Après avoir interrogé Jean, qui avait arrêté la prépa avant de la reprendre et d’intégrer l’X et Tom, qui a fait l’X et HEC après avoir été diplômé de Centrale Nantes, nous présentons un autre parcours atypique, celui de Sélim, étudiant à CentraleSupélec et fondateur d’une entreprise en parallèle de ses études.

 

Pourquoi as-tu choisi de faire une prépa ingénieurs ?

J’aimais déjà beaucoup les mathématiques au lycée, la prépa était une continuation logique. J’hésitais à l’époque entre la recherche et l’entreprenariat.

Tu as choisi de la faire au lycée Hoche, pourquoi ?

C’était une prépa très bien classée, et j’y avais obtenu l’internat, contrairement à Louis-le-Grand, où je ne l’avais pas obtenu.

Tu as choisi de faire 5/2, pourquoi avoir cubé ?

A l’issue de ma 3/2, l’école que j’avais obtenue ne me satisfaisait pas, et je ne voulais pas avoir de regret.

À l’issue de cette année de 5/2, tu intègres CentraleSupélec, tu peux nous raconter tes concours ?

Mes concours se sont bien passés, malgré quelques déceptions. Durant les oraux, ma classe était unie dans la préparation, nous nous passions les exercices que nous avions eus, dans une ambiance d’entraide (et de stress pour certains). La classe de cette année a d’ailleurs eu de très bons résultats, témoin encore que la compétitivité interne cruelle n’est pas nécessairement le meilleur moyen pour performer. Félicitations à eux s’ils tombent sur cet article, ils ont bien mérité leurs admissions.

J’ai passé les oraux de CentraleSupélec sans particulièrement de pression, chaque oral est très rapide, mais proche du matériel vu en cours, on n’a pas le temps de se poser de questions.

In fine, qu’est-ce qui t’a marqué durant tes années de taupin à Hoche ?

Durant mes deux premières années, j’étais vraiment surpris par le décalage entre la vie que j’avais et celle qu’on m’avait vendue au lycée. On est loin de l’Enfer que certains décrivent. C’est une routine particulière, mais on y fait des rencontres marquantes. J’ai beaucoup aimé le temps que j’ai passé à Hoche.

En ce qui concerne ma troisième année, les professeurs ont des attentes profondément différentes envers les 5/2. Nous devions assurer un rôle moteur, ce qui n’est parfois pas évident à endosser. Encore une fois, par chance, la promotion de cette année était particulièrement motivée, ce qui a grandement facilité notre travail.

À quoi ont ressemblé tes premières semaines en école d’ingénieurs ?

Les deux premières semaines : énormément de soirées, de rencontres, d’apéros, de repas avec les deuxièmes années, et la reprise de la lecture et du sport. Le week-end d’intégration, aussi, pour se familiariser avec sa promotion. Concrètement, on peut le résumer en un défouloir post-prépa, que chacun organisait à sa manière.

À quoi ressemblait ton quotidien dans le campus du plateau de Saclay ?

Le plateau est très fermé, en termes de transports, mais j’allais à Paris au moins une fois par semaine, en général le jeudi, dont l’après-midi était libre, j’y revenais le lendemain matin tôt. Nous sommes gâtés en terme d’infrastructures sportives, je profitais ainsi de la salle de musculation et des terrains de basket pendant la semaine. Durant le reste du temps, je menais à bien mes projets personnels dans les salles informatiques, ou dans ma chambre.

Tu as rejoint SAP pendant l’été 2018, qu’y as-tu fait en stage ?

J’y travaillais en tant que Presales, « expert » en Intelligence Artificielle. Concrètement j’y développais et améliorais des outils intelligents employant les vastes ressources de l’entreprise afin que les Presales puissent les utiliser durant des démonstrations clients, souvent pour ajouter une touche d’innovation à leurs présentations. J’y suis resté 6 mois, et j’y ai rencontré le président de la boîte que j’ai cofondée.

Fin 2018, tu décides de co-fonder LumyMe, ton entreprise. Peux-tu nous la présenter ?

Il s’agit d’une plateforme bipartite, orientée autant vers les photographes que vers les particuliers ou professionnels à la recherche de shootings. Les deux partis sont à notre sens des clients, au même titre. On pourrait la résumer grossièrement à un Uber de la photographie, à la différence près notamment que nous ne recrutons que des photographes professionnels, soumis de plus à l’approbation de notre équipe et de celle des photographes travaillant déjà avec nous.

La valeur scientifique de notre entreprise est également double, nous implémentons des outils de traitement de photo automatiques intelligents, réduisant le temps de traitement des photos des photographes, et nous disposons d’un algorithme de dispatch répartissant et optimisant la distribution de shootings auprès des photographes.

 

En juin 2019, Meero, leader sur ce marché, a levé plus de 200 millions d’euros. Comment penses-tu pouvoir résister face à ce mastodonte ?

Je prends cette levée comme un témoin positif du potentiel du marché sur lequel nous nous sommes lancés. Quant à notre approche par rapport à Meero, nous allons continuer à développer notre entreprise autour de son intelligence, comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant. Nous ne visons pas exactement le même marché, il est possible que nous valorisions le travail de Meero, à travers nos efforts. Un marché en concurrence est toujours plus sain pour la croissance des agents impliqués qu’un monopole.

Est-ce que CentraleSupélec t’a aidé dans le développement de LumyMe ?

Pour l’instant, CentraleSupélec ne m’a pas vraiment aidé dans le développement de LumyMe, étant donné que j’étais en césure durant l’année 2018-2019. Toutefois l’année prochaine il se peut que je suive la Mineure Entreprenariat, auquel cas il me semble que l’école m’assistera dans mes démarches.

Quel conseil donnerais-tu aux taupins qui ne savent pas comment se projeter dans leur parcours en école ?

Souvenez-vous que l’école n’est pas une fin en soi, et qu’il vous reste beaucoup à construire après l’avoir intégrée. Vous avez le temps d’y réfléchir, il suffit d’être conscient que votre parcours ne fait que commencer.