La création

L’OTAN ou Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a été créée en le 4 avril 1949 sur une idée du président américain Truman. L’ensemble de son projet est résumé dans l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord :

« Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord. »

L’organisation apparaît contraignante pour la partie américaine qui se dote du rôle de gendarme du monde. Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, la France avait déjà œuvré pour la construction d’une alliance permanente entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest pour ne pas revivre le cauchemar de l’après première Guerre Mondiale mais également pour protéger l’Europe de la menace soviétique. De facto, la France a été un des douze membres fondateurs et un des plus actifs.

Le retrait du Général de Gaulle

Le 17 septembre 1958, le Général de Gaulle, alors Président du Conseil, adresse au Président des Etats-Unis, Eisenhower, et au Premier Ministre britannique Macmillan un Mémorandum dans lequel il demande une direction tripartite (à savoir les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France) pour l’OTAN. Ces réclamations ne s’arrêtent pas là et de Gaulle souhaite également une considération mondiale de leur sécurité et non pas seulement de la portion Atlantique. Toutefois, après trois années de discussion, Eisenhower puis son successeur L. Johnson ne modifient aucunement les modes de décision et de gouvernance au sein de l’Organisation.

Le Général de Gaulle souhaitait également adopter une stratégie  de dissuasion nucléaire qui déplaisaient fortement aux Américains.

Ainsi le 7 mars 1966, de Gaulle annonce au Président Johnson le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN.

de-gaulle

« Cher Monsieur le Président, Notre alliance atlantique achèvera dans trois ans son premier terme. Je tiens à vous dire que la France mesure à quel point la solidarité de défense ainsi établie entre quinze peuples libres de l’Occident contribue à assurer leur sécurité, et notamment quel rôle essentiel jouent à cet égard les Etats-Unis. Aussi la France envisage-t-elle dès à présent de rester, le moment venu, partie au traité signé à Washington le 4 avril 1949. Cela signifie que, à moins d’événements qui, au cours des trois prochaines années, viendraient à changer les données fondamentales des rapports entre l’Ouest et l’Est, elle serait en 1969 et plus tard résolue, tout comme aujourd’hui, à combattre aux côtés de ses alliés au cas où l’un d’entre eux serait l’objet d’une agression qui n’aurait pas été provoquée. Cependant, la France considère que les changements accomplis ou en voie de l’être depuis 1949 en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l’évolution de sa propre situation et de ses propres forces, ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d’ordre militaire prises après la conclusion de l’alliance, soit en commun sous la forme de conventions multilatérales, soit par accords particuliers entre le gouvernement français et le gouvernement américain. C’est pourquoi la France se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamée par la présence permanente d’éléments militaires alliés, (…) de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN. »

Entre gel et dégel

La décision du Général de Gaulle ne sera pas remise en cause par les Présidents Pompidou et Giscard d’Estaing ainsi que Mitterrand au début de son mandat. Peu à peu un consensus s’établit en France concernant les avantages diplomatico-politiques de cette situation originale et inédite.

Ce n’est qu’au début des années 1990 que la situation prend un nouveau tournant. Avec l’éclatement de l’URSS, Mitterrand autorise le fait que la France participe à des conversations quadripartites au sein de l’OTAN concernant l’avenir de l’organisation ainsi que la participation de la France à certains organes militaires intégrés tel que le comité militaire dans le cadre des opérations de maintien de la paix en Bosnie.

A la fin de l’année 1991, le Président américain George H. Bush avec l’aide de son Secrétaire d’Etat James Baker parviennent à faire survivre l’Organisation grâce aux nombreuses demandes d’adhésion des anciennes démocraties populaires alors libérées du joug soviétique.

En 1993, le chef de la mission française à Evere est autorisé à siéger au comité militaire dans le contexte de la crise en Yougoslavie. L’année suivante, la France se rallie lors du Sommet de l’OTAN au projet des Etats-Unis de « Partenariat pour la Paix » qui concerne les pays de l’ex-URSS. En outre, la France se dit favorable au principe d’élargissement de l’OTAN. La date de 1994 est également importante dans l’amélioration des relations entre les deux parties : le Livre Blanc français pour la défense prévoit une partie dédiée à la participation du ministre français de la Défense au Conseil atlantique ainsi que le du Chef d’état-major des armées au Comité militaire.

En mai 1995, le premier exercice de l’OTAN se déroule sur le territoire français ce qui n’était pas arrivé depuis 1965. En décembre de la même année, Jacques Chirac, fraîchement élu Président de la République décide de réintégrer la France à l’OTAN et annonce la participation du ministre de la Défense aux travaux du Conseil, la participation de la France au comité militaire ainsi qu’au collège de défense de l’OTAN et des meilleures relations de travail avec SHAPE -Grand Quartier général des puissances alliées en Europe en français.

Néanmoins, cette réintégration échoue. Premièrement la mise en place d’un système de double chaîne de commandement à l’intérieur de l’Organisation échoue qui aurait permis l’intervention de l’échelon européen en cas de non-intervention des Etats-Unis. Et, deuxièmement, les Etats-Unis refusent de concéder à la France le commandement Sud situé à Naples car se trouve dans cette région leur VIème flotte.

Le virage initié par Sarkozy

Élu en mai 2007, N. Sarkozy entend rompre avec le courant initié par le Général de Gaulle concernant la politique étrangère et la défense. Concernant le volet de l’OTAN, il affirme que puisque la France est l’un des principaux contributeurs, elle doit occuper toute sa place pour la planification et la conduite des opérations à venir et en cours. Ainsi, en réintégrant le commandement intégré elle écartera les remarques des autres pays concernant sa volonté de création d’une Europe de la défense. Cette décision s’inscrit également dans un objectif de rapprochement avec l’administration américaine à la suite de l’opposition de Jacques Chirac en 2003 à la guerre en Irak.

sarkozy

Dans son discours du 7 novembre 2007, devant le Congrès américain, Sarkozy confirme son intention de réintégrer la France dans les rangs de l’OTAN. Après avoir rappelé la longue histoire commune qui unit la France et les Etats-Unis il prononce les mots suivants :

« Plus l’Europe de la défense sera aboutie, plus la France sera résolue à reprendre toute sa place dans l’OTAN. Je souhaite que la France, membre fondateur de notre Alliance et qui est déjà l’un de ses premiers contributeurs, prenne toute sa place dans l’effort de rénovation de ses instruments et de ses moyens d’action, et fasse évoluer dans ce contexte sa relation avec l’Alliance, en parallèle avec l’évolution et le renforcement de l’Europe de la défense ».

Le 17 juin 2008, la Commission du Livre Blanc de la défense préconise dans ses recommandations, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN sous trois conditions : la liberté d’appréciation totale pour la contribution de la France à des opérations de l’OTAN, le maintien de l’indépendance nucléaire, le fait qu’aucune force française ne serait placée en permanence sous un commandement de l’OTAN en temps de paix.

Le retour de la France dans l’OTAN

Le 19 mars 2009, N. Sarkozy confirme par lettre à destination de la direction de l’OTAN son intention de regagner l’Organisation. Le retour de la France dans le commandement intégré est proclamé au Sommet de l’OTAN de Strasbourg/Kehl, les 3 et 4 avril 2009.

Sommet de l'Organisation du TraitŽ de l'Atlantique Nord ( OTAN ), et des 60ans d"existence de l'organisation. Ë Strasbourg et Baden-Baden en Alemagne. En prŽsence des 28 Chefs d'ƒtats, accompagnŽ de leurs ministres de la DŽfense respectif. Et de la rŽintŽgration de la Fance au sein de l'OTAN. DŽcision prise par le PrŽsident de la RŽpublique M. Nicolas Zarkozy. Du 3 au 4 avril 2009. ( Mots clŽs : sommet, rŽunion, OTAN, Europe, sŽcuritŽ, rŽintŽgration, France, Stasbourg,