Bon nombre de fois, les professeurs ou les colleurs pointent du doigt les plans bateau et/ou fragiles
proposés par les élèves. Bien souvent, l’élève croit à tort qu’une reformulation du sujet est suffisante
pour pouvoir développer une argumentation solide. Or, comme il est expliqué dans les rapports de
jury, une certaine originalité est valorisée et cela passe essentiellement par la problématique.
J’imagine que certains élèves se braquent devant le sujet qui ne leur parle pas -sous le coup du stress
bien souvent- et se résolvent à copier simplement le sujet en le terminant par un point
d’interrogation. Voici quelques conseils que je peux essayer de donner afin d’aborder de la meilleure
façon un sujet. Je pars de l’hypothèse que vous connaissez votre cours au préalable, sinon, bien
évidemment, les reproches qui vont sont faits sont amplement mérités !

« Il convenait comme à l’ordinaire d’identifier l’ensemble des éléments du programme utiles pour traiter le sujet, de les ordonner, de structurer un développement solidement argumenté, au-delà de la maîtrise des connaissances c’est l’intelligence qui est attendue et valorisée dans cette épreuve ainsi qu’une certaine « créativité ». « .

Rapport du jury d’HEC (2014)

Le sujet

On part du principe que c’est un sujet plus tordu que d’habitude qui vous est donné. Décontenancé, vous pouvez perdre vos moyens, ce qui est légitime, à première vue. Ici, il faut réfléchir – se poser cinq minutes devant le sujet si nécessaire sans rien faire – à ce que les mots du sujet nous évoquent.
Souvent, il y a une forme interrogative qui est finalement la source sous-jacente de l’argumentation: peut-on [encore]… Ici, il faut se demander qui est le « on » et s’il y a le « encore », cela suggère une chronologie (avant le phénomène marchait, aujourd’hui c’est plus complexe ==>construit votre plan avec un simple adverbe, pas mal non?). Pour les sujets sans question, l’apparente difficulté est facilement contournable. Pensez à tout ce que les mots vous évoquent. Même en sortant de la sphère économique, regardez le sujet de 2014 à HEC :

« Equité et libre-échange »

Puis, par cette manœuvre, vous aurez des idées sous une forme arborescente permettant de trouver des liens entre les différents termes. Equité par exemple renvoie à des termes comme commerce équitable, convergence… Des termes qui vont pouvoir structurer vos idées. Une chose qui est importante à retenir est que tous les sujets sont liés (plus ou moins certes) au programme. Si vous avez travaillé, vous aurez toujours des choses à dire. Ainsi, devant un sujet difficile, faites une liste des chapitres qui peuvent être mobilisés pour cette dissertation, essayez de voir les liens logiques et similitudes entre les chapitres, c’est vraiment utile. En effet, les sujets sont transversaux et touchent plusieurs chapitres à la fois :

“Gagnant en extension, l’Europe perd en intensité”. Que pensez-vous de cette affirmation de François Perroux (1974) ?

(ESSEC 2017)

Ce sujet semblait limité mais on pouvait mobiliser des connaissances venant de plusieurs chapitres: la mondialisation financière, le système de taux de changes, l’Europe (dans son ensemble), les politiques structurelles, les politiques conjoncturelles… Finalement, pour ne jamais se tromper sur le sujet, il faut avoir une bonne vue d’ensemble du programme (1ère et 2ème année!). Pour se faire, je vous conseille deux choses :

  • la première qui peut paraître ridicule est de lire régulièrement et de connaître le programme officiel.
  • La seconde est de faire une fiche non-exhaustive sur les pans importants de chaque chapitre (les grands axes, parties etc…). Après cela, vous pourrez aborder le sujet et vous attaquer à l’introduction et à la problématique.

La problématique

Il s’agit sans doute du point névralgique de votre copie. Elle va structurer, amener, coordonner vos idées, argumentations et donc la logique de votre devoir. Il serait donc illogique de simplement reformuler le sujet puisque cela reviendrait à réécrire le sujet avec dix pages de plus (et des crampes aux doigts). Il faut aussi éviter les problématiques amenant une logique manichéenne (Bien/Mal/Mais, plans style Sciences-Po…) et privilégier la créativité (sans hors-sujet, mais si vous avez bien compris le sujet ce point ne devrait pas poser de problème). De facto, comment faire une bonne problématique, créative, solide et intéressante? Ici, je vais éclaircir certains points.

Il faut partir du sujet sur lequel on a réfléchi et dont on a défini les termes. Si la tension sous-jacente ne vous est pas encore visible, elle va bientôt émerger en approfondissant, travaillant les termes. Reprenons l’équité : justice sociale, convergence, rattrapage du sud, commerce sain et stable, théorème HOS, sudden stop, crises, etc… Voilà à quoi on pourrait penser sur le mot équité, allié au libre-échange. Des idées, auteurs émergent petit à petit mais il faut sentir la progression de votre pensée au fil de l’introduction en s’appuyant justement sur les termes. On fait naître la tension : libre-échange possible avec une égalité entre le nord et le sud ? Comment peut-il se faire ? A-t-il déjà fonctionné ? Pourquoi ce sujet ? Quels événements économiques sont liés à ce phénomène etc… Posez-vous des questions car ces dernières présentent différentes voies d’analyse du sujet. Prenez la plus intéressante et approfondissez-là, ne restez pas dans le superficiel (le libre-échange ne peut pas être juste car domination du Nord sur le Sud mais quand même réussite dans certains pays comme la Chine etc… Voyez plus loin). Cherchez des idées originales (rôle des
institutions pour l’équité, l’intervention étatique dans le processus de libre-échange, peut-il exister une équité en économie, l’état est l’agent permettant une justice sociale -nationale- donc reporter l’équité au libre-échange semble paradoxal…) car ce sont ces dernières qui vont vous permettre de développer des idées intéressantes qui se démarqueront justement du plan classique (équité oui/équité non/ repenser le libre-échange).

Pour résumer, mes conseils sont :

  • réfléchissez aux termes du sujet et leurs tensions cachées
  • essayez de faire des liens entre les termes, les phénomènes économiques et l’empirisme
  • pensez à placer le terme sous un angle original, novateur et intéressant (personne ne le fait hormis les copies ayant 19-20/20 aux concours et encore!)
  • évitez les plans bateau en vous aidant des arguments qui ont permis l’émergence de votre problématique

Par ailleurs, je vous conseille de faire un maximum de plans (annales/colles/plans proposés dans les manuels) car vous aurez des mécanismes (comme faire des exercices en maths) qui vous faciliteront grandement la tâche quand vous plancherez devant un sujet (qui pourra être similaire aux plans préparés en plus).
Voici la fin du premier point de méthodologie, le prochain portera sur « comment lire un article d’économiste » et sera essentiellement adressé aux élèves en avance ayant des facilités en économie (dans la compréhension des phénomènes et non dans le par cœur).

Révise efficacement ton ESH avec nos autres articles 🙂


Signé: Morgan Sachs