Système de change fixe/flottant - forces et faiblesses

Si tu n’est pas encore au point sur le système de change, cet article très détaillé est fait pour toi ! Tu dois d’abord savoir qu’il existe deux grands systèmes de change : le régime de change fixe et le régime de change flottant. Chaque système dispose de forces et de faiblesses : explications.

Définition du système de change à travers l’histoire

Qu’est-ce qu’un système de change ?

Un système de change sert à donner aux relations internationales une ou plusieurs monnaies de règlement ; à établir un lien entre les valeurs de chaque monnaie (conditions de change) et il doit susciter des mécanismes rééquilibrants.

L’évolution historique du système de change et ses définitions

Le passage d’un système de change fixe sous plusieurs formes…

Le système de l’étalon-or (Gold Standard) a perduré entre 1870 et 1914, il s’agissait d’un système de change fixe : on définissait le prix d’une monnaie par rapport à un étalon qui est fixé (en l’occurrence, le poids fixe de l’or) et les banques centrales de chaque pays doivent défendre cette parité, c’est-à-dire empêcher une fluctuation de leur monnaie hors de la parité définie.

Les économistes ont longtemps débattu des avantages et des inconvénients d’un tel système, mais également de son impact sur la croissance économique.

On retrouve plusieurs arguments favorables à l’étalon-or :
Il est indéniable qu’à cette période, entre 1870 et 1913, la croissance est relativement forte. De plus, l’ouverture au commerce international s’est accrue et on l’a observé une hausse très forte du commerce mondial. Parallèlement, le système financier international était également très développé et le capital circulait fortement, ce qui a facilité la croissance de nombreux pays.
On peut conclure que cette prospérité économique provient du système monétaire mis en place. En effet, la fixité des taux de change, et plus largement la stabilité monétaire tout au long du XIXe siècle, ont entraîné une diminution de l’incertitude, des risques. Les Etats contrôlaient fortement la masse monétaire en circulation, dans le but de limiter les changements de parité.

Cette masse monétaire repose sur l’or ; les Etats doivent donc fortement contrôler la quantité d’or dont ils disposent en réserve, et ne peuvent donc dévaluer en vue d’augmenter leurs dettes. Jacques Rueff, éminent économiste, défend le système d’étalon-or dans son ouvrage Le lancinant problème de la balance des paiements (1976) : il fut conseiller de Poincaré, de Laval, puis un conseiller écouté du général De Gaulle. Selon lui, sortir de l’étalon-or, c’est donner le pouvoir à un gouvernement de s’endetter grâce à la Banque Centrale qui opère des manipulations monétaires : et c’est ce qui pourrait entraîner des « déficits sans pleurs » puisqu’ils sont financés par l’endettement.

Mais on retrouve également plusieurs arguments en défaveur de l’étalon-or :
Dès le début du siècle, et surtout dans les années 1920, Keynes critique fortement l’étalon-or, il le nomme « relique barbare ». Comme les prix ne sont pas parfaitement flexibles, les salaires non plus, il y a des ajustements économiques douloureux, en termes de chômage : ce serait un phénomène qui accentue le cycle économique.

Deuxième critique adressée par Keynes : la monnaie n’est pas un voile, elle a un rôle important dans l’économie pour assurer la confiance, notamment dans sa capacité à limiter les comportements restrictifs (thésaurisation) qui entravent l’activité économique (chez Keynes, la demande de monnaie ne se justifie pas que par des motifs économiques : la préférence pour la liquidité répond à des motifs psychologiques ; si cette préférence pour la liquidité est forte, cela peut se traduire par des mouvements de thésaurisation massive, générer des paniques collectives et ce qui entraîne crise majeure).

Troisième critique : le système a davantage profité aux pays industrialisés qu’aux pays périphériques. Si le système d’étalon-or permet une stabilité monétaire dans les pays du centre mais cause de fréquentes crises financières et économiques, les pays périphériques qui dépendent d’eux en subissent des chocs négatifs. Les pays de la périphérie, qui n’ont pas suffisamment d’or, empruntent notamment auprès du marché financier de Londres. Le taux d’intérêt de la City régule l’ensemble de ce système, de sorte que les taux d’intérêt des autres pays doivent s’adapter au taux de réescompte anglais (au XXe siècle, taux d’intérêt adaptés aux taux d’intérêt des bons du Trésor américain).

Comment une Banque Centrale défend sa parité ? Si le prix de la monnaie baisse, la BC doit demander (acheter) de la monnaie en offrant des devises, donc réduire ses réserves en devises étrangères. Inversement, si la monnaie s’apprécie, il faut sortir (vendre) sa propre monnaie et donc augmenter ses réserves en devises étrangères.

Naissance du Gold Exchange Standard 1914-1939, il s’agit d’un étalon de change or à deux niveaux : les monnaies sont convertibles en dollars et le dollar est convertible en or. La guerre des changes menée dans les années 1930 et le manque de coordination internationale ont entraîné la disparition de ce système.

Le système de Bretton-Woods : système de change fixe mais ajustable né en 1944, il repose sur le dollar et il existait une très faible mobilité des capitaux.

… à un système de change flottant impur (1973-2019)

Depuis 1973, le système de change est flottant : lorsqu’il est pur, l’offre et la demande nationales de monnaie déterminent un prix, c’est donc le marché qui détermine un prix (les autorités monétaires n’interviennent pas). Ainsi, c’est la loi de l’offre et de la demande qui explique les fluctuations du prix : si la demande est supérieure à l’offre, alors on constate un phénomène d’appréciation de la monnaie, et inversement. Le système de change flottant est impur si les autorités monétaires interviennent sur ce marché, et ne laissent donc pas les mécanismes de marché fonctionner librement.

Avantages et inconvénients d’un système de change fixe, et d’un système de change flottant

Il est très difficile de juger de manière abstraite des bienfaits et des inconvénients d’un système de change. En effet, si le système de Bretton-Woods et le système d’étalon-or du XIXe sont tous deux des régimes de change fixe, ces deux systèmes sont tout à fait dissemblables en pratique. Ainsi, il ne suffit pas de s’interroger sur la nature du système de change pour analyser les avantages et les inconvénients qui en découlent. Pourquoi ? Parce que le système monétaire international est extrêmement lié au système financier international : pour comprendre les avantages et les inconvénients d’un type de régime de change, il faut savoir si les capitaux circulent librement ou non, il s’agit du principe même du triangle des incompatibilités de Mundell et Fleming. Ce lien entre SMI et SFI s’explique par le fait que la monnaie est un actif financier. C’est pourquoi il est préférable de s’appuyer sur l’analyse empirique des deux systèmes de change (fixe et flottant) pour juger des avantages et des inconvénients de l’un et l’autre, en observant la faiblesse ou la forte mobilité des capitaux.

Avantages d’un système de change flottant selon Friedman

Pour Friedman, le système de change flottant doit permettre de supprimer la spéculation

Selon cet auteur, si le marché des changes fonctionnait de manière parfaitement concurrentielle, il obéirait par conséquent aux règles du marché en CPP, sans que l’on observe aucune défaillance du marché.

Ce qui fonde la rentabilité de la spéculation est le changement brutal de parité, or, en système de change flottant, cela ne peut se produire puisqu’il n’est plus possible d’utiliser sa politique monétaire pour dévaluer. Ainsi, il n’y a plus d’intérêt à spéculer, comme cela est le cas dans un régime de change fixe.

Le régime de change flottant pur permet de stabiliser la parité grâce au mécanisme de rééquilibrage de l’offre et de la demande de devise sur le marché des changes. Ce marché étant parfaitement concurrentiel, l’allocation des ressources est optimale (voir votre cours sur l’équilibre des marchés en microéconomie).

Ainsi, le régime de change flottant est censé entraîner une spéculation plus stabilisante pour le marché des changes, puisque la spéculation n’aurait comme unique vertu que d’allouer de manière optimale l’offre et la demande de monnaie.

Le système de change flottant pur permet l’équilibre de la BTC

L’ajustement automatique de la balance des paiements s’opère en régime de change flottant. En effet, chaque déficit sur la balance des transactions courantes (BTC < 0) traduit une dépréciation de la monnaie (mécanisme de la PPA), et par le mécanisme de la PTI, cela entraîne une entrée nette de capitaux (BTC retourne à l’équilibre). Dans une économie ouverte, un déficit de la balance courante résulte d’un différentiel entre épargne et absorption. Un déficit entraîne une dépréciation de la monnaie domestique qui permettra une amélioration de la compétitivité des prix et donc un retour à l’équilibre de la BTC.

Un régime de change flottant entraîne la caducité des politiques monétaires

Les Etats n’ont plus besoin d’utiliser leur politique monétaire puisque la spéculation stabilise le marché des changes et qu’il permet la parfaite allocation des ressources. Le change est déterminé uniquement par la rencontre de l’offre et de la demande, et l’intervention extérieure perturbe le mécanisme de marché.

Or, dans la réalité, il ne s’est pas produit ces effets positifs car :
– La spéculation n’a jamais été aussi forte que depuis le système de change flottant mis en place en 1973 : en témoignent les multiples crises financières qui se sont produites.
– Les déséquilibres de BTC sont devenus vertigineux, connaissant une apogée en 2008 (cf : l’équilibre de la terreur entre la Chine et les EUA)
– Les Etats n’ont jamais abandonné leur politique monétaire, pire encore, on assiste même dans une certaine mesure à une guerre des changes selon Montega.

Avantages d’un système de change fixe selon Kindleberger

Kindleberger est attaché au change fixe, car il estime que les changes flottants freinent le développement des transactions internationales.
En effet, selon cet auteur, les changes flottants augmentent l’incertitude, ce qui se traduit par une hausse des coûts de transaction (Coase). Il craignait que cela entraîne un relâchement de la discipline monétaire affranchie de la politique de change, par une baisse des taux d’intérêt et donc un risque inflationniste.
Donc, selon Kindleberger, le régime de change flottant pourrait entraîner une baisse du commerce international par la hausse des coûts de transaction.
Le régime de change flottant permet une plus grande autonomie de politique monétaire, ce dont les gouvernements peuvent abuser, ce qui causerait une forte inflation.
Or, dans la réalité, il ne s’est pas produit les effets négatifs prévus par Kindleberger :
Bien que la mise en place du régime de change flottant dans les années 1970 a entraîné une forte inflation, celle-ci fut contenue  dès 1979 lors du Sommet de Tokyo, la lutte contre l’inflation est devenue une priorité et on parvint à la vaincre assez vite. A tel point que l’on craint aujourd’hui un épisode déflationniste.
Le commerce international n’a jamais autant augmenté que depuis les années 1970, le régime de change flottant aurait même dans une certaine mesure, permis un tel développement.

La comparaison entre le système de Bretton-Woods et notre système actuel qui est un « non-SMI » selon certains économistes

Une stabilité financière au prix d’une forte inflation – BW

Le système de Bretton-Woods a permis une forte stabilité financière, fait exceptionnel dans l’histoire du capitalisme. Nous n’avons observé quasiment aucune crise financière majeure durant cette période. Or, le « privilège exorbitant des Etats-Unis » selon l’expression d’Eichengreen a entraîné une très forte inflation durant cette période, puisque le prix du dollar en or ne cessait de diminuer. La stabilité financière était donc permise au détriment de la stabilité monétaire.

Des crises financières et économiques à répétition qui s’accompagnent d’une stabilité monétaire – Le système de change actuel

 Le système de change actuel depuis 1973 a accordé la priorité à la lutte contre l’inflation, surtout à partir des années 1970 avec l’arrivée de P. Volcker à la tête de la FED. Depuis la mise en place du change flottant, il existe désormais une stabilité monétaire. Or, parallèlement à ce phénomène, il y a eu de nombreuses crises financières et économiques [1981, 1990, 2001, 2008, etc.] qui se sont succédé et qui sont la cause d’une forte instabilité financière.
J’espère que cet article t’aura aidé à mieux comprendre la notion de système de change et toutes ses subtilités. N’hésite pas à aller consulter nos autres articles d’ESH pour réviser efficacement cette matière !