multiplicateur keynésien

Nous allons vous présenter une des théories les plus majeures de l’histoire de la pensée économique ! Il s’agit de la célèbre théorie de l’effet multiplicateur keynésien. Pour bien comprendre cet article, je vous recommande de relire celui qui porte sur la théorie du diagramme à 45° de Samuelson. Rappelons que cette théorie de l’effet multiplicateur de Keynes permet de comprendre comment se réalise l’équilibre sur le marché des biens et services.

Les hypothèses de l’effet multiplicateur keynésien

Trois hypothèses sont au fondement du multiplicateur keynésien :

1) Raisonnement en courte période : dans ce cas, les capacités de production sont fixes, et si elles sont en partie inutilisées, la relance est efficace sur l’activité économique

2) Les prix sont rigides et il existe un sous-emploi de type « chômage keynésien » (chômage causé par une insuffisance de la demande)

3) Le taux d’intérêt est constant pour éviter un effet d’éviction.

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L’idée centrale de l’effet multiplicateur de Keynes

Commençons par exposer clairement l’idée centrale de cette théorie. Selon Keynes, toute augmentation de la demande globale entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu.

Ainsi, toute augmentation de l’investissement, de la consommation ou des dépenses publiques, va entraîner une hausse plus que proportionnelle de la richesse produite dans le pays.

Comme nous le savons (cf. article sur le diagramme à 45° de Samuelson), il y a équilibre dans l’économie si et seulement si :

Z = Ys = Y = C + I + G

avec Ys : l’offre ; Z : la demande ; Y : le revenu national ; C : la consommation ; I : l’investissement et G : la dépense publique.

Rappelons que C, I et G forment les trois composants de la demande globale.

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Déploiement par vagues successives de l’effet multiplicateur de Keynes

  1. Prenons l’exemple d’une hausse de la consommation incompressible (notée ΔCo.). Co désigne la consommation incompressible des ménages, c’est-à-dire ce qu’ils consomment même lorsque leur revenu est nul (pour répondre aux besoins physiologiques…).
  2. Pour répondre à cette hausse de la consommation, les entreprises vont augmenter leur production de ΔCo
  3. Puisque la production est distribuée sous forme de revenus, les revenus augmentent de ΔCo.
  4. Ainsi, la consommation des ménages augmente de c*ΔCo, avec c la propension marginale à consommer (c est compris entre 0 et 1, il s’agit de la partie que consacrent les ménages à la consommation lorsque leur revenu augmente), ce qui provoque dans le même temps une hausse de la demande de c*ΔCo, qui va à son tour augmenter l’offre des entreprises, etc.

Nous voyons que se dessine un cercle positif !

C’est donc la propension marginale à consommer, notée PmC, qui va déployer l’effet multiplicateur en vagues successives.

Maintenant, il s’agit d’expliquer pourquoi l’investissement permet d’accroître les richesses de l’économie de manière plus que proportionnelle. Pour cela, nous allons formaliser mathématiquement l’effet multiplicateur keynésien.

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La formalisation mathématique du multiplicateur keynésien

À l’équilibre, l’offre est égale au revenu national qui est égal à la demande soit : Ys = Y = Z

Or, la demande globale correspond à la somme de la consommation des ménages, de l’investissement des entreprises et des dépenses publiques de l’État soit : Z = Y = C + I + G

Par souci de clarté, nous ne tiendrons pas compte des dépenses publiques ici. Donc  Y = C + I

Étudions l’impact d’une variation de la demande globale sur la variation du revenu national : soit ΔY = hausse du revenu national ; ΔC = hausse de la consommation et ΔI = hausse de l’investissement ; c la propension marginale à consommer. 

En partant du postulat que : ΔY  = ΔC ΔI 

Puis en s’aider du paragraphe précédent, on sait que : ΔC = c*ΔY

Ainsi, en remplaçant ΔC dans l’équation on obtient  :

ΔY  = c*ΔY ΔI

Puis on insole ΔI en faisant passer c*ΔY à gauche :

ΔY  – c*ΔY = ΔI

ΔY  (1-c) = ΔI

Enfin, pour comprendre comment la variation de I (soit ΔI) impacte Y, on isole ΔY :

ΔY  = ΔI (1/1-c)

Conclusion : l’effet multiplicateur keynésien est égal à 1/(1-c). Une variation de la demande globale entraîne une variation plus que proportionnelle (1/(1-c)) du revenu global.

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