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Salut à toi, jeune étudiant de CPGE. Aujourd’hui, nous allons aborder un chapitre assez dense sur le financement de l’économie. Nous verrons quels sont les besoins et capacités de financement des agents économiques, et ensuite nous verrons l’évolution des modes de financement en France.

I. Les besoins et les capacités de financement des agents

Tout d’abord, les agents à besoin de financement sont ceux qui ont des ressources financières insuffisantes afin de financer leurs dépenses. A contrario, les agents à capacité de financement sont ceux qui ont des ressources financières supérieures aux dépenses.

A) L’entreprise

L’objectif premier de l’entreprise est de produire des biens et des services marchands (but de maximiser ses gains de production).

En termes de besoins :

  • court terme => besoin en fonds de roulement, qui peut augmenter ou diminuer selon les délais de paiement accordés par les fournisseurs et proposés aux clients ;
  • long terme => l’investissement, FBCF (formation brute de capital fixe), financement par l’autofinancement (interne) et par l’endettement (externe) ou via les marchés financiers.

L’analyse des besoins et des capacités de financement des entreprises s’effectue à partir du taux d’autofinancement, qui est un indicateur qui mesure la capacité d’une entreprise à s’autofinancer (donc, financer ses investissements par ses propres ressources).

La situation financière des entreprises a évolué au cours du temps. En effet, on note deux périodes pendant lesquelles les entreprises sont en capacité d’autofinancement (entre 1997 et 1999, puis entre 2003 et 2004). Depuis 2005, les entreprises sont en besoin de financement.

B) Les ménages

Les ménages ont des besoins de court et long terme au niveau du financement :

  • court terme => opérations de consommation ;
  • long terme => l’investissement tel que l’acquisition de biens immobiliers.

En règle générale, les ménages parviennent à épargner une partie de leurs revenus (environ 15 %). On considère donc que les ménages sont des agents à capacité de financement.

C) L’État

Jusque dans les années 70 (Trente Glorieuses), l’État parvenait à maintenir l’équilibre budgétaire. La situation s’est depuis dégradée.

L’État semble être un agent à besoin de financement. En effet, les besoins de financement de cet agent n’ont fait qu’augmenter ces dernières années. Les administrations de sécurité sociale ne sont plus à besoin de financement depuis 2016 et depuis, leur capacité de financement s’améliore. Mais, à l’inverse, les administrations publiques locales sont, depuis 2019, des agents à besoin de financement.

Globalement, l’État est un agent à besoin de financement, car ses ressources (recettes fiscales) ne permettent pas de financer ses dépenses (redistribution, investissement public…).

II. La rencontre entre les besoins et les capacités de financement des agents

Pour Hicks, il existe deux formes d’économie, à partir des formes de financement de celle-ci.

A) L’économie d’endettement – John Richard Hicks

L’économie d’endettement repose sur une utilisation importante du crédit bancaire pour faire face à l’insuffisance des capacités de financement des agents.

Ce financement passe par les banques, qui jouent le rôle d’intermédiaire entre agents à besoin de financement et ceux à capacité de financement.

=> Financement intermédié ou financement indirect.

B) L’économie de marchés financiers ou économie de marchés de capitaux – John Richard Hicks

Ici, les agents qui dégagent des capacités de financement suffisantes (épargne des ménages et des entreprises) permettent de financer les besoins de financement de l’économie.

Le lieu de rencontre est le marché financier => financement désintermédié ou financement direct.

Complément : selon les pays, le financement de l’économie n’est pas réalisé par l’un ou l’autre des systèmes. Ils cohabitent, certains pays vont préférer l’un à l’autre.

III. L’évolution des modes de financement en France

A) Le développement de l’économie d’endettement au cours des Trente Glorieuses

1. Les caractéristiques de l’économie d’endettement entre 1945 et 1980

Après la guerre, l’objectif était de reconstruire. Cette reconstruction est passée par une demande importante en termes d’investissement.

La loi de 1945 va déboucher sur une spécialisation des activités bancaires. En effet, celles-ci sont classées en trois catégories en fonction des échéances des dépôts et des crédits qu’elles gèrent :

  • les banques de dépôt ;
  • les banques d’affaires ;
  • les banques de crédit à moyen et long terme.

L’État contrôle directement les banques, dont l’activité repose sur le financement de certains secteurs économiques :

  • Crédit Agricole pour l’agriculture ;
  • Crédit Mutuel pour l’immobilier ;
  • Banque Populaire pour les commerçants, artisans et petites entreprises ;
  • Banque française du commerce extérieur pour les exportations.

Cette spécialisation bancaire dominera le système de financement français jusqu’au début des années 80.

2. Le rôle des banques

Dans une économie d’endettement, l’économie est assurée par les banques, qui jouent le rôle d’intermédiaire. En effet, elles reçoivent des dépôts (ressources financières provenant des agents à capacité de financement) et ensuite, octroient des crédits (aux agents à besoin de financement).

  • Que se passe-t-il s’il y a plus de crédits que de dépôts ?

Dans ce cas, les banques empruntent sur les marchés financiers (aux autres banques).

Ensuite, la banque fabrique de la monnaie en accordant des crédits = les crédits font des dépôts, car l’argent circule et revient à la banque.

  • Les banques peuvent-elles prêter à l’infini ?

Non, car elles doivent garder des fonds propres afin d’éviter la faillite.

Pour conclure, la banque peut accorder deux types de crédits (à partir des dépôts = financement non monétaire, et ceux qui s’appuient sur la création monétaire = financement monétaire).

3. Limite à la création monétaire par les banques et rôle de la BCE

La BCE a deux objectifs principaux : réguler et contrôler la création monétaire (éviter l’inflation).

Ses objectifs sont d’assurer le bon fonctionnement du marché interbancaire (accorder des liquidités aux banques…) et réguler la masse monétaire en circulation (intervention sur le taux directeur ou taux de refinancement) : la BCE reste le prêteur en dernier ressort pour les banques. 

Chaque banque doit disposer d’un compte auprès de la Banque centrale pour effectuer des opérations de paiement interbancaires. Les règlements s’effectuent aux moyens de la monnaie Banque centrale. Elle impose aux banques de laisser en permanence un minimum de monnaie sur leur compte BC.

4. Les effets pervers de l’économie d’endettement

L’économie d’endettement provoque de l’inflation => le développement du crédit bancaire entraîne une hausse générale des prix qui s’autoentretient. Cette inflation va impacter le niveau des taux d’intérêt. En effet, l’inflation va diminuer la valeur réelle de la dette. Donc, en période d’inflation, lorsque les taux ne suivent pas le rythme de l’inflation, alors les agents ont forcément intérêt à s’endetter.

Mais, l’augmentation du coût du crédit bancaire contraint les agents à trouver d’autres formes de financement telles que les marchés financiers ou le marché des capitaux.

B) Le développement de l’économie de marchés financiers à partir des années 80

Le marché financier est un lieu de rencontre fictif entre l’offre et la demande de capitaux (réalisation d’un échange ou transaction). C’est la flexibilité du prix qui permet d’atteindre cet équilibre.

Pour l’économiste Pareto, à l’équilibre, l’allocation des ressources est optimale, c’est-à-dire que l’on ne peut améliorer le bien-être d’un agent sans détériorer celui d’un autre (Optimum de Pareto).

En effet, pour les néoclassiques, le financement de l’activité économique se fait grâce à une allocation optimale des ressources (concurrence pure et parfaite). Le taux s’établit à un niveau qui permet d’équilibrer l’offre et la demande. Le marché est efficient, car les prix reflètent toute l’information disponible (Eugene Fama). L’offre est fonction croissante du taux d’intérêt et la demande (des agents à besoin de financement) est fonction décroissante du taux d’intérêt.

1. Le marché bancaire

Il s’agit du marché des capitaux à court terme (moins d’un an). La variable d’ajustement de ce marché est le taux d’intérêt.

Il est composé :

  • du marché interbancaire : comme vu un peu plus haut, c’est un marché réservé aux institutions financières afin de se procurer des liquidités. Ce marché est régulé par la BCE ;
  • du marché des titres négociables : marché ouvert à tous. Les titres sont émis par les institutions qui ont des besoins de financement.

2. Le marché financier

Il s’agit du marché des capitaux à son terme (plus de sept ans) et où s’échangent les actions et les obligations.

Les agents à besoin de financement vont émettre des titres aux agents à capacité de financement.

  • Action : titre de propriété d’une partie du capital d’une entreprise. Sa variation dépend de la loi de l’offre et de la demande. La demande dépend des anticipations.
  • Obligation : titre de créance (titre de reconnaissance de dette). Elle est essentiellement émise par l’État et les grandes entreprises. Le taux d’intérêt dépend de la durée et du risque de signature (risque d’insolvabilité par exemple).

Il existe deux types de marchés financiers :

  • le marché primaire : marché sur lequel on émet les nouveaux titres ;
  • le marché secondaire : lieu d’échange de valeurs mobilières déjà émises (Bourse).

3. Les risques liés à l’économie de marchés financiers

  • Les crises bancaires : impossibilité de faire face aux échéances de paiement immédiates, le passif est supérieur à l’actif. Le risque est que la crise atteigne l’ensemble du système bancaire quand les banques ne prêtent plus à d’autres banques (manque de confiance et de fiabilité). Les taux d’intérêt augmentent fortement et l’on risque un ralentissement de l’activité économique ainsi que des retraits massifs.
  • Les crises financières : la spéculation peut avoir pour effet une forte volatilité des cours des titres, ce qui conduit à une hausse des cours qui n’est pas justifiée par les données réelles. Se crée alors une bulle spéculative, qui finit par éclater et provoque une chute brutale des cours (krachs). Des problèmes de solvabilité et de liquidités vont apparaître, ce qui va pousser les banques à réduire les crédits (crédit crunch), ce qui va alors conduire à un cercle vicieux (baisse de la consommation et de l’investissement, donc une chute de la production et une hausse du chômage). La crise financière devient une crise économique.

4. La régulation financière et bancaire

Il s’agit ici d’un ensemble de mesures prises dans le but d’avoir plus de contrôle dans le domaine bancaire et financier afin d’éviter l’émergence de crises financières ou de bulles.

  • Le rôle de la BCE : elle accorde aux banques les liquidités dont elles ont besoin. De plus, elle joue le rôle de prêteur en dernier ressort. Son objectif est d’alimenter l’ensemble du système bancaire pour éviter des faillites en cascade.
  • Les règles prudentielles : les accords de Bâle par exemple qui doivent assurer la stabilité du système financier à l’échelle mondiale. Ils obligent, entre autres, les banques à détenir un minimum de fonds propres par rapport à l’ensemble des encours de crédits. C’est le ratio Cooke qui détermine le pourcentage de fonds propres minimum à détenir. Il est fixé à 8 % des emplois pondérés en 1988, puis passe à 10,5 % en 2013, suite à la crise financière de 2008 (crise des subprimes).
  • Le renforcement des pouvoirs des autorités de contrôle et de supervision : l’AMF (Autorité des marchés financiers) s’est vu accorder plus de pouvoir par exemple. Création de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution).
  • Une meilleure coordination internationale : mise en place d’un mécanisme de supervision bancaire unique (MSU), qui place 128 banques européennes sous la supervision de la BCE depuis 2014, qui complète le MRU (Mécanisme de résolution unique des défaillances bancaires). Déploiement de garanties de dépôts, d’un règlement uniforme ou encore d’un MES (Mécanisme européen de stabilité). Tout cela s’ajoute à des sommets tels que le G20 ou des institutions comme le FMI qui coordonnent d’importantes décisions en termes de régulation financière et bancaire.

IV. Les facteurs qui peuvent expliquer ce basculement progressif de l’économie française vers une économie de marchés financiers

=> Des mesures fiscales afin d’orienter l’épargne vers les marchés financiers telles que la loi Monory en 1978 qui accorde des réductions d’impôts pour les achats d’actions.

=> Réformes du marché financier qui ont mené à la globalisation financière. L’économiste français Henri Bourguinat par la règle des 3D l’a bien démontré :

  • déréglementation des marchés (libération des entraves administratives) ;
  • décloisonnement des marchés (ouverture des marchés nationaux et suppression des barrières) ;
  • désintermédiation des marchés (recul de l’économie d’endettement au profit de l’économie de marché financier).

On pourrait ajouter un quatrième élément : la dématérialisation (nouvelles technologies, cotation en continu…).

Voilà, tu as tout ce qu’il faut pour comprendre le financement de l’économie. C’est un chapitre assez important, donc n’hésite pas à poser des questions si tu as des difficultés.

Bon courage à toi et à très vite !