Ah, Cuba ! La plus grande île des Caraïbes fascine de nombreux touristes, curieux de découvrir ce pays qui possède une histoire toute particulière. Cuba est surtout connue pour son rôle pendant la guerre froide, avec notamment le fameux débarquement de la baie des Cochons… mais que devient-elle aujourd’hui ?

C’est un sujet toujours d’actualité et qui revient assez souvent aux oraux (la preuve, je l’ai eu deux fois !), mais qui peut aussi être traité dans les expressions des épreuves écrites. Et d’autant plus que 2019 était l’année des 60 ans de la révolution cubaine !

1. Situation actuelle

Alors, Cuba en quelques mots ?

Superficie : 110 860 km²

Population : 11 millions d’habitants

Président actuel : Miguel Diaz-Canel (depuis avril 2018)

Capitale : La Havane

Monnaies : peso cubain, peso convertible (CUC)

2. Un petit brin d’histoire : les évènements importants

Tu l’as bien compris, 1959 c’est la date phare… mais pourquoi ?

Avant 1959, c’est Fulgencio Batista, un dictateur sous l’influence américaine, qui contrôle l’île. Cuba était dans la précarité (pauvreté et beaucoup d’analphabétisme) et ne survivait que par le commerce unique de la canne à sucre.

En 1959, une révolution est menée par deux intellectuels (le mouvement commence dès 1953, mais aboutit en 1959) : Che Guevara, jeune médecin argentin, et Fidel Castro, avocat de profession. Le mouvement deviendra le Parti communiste cubain en 1965. Fidel Castro instaure un gouvernement révolutionnaire : il nationalise toutes les entreprises du pays, redistribue les terres et devient allié de l’Union soviétique, qui sera un soutien financier jusqu’à sa chute.

À partir de 1990, l’île entre alors dans une période de pénurie et commence « el periodo especial ».

3. Le fameux embargo

Tout d’abord, attention à ne pas dire de bêtises : bien qu’il ait été diminué, l’embargo existe toujours officiellement !

L’embargo, el bloqueo, a été mis en place en 1962 quand l’OEA a décidé d’exclure Cuba : ça fait donc presque 60 ans qu’il dure ! C’est un blocus économique, commercial et financier de la part des États-Unis envers l’île.

Cuba devient à cette époque presque entièrement isolée et c’est pourquoi l’aide financière de l’URSS augmente. Les sanctions se font alors encore plus importantes de la part des États-Unis en raison de ce rapprochement. L’embargo est alors total, il y a même des restrictions pour les voyageurs américains. Tout produit, même partiellement élaboré avec des composantes d’origine cubaine, est interdit d’entrée sur le sol américain.

L’embargo a été peu à peu assoupli avec J. Carter ou encore B. Clinton. C’est surtout avec B. Obama que cela change vraiment : dès avril 2009, il annonce la fin des restrictions concernant les voyages ou les transferts d’argent vers l’île, avec par la suite des mesures d’allègements concernant les échanges de certains produits (tabac, rhum) ou dans les secteurs de recherche et de médecine. Les vols Cuba/États-Unis ont été rétablis et les ambassades ouvertes à nouveau. C’est en 2016 que B. Obama se rend à Cuba.

En 2014, on estimait les pertes économiques liées à cet embargo à 116 milliards de $ pour Cuba…

4. La politique de « pies secos, pies mojados »

Cette loi des « pieds secs, pieds mouillés » existait depuis 1995 et offrait un visa aux Cubains qui posaient les pieds sur le sol américain, ainsi qu’une aide à l’insertion. En revanche, s’ils arrivaient par la mer, ils étaient renvoyés à Cuba.

Près de 80 % des Cubains qui ont émigré ces 50 dernières années se sont dirigés vers les États-Unis, provoquant de nombreuses crises et tensions politiques. Plusieurs drames de balseros (migrants cubains traversant le détroit de Floride dans des embarcations précaires) se sont aussi produits.

En 2017, Barack Obama décide alors d’abandonner ce dispositif qui était en place depuis de nombreuses années, en déclarant qu’ils « traiteront les migrants cubains comme ceux qui viennent d’autre pays », et qu’il n’y aurait plus de traitement de faveur pour les Cubains.

5. Le double système monétaire : quésaco ?

Cuba, c’est « l’enfer de la double monnaie » comme titrait Le Figaro : les habitants doivent jongler entre deux monnaies en circulation dans le pays, le peso cubain et le CUC.

L’État cubain avait créé sa propre monnaie pour freiner l’apparition du $ sur l’île et pour répondre aux sanctions des États-Unis. Le peso cubain CUP est celui généralement utilisé par les habitants qui s’en servent dans les magasins, alors que le peso convertible CUC est davantage utilisé par les touristes, les Cubains employés par des entreprises étrangères ou encore en cas de réception d’argent de l’étranger.

Le problème est que les deux monnaies ne s’utilisent pas partout ! Le CUP n’est pas accepté par tous. De plus, il existe des taux de change officieux entre le CUP et le CUC, cela n’étant pas imposé par l’État… Fais attention donc !

La question de supprimer le CUP et de ne garder qu’une seule monnaie est toujours d’actualité.

6. Le tourisme à Cuba en pleine révolution

Soleil, plages, architecture coloniale, cigares, rhum, retour garanti dans les années 50… Les touristes ne manquent pas de raisons de venir à Cuba !

Le tourisme est aujourd’hui l’une des principales sources de revenus pour Cuba : c’est la deuxième activité économique du pays avec une estimation de revenus de 2,5 milliards de $ par an. En 2016, il y avait environ quatre millions de touristes, dont 187 000 Français. L’île devient une destination très prisée, tu n’as sûrement pas manqué les nombreux clichés colorés de Cuba sur les réseaux sociaux ! L’argent du tourisme est une aubaine pour les habitants, c’est l’occasion d’augmenter leur salaire.

C’est malheureusement aussi devenu l’une des principales destinations du tourisme sexuel.

7. Les particularités de la société cubaine

Malgré le blocus, Cuba a pu atteindre un niveau d’éducation remarquable. À Cuba, l’éducation est une priorité et c’est pourquoi elle est totalement gratuite ! L’île a un indice de développement de l’éducation très élevé selon l’Unesco, en occupant même la 1re place parmi les pays en développement. Ce droit a une éducation gratuite et de qualité pour tous est inscrit dans la Constitution de 1976. L’éducation primaire et secondaire est obligatoire !

Cuba, c’est « l’île de la santé », une « médecine remarquable », une référence mondiale dans ce domaine. La médecine est également gratuite et a été l’une des grandes priorités du gouvernement. Cuba est même le pays d’Amérique latine ayant une espérance de vie parmi les plus élevées du continent (79 ans contre 71 ans en Bolivie par exemple). Il y a énormément de médecins dans la population, c’est d’ailleurs le pays qui compte le plus de médecins par habitant au monde, et ainsi le taux de mortalité infantile est plutôt bas pour l’Amérique latine (5,5 % contre 13,7 % en Argentine).

À Cuba, tout le monde gagne le même salaire évidemment, et il est équivalent à 26 euros par mois. Il est interdit de faire des heures supplémentaires.

Les habitants ont aussi toujours des tickets de rationnement pour certains aliments : le gouvernement régule le nombre d’achats de viande, savons, riz, œufs… Tout cela en raison des pénuries dans le pays dues à une production nationale insuffisante. En effet, le pays importe près de 2/3 des aliments consommés.

8. Cuba dans la mondialisation : quelle ouverture ?

Cuba s’ouvre peu à peu. Mais de manière très lente… Bien que le pays ait renoué avec les États-Unis, il reste toujours très compliqué d’y faire des affaires.

Raul Castro a impulsé des réformes économiques et une certaine libéralisation des échanges. On voit fleurir le nombre d’entrepreneurs privés : il y a désormais plus de 500 000 travailleurs indépendants individuels, mais 70 % de la population active reste liée au secteur d’État.

On peut cependant noter quelques indices d’ouverture au niveau de la culture, avec notamment deux symboles américains : un concert des Rolling Stones en 2016 ou encore une partie du tournage de Fast and Furious sur l’île !

9. La question des droits de l’homme

Il y aurait encore aujourd’hui au moins 120 prisonniers pour raisons politiques.

Où en sont véritablement aujourd’hui les droits de l’homme à Cuba ? Les libertés sont toujours fortement réduites… Une grande partie de la presse est toujours censurée, il n’y a pas réellement de multipartisme, les syndicats sont interdits… Amnesty International a condamné en 2017 de nombreuses arrestations et détentions arbitraires visant à faire taire les critiques. La grande majorité des ONG sont interdites d’accès dans le pays.

Les « Dames en blanc » sont des mères et des épouses de prisonniers politiques détenus sous Castro, et qui luttent chaque dimanche depuis 2003 contre ces emprisonnements. Cependant, le groupe est vivement menacé de répression par le gouvernement et ces femmes sont souvent frappées par des membres des forces de l’ordre.

(Source de l’image : Contrepoints)

10. Nouveau président, nouvelle Constitution : quels changements ?

Le gouvernement actuel représente-t-il un nouveau départ vers l’ouverture ? Miguel Diaz-Canel est-il le visage de la modernité ?

Il a pris la relève du régime cubain en avril 2018. Il succède aux frères Fidel et Raul Castro et ouvre un grand chantier.

C’est le premier président cubain à ouvrir un compte Twitter : c’est l’un des premiers signes de la priorité que représente pour lui l’informatisation de la société cubaine. Cela continue avec le déploiement de la 3G, bien que l’accès à Internet soit toujours très compliqué et cher sur l’île, ce qui n’a rien à voir avec nos habitudes et notre utilisation illimitée de la 4G !

Le point majeur de son début de mandat ? La nouvelle Constitution, adoptée par référendum par presque 80 % des électeurs. Il veut réformer la Constitution de 1976 pour être davantage en phase avec la nouvelle réalité économique de l’île, en intégrant le droit à la propriété privée ainsi que les investissements étrangers. De plus, il limite le nombre de mandats consécutifs à deux et il crée le poste de Premier ministre.

L’entreprise privée est aujourd’hui autorisée sous certaines conditions, les Cubains peuvent de nouveau avoir leur propre véhicule (depuis 2013, ils peuvent acheter ou vendre une voiture, c’était interdit avant !).

Mais… tout ne change pas si vite. M. Diaz-Canel est le symbole du renouvellement, mais aussi le garant de la continuité du processus historique initié par les Castro. On parlera plutôt « d’actualisation du modèle socialiste ». Il ne modifie pas en profondeur le système politique de l’île, le Parti communiste unique a toujours un énorme poids dans le pays. Le gouvernement a finalement refusé d’inscrire le mariage homosexuel dans la nouvelle Constitution…

(Source de l’image : LSE Blogs)

(Bonus) Cuba au cinéma : un film à voir

Les films sur Cuba ne manquent pas : Viva Cuba (2005), Chala, une enfance cubaine (2014), 7 jours à La Havane (2012), Buena Vista Social Club (1999)… Je ne peux que te les recommander pour en découvrir un peu plus sur l’histoire de cette île et son évolution ! Mais aujourd’hui, j’ai choisi de t’en présenter un en particulier : un documentaire musical.

Esto es lo que hay : Chronique d’une poésie cubaine (2015). Ce film de Léa Rinaldi (réalisatrice française diplômée de la Sorbonne et de l’université de La Havane) est « une ode à la liberté d’expression », selon Le Monde. Le film dresse le portrait d’une révolution artistique dans l’île, en suivant le parcours d’un groupe de hip-hop cubain populaire et contestataire « Los Aldeanos ». Le film comprend de nombreuses références à l’histoire ainsi qu’à la situation actuelle de Cuba. Léa Rinaldi a suivi pendant six ans ces artistes, au cours de leurs premières tournées, après plusieurs années de censure.