utilisera Cachan ou Paris-Saclay de manière identique).

Vous trouverez ici les rapports de jury des années précédentes. Pour information, vous êtes en Concours 1e année, concours D2_234.

Pourquoi choisir l’ENS Cachan ? Quels sont les débouchés ?

La vocation première de l’ENS Cachan est de former les futurs cadres de l’enseignement et de la recherche publique. Les débouchés conformes à ces missions peuvent se décliner autour de trois pôles :

  • l’enseignement supérieur : maître de conférences, professeur des universités…
  • la recherche : chargé de recherche, directeur de recherche, ingénieur d’études, ingénieurs de recherche.
  • l’enseignement secondaire : professeur agrégé (classes préparatoires, BTS, IUT, universités, écoles d’ingénieurs…), personnel de direction (chef des travaux, proviseur), personnel du corps de l’inspection (inspecteur d’académie, inspecteur général).

À la sortie de l’École, une proportion croissante d’élèves s’oriente vers les métiers de cadres de la fonction publique en préparant les concours d’accès aux grands corps de l’État : IPEF (fusion de l’ENGREF et de l’ENPC), l’INSEE, la DGA et les Mines, ou l’École Nationale d’Administration. Il existe également, depuis peu, par un accord entre les deux établissements, une possibilité d’intégrer Sciences Po.

Certains élèves se tournent plutôt vers les milieux économiques et industriels, plus particulièrement au niveau des filières professionnelles scientifiques après la soutenance d’un doctorat.

L’ENS Paris-Saclay (ENS Cachan propose une grande flexibilité dans votre parcours : il est possible de changer de département, d’opter pour un double cursus avec une école de commerce, etc. De plus, l’ancienne ENS Cachan appartient désormais au campus de Paris-Saclay, d’où sa nouvelle appellation d’ENS Paris-Saclay. Ce lieu est destiné à devenir un pôle mondial de recherche et d’enseignement, où sont présentes plusieurs grandes écoles telles que HEC, l’Ecole Polytechnique, etc. Donc être normalien ne se limite pas à se destiner à une carrière d’enseignant-chercheur, même s’il s’agit de sa première vocation. Dans tous les cas, tout est mis à disposition pour que votre parcours soit le plus enrichissant possible et axé sur l’ouverture internationale.

Comment intégrer l’ENS Cachan ?

Il faut tout d’abord, à la suite des épreuves écrites de la BCE, être admissible au moins à l’une des trois parisiennes (HEC-ESSEC-ESCP), ce qui vous permet ensuite de passer l’oral qui déterminera votre admission. Il faut donc, lors de votre inscription à la BCE, cocher la case ENS Paris-Saclay et passer les épreuves des parisiennes. Chaque année, à l’issue de ces oraux, l’ENS Cachan recrute entre 8 et 10 étudiants sur environ une centaine de candidats. Il est à noter que ce sont majoritairement les ECS qui sont retenus.

Les oraux ECS, ECE et ECT de l’ENS Cachan

Il y a, pour chaque filière, deux épreuves générales qu’elle partage avec les autres filières, et une épreuve qui lui est spécifique. Ces trois épreuves ont lieu dans une même journée. Les deux épreuves communes sont l’entretien de personnalité et de culture générale, qui compte coefficient 2, ainsi que  l’épreuve de mathématiques, de même coefficient.

L’épreuve spécifique est coefficient 1. En ECS, il s’agit d’une épreuve de géopolitique, en ECE d’une épreuve d’ESH et en ECT d’une épreuve d’analyse et/ou de politique économique. Notez que ces épreuves spécifiques, ainsi que l’épreuve de mathématiques, sont semblables aux épreuves orales de l’ESCP/HEC. Seul l’entretien de personnalité/culture générale sera vraiment nouveau pour vous.

A) Entretien de personnalité et/ou culture générale

L’épreuve se divise en deux parties : il y a tout d’abord 30 minutes de préparation sur un texte de littérature des idées (Bachelard, A.Smith, M. Weber, etc.), un poème, un article, etc. portant sur un thème particulier  et d’une longueur comprise entre 20 à 25 lignes environ.

Ensuite, il y a 20 minutes de passage devant deux professeurs du département. L’oral se déroule en trois temps :

  1. Présenter votre réflexion par rapport au texte (10 minutes)
  2. 10 minutes de discussion autour du texte avec les examinateurs
  3. Et éventuellement, quelques minutes de questions libres sur votre projet (il y a de fortes chances pour que cela se résume à la question « pourquoi l’ENS Paris-Saclay et pas une école de commerce ? »).

Conseils

Les rapports de jury des oraux le répètent chaque année : ils veulent tester votre intelligence, et non votre érudition. Il faut être capable de construire une réflexion personnelle sur les textes que l’on vous propose, d’argumenter et de défendre un point de vue.

Méthodologie

Dans l’introduction :

  1. Résumer le paratexte, le thème et la thèse du texte : les examinateurs vérifient dès le début si vous avez bien compris le texte, c’est majeur car il s’agit de la première impression que vous leur donnez !
  2. Définir les termes essentiels, puis faire émerger une problématique à partir de ces définitions : il faut montrer que l’on sait situer cette problématique dans l’histoire des idées.
  3. Annoncer votre plan, en deux ou trois parties.

Il faut vous prononcer sur ce texte, et donc essentiellement montrer les portées et les limites de la thèse du texte que l’on vous propose. Insistez bien sur les portées puisque si  ce texte vous est proposé par le jury, ce n’est pas par hasard : il s’y trouve quelque chose d’intéressant à analyser. Pour cela, révisez bien vos cours de première année de culture générale, revoyez vos cours de sociologie (pour les ECE) : il faut avoir une base solide pour être capable de saisir les enjeux du texte. N’hésitez pas à donner votre avis : tant que le raisonnement est solide, les arguments pertinents et un minimum nuancés, vous donnerez au jury de quoi rebondir pour la seconde partie de l’épreuve.

Dans l’entretien :

Ce qui compte, dans cette partie, c’est de répondre de manière argumentée aux questions que l’on vous pose. Quitte à réfléchir lorsque vous n’avez pas la réponse (et donc laisser un blanc), ou à engager une discussion si vous n’avez pas compris la question. Le jury le répète dans les rapports de jury : il faut avouer lorsque l’on ne sait pas, être capable de limiter la sphère de ses connaissances et faire preuve ainsi d’honnêteté intellectuelle (mais n’abusez pas trop, c’est deux jokers grand maximum).

Il faut à tout prix éviter le tac-au-tac et c’est là la différence essentielle avec les oraux des écoles de commerce : on ne regarde pas tout ce que vous savez mais au contraire on essaie de comprendre comment vous vous fondez sur ces connaissances (qui sont de toute façon limitées) pour construire une réflexion pertinente.

Le rythme de l’oral est donc beaucoup plus lent que dans un oral d’école de commerce et, bien évidemment, il faut être détendu pour que tout cela puisse se dérouler d’une manière optimale.

L’épreuve spécifique : ESH / Géopo / Analyse

Aucune différence majeure avec une épreuve type ESCP, vous avez une demi-heure de préparation puis 20 minutes de passage.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en ESH l’épreuve proposée par l’ENS est plus poussée qu’à l’ESCP : on attend beaucoup plus de vous. Il faut faire attention aux détails ; par exemple lorsque vous citez une doctrine, un auteur, pensez à citer le titre de l’ouvrage et la date. Il faut absolument connaître par cœur son cours de micro et de macroéconomie. Sachez qu’une bonne formalisation mathématique fait toujours plaisir au correcteur. De plus, des sujets originaux peuvent vous être proposés, très liés à l’actualité, et il faudra être capable de pouvoir les analyser à partir de vos connaissances en ESH.

Voici quelques exemples de  sujets qui ont été donné en 2015 et en 2016 en ESH : 

  • En quoi la lutte contre les inégalités est-elle nécessairement préjudiciable à l’efficacité économique ?
  • Faut-il baisser l’imposition des entreprises en tant de crise?
  • Les politiques structurelles, un substitut aux politiques conjoncturelles ?

En géopolitique, les sujets sont réputés pour avoir une certaine dominance économique : n’ayez crainte, on n’attend pas de vous des connaissances précises en économie. Désormais, ce ne sont plus seulement des membres du département D2 en éco-gestion qui vous examinent mais également des personnes venues de l’extérieur : Sciences Po, etc. Ces derniers ont bien conscience que vous n’avez pas eu une formation poussée en économie, mais vous devez être au fait de quelques notions – ce que réitèrent les jurys dans leurs rapports – par exemple, l’inflation, la monnaie internationale ou encore le mécanisme de crise économique, etc. Toutefois, les jurys soulignent que les meilleurs exposés sont ceux qui allient raisonnement logique, connaissances factuelles (historiques, géographiques) et conceptuelles, avec l’emploi d’exemple précis.

Mathématiques

Même chose, 30 minutes de préparation puis 20 minutes de passage. Le jury est composé d’un examinateur seul.

Cette épreuve est en tout point semblable à celle que propose HEC et/ou l’ESCP Europe pour les ECS.

La seule différence est le niveau de difficulté des exercices : vous pouvez très bien, venant de série économique, tomber sur une épreuve de série scientifique, et vice versa. Les exercices peuvent aller d’une difficulté niveau EDHEC jusqu’à HEC, c’est très variable : il faut tirer au maximum profit de ces écarts de niveau entre exercices ; vous êtes jugés relativement à la performance des autres candidats.

Conseils

Connaître par cœur son cours, cela signifie essentiellement comprendre son cours : l’examinateur trouve immédiatement les failles s’il en existe, et la sanction tombe immédiatement…

Un extrait du dernier rapport de jury :

             “Les meilleur·es candidat·es se distinguent par la clarté de la présentation, la rigueur logique de la démonstration et une bonne capacité à réagir face à des sujets originaux. En effet, outre la démonstration de leurs capacités techniques, il est demandé aux candidat·es de faire preuve d’initiative face à des exercices atypiques. Plutôt que de tester si les candidat·es « savent » ou « ne savent pas », c’est la capacité à formaliser des idées originales et à les articuler au sein d’un raisonnement que le jury cherche à observer au cours de l’oral, en particulier à l’aide des questions sans préparation. Le jury encourage donc les candidat·es à faire part de leurs idées  et des pistes envisagées au fur et à mesure de la réflexion, qu’elles s’avèrent fructueuses ou non.”

Pour conclure, l’épreuve de l’ENS Paris-Saclay a pour originalité de valoriser votre capacité d’analyse et de raisonnement de manière plus attentionnée que pour d’autres oraux d’école de commerce. Le site de l’ENS Paris-Saclay fait état d’une certaine opacité au sujet de ces épreuves, puisque peu d’informations nous sont délivrées. J’ai pu vous fournir ces précisions supplémentaires grâce aux divers témoignages fournis par de très aimables étudiants ayant intégré, mais également grâce à ma propre expérience. Je n’ai plus qu’à vous souhaiter bon courage à tous, et également à vous rappeler que l’entrée sur concours n’est pas le seul moyen pour intégrer l’ENS Cachan, puisqu’il existe un système d’admission sur dossier !

Pour ceux qui ont passé cet oral, n’hésitez pas à nous communiquer depuis notre page Facebook les sujets sur lesquels vous étiez tombés lors de cet oral pour que les étudiants aient une idée plus précise de ce qui les attendent !