discrimination positive / affirmative action

La discrimination positive représente le fait de favoriser certains groupes, ou minorités, victimes de discriminations systématiques, en vue de rétablir l’égalité des chances ou l’égalité devant la loi. Elle s’applique à toutes les formes de discrimination : raciale, sexuelle, de genre ou sociale. Il est préférable d’utiliser l’expression « action positive » et non « discrimination positive », encore jugée trop négative.

Histoire de la discrimination positive

Le terme affirmative action vient des États-Unis. Il a été créé en faveur des descendants d’esclaves, mais également pour tous les citoyens victimes d’une quelconque discrimination, en plein Civil Rights Movement. En effet, le premier à utiliser cette expression a été le président américain John Fitzgerald Kennedy, reprise ensuite par Lyndon B. Johnson.

Malgré la promulgation de lois en faveur de l’égalité, les Noirs aux États-Unis restaient en retard par rapport au reste de la population américaine. L’objectif était de les aider davantage, afin qu’ils soient plus représentés dans les emplois qualifiés, dans les universités, dans les médias… Par exemple, dans les années 1960, des emplois préférentiels ont été mis en place.

Néanmoins, la discrimination positive a été remise en cause dès la fin des années 1970. En 1978, la Supreme Court condamne les quotas de la faculté de médecine de l’Université de Californie par l’arrêt Bakke. En 1996, un référendum d’initiative populaire met fin à la discrimination positive dans les universités publiques en Californie (Proposition 209), puis en Floride, dans l’État de Washington, au Michigan ou au Nebraska.

« Vous aviez besoin de cet emploi et vous étiez le plus qualifié. Mais ils l’ont offert à une personne de couleur en raison d’un quota racial. Est-ce vraiment juste ? », interroge ainsi un spot électoral célèbre du Parti républicain lors de la campagne législative de 1990, illustrant ce débat qui fait rage aux États-Unis.

Ces principes de discrimination positive se sont par la suite étendus au reste du monde, et notamment à l’Europe. Par exemple, depuis le 10 juillet 1987, en France, la loi impose à toute entreprise de 20 salariés ou plus d’employer au minimum 6 % de travailleurs handicapés.

Application de la discrimination positive

Pour certains, la discrimination positive est justifiée : elle permet de mettre fin à long terme aux préjugés qui entretiennent l’exclusion sociale. Mais d’autres critiquent ces mesures, qu’ils jugent au contraire stigmatisantes envers les catégories qu’elles entendent promouvoir, et donc inefficaces pour mettre fin aux préjugés.

Débat sur la discrimination positive dans plusieurs secteurs

  • Éducation : l’instruction étant la base de l’insertion dans la société, elle consiste en la mise en place de quotas d’inscriptions universitaires. C’est surtout le cas en Angleterre et en France, où par exemple le concours d’entrée à l’IEP de Paris est très polémique.

Cependant, même si elle accroît la mixité, cette forme de discrimination peut dévaloriser les diplômes obtenus. Leur valeur décroît également pour les entreprises, qui peuvent mettre à part les personnes issues d’un groupe « discriminé positivement ». L’action positive ne va pas non plus vers l’idéal de méritocratie, car de telles mesures peuvent mettre de côté certains étudiants plus méritants.

Dans La grande nurserie, Mathieu Laine prend l’exemple de Stefen L. Parker qui, après avoir été refusé de Harvard, a reçu la lettre commençant par les mots suivants : « Nous ne savions pas que vous étiez noir et nous serions en réalité ravis de vous recevoir parmi nous ». Il est évident que les politiques de discrimination positive sont passées par là. Cette affaire a créé un tollé médiatique et a été à la base des premières critiques envers la discrimination positive.

  • Emploi : quotas à l’embauche pour se créer une place sur le marché du travail. Cependant, cette forme d’action positive n’empêche pas la discrimination au sein de l’entreprise.
  •  Fiscalité : moyen privilégié dans de nombreux pays, comme la France. Cette forme d’action positive permet de rendre l’emploi plus rentable pour certaines catégories de personnes. L’employeur rationnel est donc encouragé à embaucher ces catégories pour maximiser ses profits. Cependant, cela peut créer des tensions entre les différentes catégories sociales et socioprofessionnelles.

Une réflexion intéressante est celle de Thomas Sowell, dans son ouvrage Race and economics. Il théorise que la discrimination positive d’un groupe de personnes est forcément synonyme de la discrimination négative d’un autre groupe. Fervent opposant à de telles mesures, il déclare que les relations entre ces deux groupes peuvent aisément se détériorer, surtout si la discrimination en question donne l’impression de favoriser un groupe ethnique ou religieux en particulier.

Il explique finalement que l’affirmative action incite les populations qui en bénéficient à se reposer sur ces quotas. C’est la raison pour laquelle, selon lui, les Portoricains s’en sont moins bien sortis que les autres immigrés sud-américains non aidés. Il prend également l’exemple des Irlandais, qui, sans quotas et grâce à la liberté de travail, ont rattrapé les autres communautés.

Daniel Sabbagh, spécialiste de la discrimination positive et directeur de recherche au Centre de recherches internationales (CERI), considère que les politiques de discrimination positive sont efficaces à court terme, permettant aux étudiants issus des minorités ethniques d’être plus nombreux dans les universités.

Aux États-Unis par exemple, entre 1971 et 2002, le nombre des femmes noires exerçant des fonctions à responsabilités est ainsi passé de 0,4 % à 2 %, et celui des hommes de 1 % à 3,1 %. De même, la présence des minorités au sein des conseils d’administration des entreprises a augmenté, 76 % d’entre eux n’étant plus uniformément composés de personnes blanches. Entre 1970 et 1990, 41 % des postes d’officiers de police ont été obtenus par des Afro-Américains dans le pays, alors que le nombre de pompiers noirs a été presque multiplié par cinq.

Useful vocabulary

  • Préjugés raciaux : racial bias
  • La ségrégation : segregation
  • La déségrégation : desegregation
  • Des propos racistes : hate speech
  • Tensions raciales : racial tensions
  • Subir une injustice : to suffer a wrong
  • Se sentir exclu : to feel alienated/excluded
  • Un bouc émissaire : a scapegoat
  • Un problème : a debatable issue