Avec Sarah Abdesselam, nous avons l’objectif de vous fournir dix clés d’analyses de la question environnementale sous deux aspects différents. Il y aura un aspect très classique, qu’il faut savoir manier et que vous verrez très certainement en cours. Puis un second, plus original peut-être et qui vous permettra d’élargir votre réflexion à ce sujet, voire même de l’inscrire dans une perspective qui dépasse la seule question environnementale. Enjoy!
9. Voir l’environnement différemment : un bien public mondial
Qu’est-ce qu’un bien public mondial ?
Ce sont des biens non rivaux et non exclusifs. Leur consommation est indivisible, elle vient des États nationaux. Selon Kindleberger, il existe cinq types de bien publics mondiaux : le SMI, le système financier international, le commerce international, le système de coordination des politiques économiques et le système de droit privé.
D’autre part, les institutions internationales telles que l’OMS, l’UNESCO, l’ONU, le FAO entrent dans cette catégorie.
Dès lors, comment appréhender l’environnement ?
Dans le Rapport Stiglitz (2009) on propose la création d’un conseil mondial de coordination économique qui se substituerait au G20 et au FMI.
« Par définition, sans coordination, les pays n’ont pas d’incitation suffisante à investir dans des biens publics régionaux et globaux (par exemple, la stabilité éco, la stabilité financière et la stabilité de l’écosystème) » — Rapport Stiglitz (2009)
En effet, compte tenu de la portée mondiale du problème de l’environnement, il existe une forte interdépendance entre les États. Pour cette raison, on peut qualifier l’environnement comme étant un bien public mondial. Ainsi, les solutions coopératives sont préférables aux solutions individuelles conformément au Folk Theorem. A l’encontre de la théorie d’A.Smith qui spécifie que la somme des actions individuelles aboutissent à l’intérêt général (cf : la main invisible), ce théorème montre que les solutions coopératives sont les plus efficiente. Toutefois, dans le cadre d’une action collective, ce que présupposent les solutions coopératives, il y a toujours le risque du free rider, comme le souligne OLSON, ce qui entraîne un risque de dumping écologique.
Petit topo sur le Folk Theorem
Le Folk Theorem décrit ce qui se produit en situation de dilemmes du prisonnier répétés et aboutit à la conclusion que les acteurs ont intérêt à coopérer ! Cette situation s’adapte à tous les dilemmes du prisonnier.
Dans une situation de dilemme du prisonnier non répétée, tous les acteurs ont intérêt à continuer à polluer pour favoriser leur production — polluante — à court et moyen terme. Les pays n’ont ici pas intérêt à se mettre d’accord puisque leur décision affecte le court terme.
Néanmoins, si on décide de répéter le dilemme du prisonnier (une situation plus conforme à la réalité), les Etats vont devoir intégrer dans leur calcul le fait que s’ils décident tous de polluer comme dans la situation précédente, ils vont déclencher une crise écologique majeure. Afin d’éviter que ce risque — qui porterait préjudice à tous à long terme — se concrétise, la solution la plus optimale change : il devient avantageux pour les pays de ne pas polluer de manière concertée.