climat

Le XXIᵉ siècle est déjà bien entamé et il est déjà prédictible : l’humanité est confrontée à plusieurs chocs qu’elle va devoir gérer. Le choc démographique, la rivalité sino-américaine, la montée des inégalités en sont quelques-uns. Le plus important, qui s’impose à tous, le plus ardu sans doute, est le choc climatique.

Cet article va s’intéresser aux résultats de la COP26, qui s’est tenue à Glasgow. Il va tenter de dresser un petit bilan de cette conférence et réfléchir à l’efficacité de la lutte contre le choc climatique, en particulier aux conséquences sur les pays du Sud.

En 2009, à l’occasion de la réunion de Copenhague (la COP15), les pays vulnérables avaient déjà voulu attirer l’attention mondiale sur leur situation et les périls qui étaient les leurs. Les Maldives avaient ainsi tenu un spectaculaire Conseil des ministres sous-marin. Ils étaient en tenue intégrale de plongée pour alerter sur le risque de disparition de leur pays. Le Népal, lui, réunissait son gouvernement à 5 200 mètres d’altitude sur les pentes du mont Everest pour alerter sur la fonte des glaciers de l’Himalaya.

À Glasgow, cette année, 196 pays étaient représentés, 120 chefs d’État ou de gouvernement s’étaient déplacés. La Première ministre de La Barbade a lancé aux dirigeants réunis : « Nous ne voulons pas d’une condamnation à mort et nous sommes venus ici pour dire ‘redoublez d’efforts, redoublez d’efforts’, car nous voulons exister dans cent ans. »

La lutte contre le choc climatique n’est-elle pas d’abord une affaire géopolitique ?

Les années passent, les pays du Sud s’inquiètent de plus en plus, leurs ONG réclament de la justice climatique et les pays du Nord jouent les bons élèves. L’UE met en avant son Green Deal, mais peine à être encore unie sur ces questions. Joe Biden, qui marque sa différence avec Trump, est à Glasgow et Xi Jinping soigne l’image de la Chine, mais fait cavalier seul et ne fait pas le déplacement cette fois.

Pour écouter le podcast :

Tu peux retrouver ICI tous les épisodes de notre podcast La Pause géopolitique !

La conférence de Glasgow ou COP26

Elle s’est achevée en Écosse le 13 novembre 2021. De manière tout à fait exceptionnelle, elle avait été repoussée d’un an du fait de la pandémie et était particulièrement attendue. Elle a rassemblé 30 000 personnes, représentant des organisations internationales, ONG, lobbyistes et des États. 196 pays étaient représentés dans cette conférence, qui s’inscrivait dans le prolongement de l’Accord de Paris. Ce dernier est un traité international sur le climat signé en 2015 lors de la COP21 et depuis ratifié par 192 États. La Turquie a ratifié l’Accord juste avant Glasgow et les États-Unis qui l’avaient quitté sous Trump l’ont réintégré avec Biden.

Cette conférence fut préparée et présidée par le Britannique Alok Sharma, qui s’est battu pour garder en vie l’objectif posé à la conférence de Paris : que le réchauffement climatique n’excède pas 1,5 °C à la fin du siècle. Or, en 2015, à l’issue de cette conférence de Paris, les engagements pris par les États conduisaient la planète sur une trajectoire qui amenait à environ +3,2 °C. Ce qui veut dire plus 3,2 °C par rapport à la température moyenne de la planète au niveau préindustriel. C’est-à-dire aux températures des années 1880, date à partir de laquelle des mesures significatives existent.

Que retenir des engagements pris à Glasgow ?

Un peu plus de 150 États ont annoncé des engagements qui, s’ils sont tenus, placent le réchauffement climatique sur une trajectoire de +2,7 °C en 2100. C’est mieux, mais ce n’est pas assez et éloigné de l’objectif de 1,5. Les pays doivent donc revoir leurs engagements pour la prochaine COP en 2022. À plus long terme, environ 80 pays annoncent des objectifs de neutralité carbone à l’horizon de 30 ou 50 ans. Enfin, les pays ont pu se mettre d’accord sur un marché international du carbone.

Pour la première fois, les énergies fossiles ont été montrées du doigt et désignées comme responsables. Elles sont à la source de 90 % des émissions de GES. Le pacte de Glasgow encourage les États à accélérer les efforts pour diminuer l’utilisation du charbon et arrêter les subventions inefficaces aux énergies fossiles. L’expression « sortir du charbon » avait été au départ envisagée avant d’être in extremis retoquée par une coalition de pays, emmenée par la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud.

Enfin, sur d’autres questions se sont constituées des alliances de pays prêts à prendre des engagements sur des points précis. Ainsi, une centaine de pays ont rejoint une alliance s’engageant à mettre un terme à la déforestation en 2030. Une autre regroupant également une centaine de pays s’est engagée sur la réduction de 30 % des émissions de méthane émises entre 2020 et 2030. D’autres alliances ont vu le jour pour sortir du charbon dans 20 ans, mais ces alliances, sans les principaux concernés, les producteurs, ont peu d’impact.

Retour sur le climat de notre planète Terre

La scène, c’est le territoire, la planète. Au cours de son histoire, son climat a évolué. Durant le dernier million d’années, la Terre a connu une alternance d’ères froides/périodes glaciaires d’environ 100 000 ans et d’ères chaudes/interglaciaires de 15 à 40 000 ans. Pendant les périodes froides, des calottes de glace recouvrent l’Eurasie, le Groenland, le Canada. Actuellement, et depuis 10 000 ans, elle est dans une période interglaciaire, donc plutôt chaude, prévue d’être exceptionnellement longue.

Le climat est bien connu sur une temporalité plus courte. Les climatologues ont pu le reconstituer depuis le début de l’ère chrétienne. Sur les 2 000 ans écoulés, il a été observé que s’il existe des fluctuations régionales, elles sont mineures au niveau mondial. Or, cette stabilité n’est plus. En effet, depuis les années 1880, la température moyenne mondiale a augmenté de 1,1 à 1,2 °C (dont +1 °C seulement depuis 1970). Sur les 22 dernières années se trouvent les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées. Bref, le climat se réchauffe.

Cette augmentation n’est pas uniforme. La température augmente plus vite sur les continents que sur les océans, plus aux hautes latitudes qu’aux basses. Dans les scénarios pessimistes du GIEC, avec un réchauffement moyen de 4 °C, le réchauffement en Arctique serait de 9 à 11°C à la fin du siècle.

La Terre est bien confrontée à un choc climatique : réchauffement, ou plutôt dérèglement climatique. Toutes les simulations des climatologues montrent que derrière une élévation moyenne de la température, il y aura des divergences majeures entre les différentes régions planétaires. Les régions tropicales seront très touchées. Les précipitations auront tendance à s’accentuer où elles sont déjà abondantes et à diminuer où elles font défaut. La plupart des modèles prévoient un assèchement de tout le pourtour de la Méditerranée par exemple.

L’acteur principal de la lutte contre ce changement : les conférences des parties

Les COP sont les conférences des parties sur le climat. Au point de départ de la mobilisation internationale, il y eut le premier sommet mondial sur l’environnement en 1972 à Stockholm, qui avait abouti à la création du PNUE. Mais la mobilisation était encore timide et l’URSS et ses alliés étaient absents.

Puis, il y eut le Sommet de la Terre de Rio en 1992, qui rassemblait la communauté internationale. La Convention climat de l’ONU, ou CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), est alors adoptée. Ce texte a été signé en 2019 par 197 pays. Cette convention est donc considérée comme universelle. Les gouvernements se déclarent conscients du changement climatique, de la responsabilité humaine dans celui-ci du fait des émissions croissantes de GES et affirment leur volonté de préserver le système climatique pour les générations présentes et futures.

L’objectif est donc fixé. Il faut stabiliser les concentrations en GES « pour empêcher toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Mais la convention ne fixe pas de contraintes, hormis celle de déclarer ses émissions de GES à l’ONU et affirme respecter la souveraineté des États.

Cette Convention climat pose les bases d’un processus évolutif qui déboucha sur des réunions annuelles, les COP, à partir de 1995. À la clé, un premier accord : le protocole de Kyoto en 1997 (COP3). Les COP sont donc des réunions annuelles depuis 1995 des gouvernements signataires de la Convention climat de l’ONU. Elles servent à suivre la mise en œuvre des mesures prises pour lutter contre le dérèglement climatique et à prendre des décisions nouvelles afin d’atteindre les objectifs fixés.

Glasgow est la 26ᵉ, les choses avancent lentement… Mais sûrement ?

Les acteurs clés sont donc les États

Il y a ceux qui polluent aujourd’hui (États-Unis, Chine, Union européenne : ½ des émissions de GES). Ceux qui ont pollué hier (États anciennement industrialisés). Et ceux qui en subissent au premier plan les conséquences (les PVD).

Il faut ajouter enfin que des positions politiques s’y sont mêlées. Le climatoscepticisme a ralenti la mobilisation des États et de la communauté internationale. C’est une position plus politique que scientifique qui se développe en premier aux États-Unis dans les années 1990. Cette dernière étant largement financée par les lobbies liés aux énergies fossiles et à leur utilisation et également soutenue par les pays pétroliers. En dépit de leurs moyens, leurs arguments sont de plus en plus faibles face à la communauté d’experts mobilisés et au consensus qui s’en dégage.

Mais la victoire n’est pas totalement acquise, notamment aux États-Unis. Les questions géopolitiques sont donc au premier plan. Qui doit faire les efforts nécessaires ? Qui peut les financer ? Il faut reprendre les termes du débat pour identifier les responsabilités. 

Comment expliquer le dérèglement climatique  ?

Le dérèglement climatique est lié à l’action de l’homme, entré dans une nouvelle ère de l’histoire géologique de la Terre que l’on appelle l’Anthropocène. Le terme fut proposé au début de la décennie 2000 par le chimiste et météorologue néerlandais Paul Crutzen (prix Nobel en 1995 pour ses travaux sur la couche d’ozone) pour dénommer le nouvel âge géologique de la Terre, qui succède à l’Holocène. L’homme est désormais le principal facteur des modifications des équilibres de la biosphère. Cette dénomination fait néanmoins débat, car elle n’est pas validée scientifiquement. Mais elle a connu un vrai succès, ayant le mérite d’attirer l’attention du public sur l’impact de l’homme sur le devenir de la Terre.

L’effet de serre est vital pour la planète. Il permet de conserver une partie de l’énergie émise par le rayonnement solaire. Les gaz à effet de serre sont le dioxyde de carbone (CO²) – pour les ¾ des GES émis –, le méthane, la vapeur d’eau, l’oxyde nitreux, des gaz fluorés… Sans cet effet de serre, la température globale annuelle moyenne de la Terre serait de −18 °C, alors qu’elle est en moyenne de 15 °C. Aujourd’hui, ce qui est en jeu, c’est l’effet de serre additionnel lié à l’activité humaine (industrialisation, développement des transports, élevage bovin), qui est à l’origine du dérèglement climatique. La combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) est responsable de plus des 2/3 des GES émis aujourd’hui.

Le problème est le résultat de cette action de l’homme. Alors qu’au XIX siècle, la concentration atmosphérique moyenne en molécules de CO² était de 270 ppm (parties par million), aujourd’hui, elle est en moyenne de 400 ppm (le Global Carbon Project propose le chiffre de 410 ppm en 2019). Le GIEC a proposé pour 2100 plusieurs scénarios prévoyant une teneur atmosphérique en CO² variant de 490 ppm, en baissant tout de suite et rapidement les émissions, à 1 370 ppm si rien n’était fait, dans une logique de business as usual.

La situation sera sans doute intermédiaire, mais c’est une perturbation inédite, massive et rapide à laquelle la planète est confrontée. Pour éviter un emballement climatique incontrôlable, le GIEC estime qu’il faut faire chuter les émissions de CO² de 40 à 70 % d’ici 2050.

Qui est responsable ? Qui doit agir ?

En 2015, le Premier ministre de l’Union indienne, Narendra Modi, avait justifié la position de son pays, réticent à prendre des engagements contraignants, en expliquant que le monde avait d’abord besoin de justice climatique. La justice climatique est un principe qui reconnaît que les pays du Nord et ceux du Sud ont des responsabilités partagées, mais différenciées dans le changement climatique et que leurs capacités à y faire face sont inégales.

Le climat de la Terre se dégrade pour tous. Cependant, toutes les études montrent que les pays du Sud tendent à en être les plus victimes tandis qu’ils sont les moins armés pour développer les moyens d’y faire face et les moins responsables de la situation.

Comment évaluer le niveau de responsabilité des États ?

Si les efforts des États doivent être proportionnels à leur responsabilité, comment évaluer celle-ci ? Cette responsabilité différenciée se lit à trois niveaux.

La responsabilité historique

Si l’on prend en compte le total cumulé des émissions de CO² de 1850 à 2021, les États-Unis sont responsables de 20,3 % des émissions totales et l’Union européenne (avec le Royaume-Uni) de 14,5 %. Il y a là une responsabilité historique indéniable des pays ayant accompli leur Révolution industrielle sans jamais se soucier de contraintes environnementales. Ainsi, si depuis 2013, la Chine devient le premier émetteur de carbone au monde (avec 27 à 28 % des émissions), sur la période 1850/2021, elle n’est responsable que de 11,4 % des émissions de CO² (calculs du site britannique Carbon Brief).

La responsabilité actuelle et surtout par habitant

En 2019, selon le Global Carbon Project, les six premiers émetteurs représentaient 66 % des émissions de CO². Chine 28 %, États-Unis 15%, Union européenne 8 %, Inde 7 %, Russie 5 % et Japon 3 %. En 2017, les émissions de CO² par habitant et par an vont de 0,1 à 0,3 tonne dans les États les plus pauvres (de Haïti au Cameroun par exemple) à parfois 100 fois plus (pour les États-Unis par exemple, avec 14,5 t CO²/hab.). Les pétromonarchies du Golfe affichant les plus mauvais scores avec 30 t CO²/hab. au Qatar. La moitié la plus pauvre de l’humanité n’est responsable que de 10 % des émissions de GES.

Les pays européens, avec une moyenne de 6,6 t /hab., sont en 2019 meilleurs élèves que la Chine (7,1 t CO²/hab./an), mais est-ce si simple ? Non, si l’on prend en compte la dimension suivante. 

La responsabilité corrigée

Elle est établie en enlevant les émissions d’un pays correspondant à la fabrication d’objets qu’il ne consomme pas mais qu’il exporte, et en ajoutant en revanche celles provoquées par la fabrication de marchandises qu’il importe. Cette approche est basée sur la consommation réelle des populations et mesure ainsi leur empreinte carbone. Ces calculs proposés toujours par le Global Carbon Project font que l’Europe, qui a délocalisé en Chine une partie de ses productions industrielles, est ici plus pollueuse que la Chine. Alors que l’Union européenne affirme avoir tenu les engagements du protocole de Kyoto, c’est faux si l’on tient compte des imports-exports.

Cette approche conduit à des tensions et à des revendications entre le Nord et le Sud.

Quels sont les enjeux et perspectives désormais ?

La lutte pour le climat est donc l’affaire des États. Or, ils ont des représentations et des intérêts différents. Il y a donc là des rivalités éminemment géopolitiques, mais c’est aussi des formes de gouvernance. C’est un sujet sur lequel la communauté internationale avance, difficilement, insuffisamment, mais elle avance. Le climat est un bien commun de l’humanité. Un bien public mondial accessible à tous, mais dont chacun est responsable pour la survie de tous. Une gouvernance mondiale est donc indispensable. Pour y parvenir, trois écueils sont à éviter. Ils mettent en jeu les relations internationales.

Les engagements pris par chacun des États seront-ils tenus ?

Que vaut un engagement non contraignant ? Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) relève que les promesses et les engagements pris manquent de transparence et sont difficiles à évaluer. Les experts mettent en garde contre un grand manque de crédibilité. Ils remarquent que beaucoup de promesses reportent l’effort après 2030. Les promesses de neutralité carbone pour 2050 prises par 80 États aujourd’hui ne sont pas déclinées de manière cohérente dans les plans pour 2030.

Comment passer des paroles aux actes ? Aucun dispositif ne permet de vérifier la validité et la force des annonces qui se sont succédé en cette fin 2021 dans le contexte de cette COP 26, ni les engagements de neutralité carbone. On se heurte là aux questions de souveraineté nationale, de refus de l’ingérence extérieure. Et les bonnes intentions peuvent être contrecarrées par la conjoncture économique, difficile actuellement, notamment pour les PVD.

Ainsi, les engagements pris par l’Inde (neutralité carbone en 2070 ou produire 50 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique en 2030 ; aujourd’hui 70 % viennent du charbon) se heurtent à la réalité économique actuelle du pays. 80 % des Indiens vivent avec moins de 2 $ par jour. Avec le manque d’énergie et l’impact de la pandémie, le PIB a baissé de 7 % en 2020 et devrait rebondir de 9 % en 2021. Les plans adoptés par le pays pour relancer l’économie, mise à mal depuis plus d’un an, vont à l’encontre de ses ambitions climatiques. Le gouvernement a mis aux enchères des dizaines de nouvelles mines de charbon par exemple. Le pays manque cruellement d’énergie pour ses habitants, ses transports, ses entreprises.

La dégradation des relations Chine/États-Unis a-t-elle un impact sur la lutte contre le réchauffement climatique ?

La Chine et les États-Unis sont les deux plus gros émetteurs de CO² actuellement, avec 28 et 15 % des émissions de CO² actuelles. Alors que Trump retirait son pays de l’Accord de Paris, la Chine y restait, trouvant là une occasion pour montrer son engagement à la fois en faveur du multilatéralisme et d’un bien public mondial majeur.

La rivalité est-elle encore de mise ? Quelle est la politique de chacun des deux grands ?

Côté États-Unis

Les premiers temps de la présidence Biden ont changé la donne. Les États-Unis ont réintégré l’Accord et ont présenté une nouvelle contribution nationale plus ambitieuse à l’occasion d’un grand sommet Climat, virtuel, organisé en avril 2021 par la Maison-Blanche. Ils ont annoncé un objectif de réduction de leurs émissions de GES de 50 à 52 % en 2030 par rapport à leur niveau de 2005.

Portés par John Kerry, émissaire du Président pour le Climat, les États-Unis s’efforcent d’impulser une nouvelle dynamique, également pour montrer à l’opinion publique que les efforts seront partagés par tous. De plus, les États-Unis ne veulent pas que la Chine domine les technologies de la transition énergétique (solaire, éolien) et le gouvernement Biden a choisi d’investir massivement sur ce sujet.

Coté Chine

Xi Jinping a participé au sommet virtuel de Joe Biden, ce qui tend à montrer que le climat est bien un des rares sujets sur lequel les pays peuvent coopérer. La Chine a annoncé qu’elle atteindrait son pic d’émission avant 2030, avec un objectif de neutralité carbone en 2060. Elle a également renoncé à financer de nouvelles centrales à charbon dans le cadre de son projet des Nouvelles routes de la Soie. Le pays entend défendre la « civilisation écologique » chinoise, concept alternatif à celui de développement durable que les Chinois semblent trouver trop occidental.

Certes, Xi Jinping n’est pas venu à Glasgow, mais à cette occasion, les deux pays ont créé la surprise en s’engageant dans une déclaration commune à « prendre des mesures renforcées pour relever les ambitions pendant les années 2020 ». Bref, les deux pays entendent agir en toute indépendance, mais leur souci d’être de bons élèves de la cause climatique conduit à une émulation vertueuse. Donc, pour l’instant, bonne nouvelle de ce côté-là…

Le clivage Nord-Sud, manifeste à Glasgow, est-il une menace pour la lutte pour le climat ?

Deux sujets clivent les relations Nord-Sud. Le premier concerne les dégâts irréversibles causés par le changement climatique, comme les ouragans, sécheresses, inondations. Le groupe de négociation « G77 + Chine », qui représente 134 PVD, relayés par des ONG du Sud comme Power Shift Africa, demande des facilités de financement pour compenser ces pertes et dommages. Les États-Unis et l’Union européenne refusent, craignant que s’ils acceptent leur responsabilité historique, cela ne débouche sur des poursuites judiciaires et des demandes d’indemnisation.

Le second sujet de tension porte sur le fond vert pour le climat. La promesse des pays riches de mobiliser 100 mds $/an à partir de 2020 pour aider les PVD à s’adapter au changement climatique et à réduire leurs émissions n’est pas tenue. Si cette somme peut être atteinte en 2023, elle demeure très insuffisante face aux besoins de financement des pays du Sud qui, dans le contexte de la crise économique provoquée par la pandémie de la Covid-19, connaissent déjà un accroissement de leur dette extérieure. S’ils sont aidés pour diminuer leurs émissions de GES, ils estiment l’être trop peu pour faire face aux conséquences du changement climatique.

En effet, tous les efforts des pays du Nord seront annihilés si les PVD ne s’associent pas activement à cette lutte. Les pays du Sud ont rappelé qu’ils étaient aussi en droit de profiter des énergies fossiles, comme l’ont fait avant les pays du Nord. Le Nord parle de transition énergétique, le Sud demande seulement l’accès à l’énergie. Les PVD sont de plus en plus frustrés par le manque de solidarité à leur égard. Ils sont en première ligne pour souffrir d’un réchauffement dont ils ne sont pas historiquement responsables. Ils attendent que les pays du Nord mettent la main au porte-monnaie. Ils doivent notamment être aidés pour s’adapter au changement climatique et pas seulement pour bifurquer vers des énergies propres.

À ne pas les entendre, les efforts de la communauté internationale pourraient être ruinés. Cela n’est pas sans rappeler la situation pandémique actuelle. Les pays du Nord pourront être massivement vaccinés, mais si les pays du Sud ne le sont pas, de nouveaux variants y apparaîtront, menaçant les équilibres sanitaires mondiaux.

Un seul bateau, la planète Terre

Les experts constatent que pour limiter le réchauffement à 1,5 °C en 2100, les émissions de GES doivent diminuer de 45 % en 2030 par rapport à 2010. Or, les efforts promis limiteraient leur hausse à +14 % sur cette même période. Ce qui est loin du compte.

Des perspectives, la COP27 en Égypte dès 2022, à Sharm El Shiekh, sur les rives de la mer Rouge, et en 2023, ce sera aux Émirats arabes unis. Deux pays bien inégalement armés pour faire face aux dérèglements climatiques. Deux pays bien inégalement responsables, mais deux pays qui entendent faire de l’organisation de ces conférences des moments de rayonnement national.

Ainsi, tous les pays s’approprient peu à peu cet objectif. Si cela peut servir la cause climatique mondiale, pourquoi pas ? L’important, comme disait à Glasgow l’égérie de la lutte pour le climat Greta Thunberg, est de mettre fin aux trente ans de bla-bla des dirigeants et de passer aux actes. Il faut des COP inclusives, qui prennent en compte les besoins du Sud et ne reflètent pas seulement les ambitions du Nord.