Allemagne divisée

Entre 1949 et 1990, l’Allemagne a été divisée en deux parties : la République fédérale d’Allemagne et la République démocratique d’Allemagne. L’importance de cette division est capitale, car ses répercussions sont encore bien visibles aujourd’hui, notamment d’un point de vue économique et politique. Pour bien comprendre certaines tensions divisant actuellement l’Allemagne, Major Prépa te propose de revoir l’histoire de l’Allemagne divisée. La liste de vocabulaire fournie en fin d’article te permettra de pouvoir t’exprimer aisément sur le sujet.

Pourquoi deux pays distincts ?

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne est divisée en quatre zones, chacune gérée par un pays vainqueur : les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne et la France. Mais l’Occident voit sa relation avec l’URSS se détériorer et la Guerre froide se profile. Les trois zones d’occupation sont fusionnées en 1948 (Trizone) et la création du Deutsche Mark la même année par ces trois pays provoque la colère de Staline qui bloque tout accès terrestre à la zone soviétique pendant onze mois : c’est le blocus de Berlin. Les alliés ravitaillent la zone grâce à un pont aérien pendant cette période.

L’Allemagne séparée

La RFA est créée en mai 1949 dans la Trizone et la RDA en octobre de la même année dans la zone soviétique. Dès lors, chaque pays devient représentatif de son bloc respectif et les tensions entre les États-Unis et l’URSS sont reflétées de manière quasi symétrique par ces deux petits pays. La RFA rejoint l’OTAN et la CECA, puis la CEE, alors que la RDA est intégrée au pacte de Varsovie.

Mais le mécontentement est fort à l’Est. En 1953, des manifestations contre l’économie planifiée et le régime de la SED (parti unique) font près de 150 morts. De plus en plus d’Allemands fuient à l’Ouest au cours des années 1950 et le gouvernement peine à les retenir, notamment les nombreux intellectuels à la recherche de liberté. Le mur de Berlin est construit lors de la nuit du 12 au 13 août 1961 et sépare des centaines de familles berlinoises du jour au lendemain.

Vers la réunification

En 1969, Willy Brandt, ancien maire de Berlin-Ouest, devient chancelier et mène l’Ostpolitik : l’Est et l’Ouest se rapprochent. Les deux pays se reconnaissent mutuellement en 1972 et entrent à l’ONU en 1973. Ces rapprochements sont symptomatiques de la Détente dans les relations entre les États-Unis et l’URSS. Mais les deux pays n’en sont pas encore à la réunification : l’affaire Günter Guillaume, un espion est-allemand ayant infiltré la chancellerie, secoue la RFA en 1974.

En 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en URSS et un vent de libéralisme souffle sur le bloc de l’Est : c’est la perestroïka (reconstruction en russe). Les frontières s’assouplissent dans le bloc soviétique et de nombreux Allemands de l’Est en profitent pour fuir. En 1989, les Montagsdemonstrationen débutent à Leipzig et s’étendent aux grandes villes du pays. Le chancelier Erich Honecker démissionne et le 9 novembre, une marée humaine force l’ouverture du mur de Berlin. En mars 1990, le SED perd le pouvoir au cours d’élections libres et le nouveau pouvoir vote la réunification, qui entre en vigueur le 3 octobre 1990. Si on parle de réunification, il serait techniquement plus correct de dire que la RFA a englobé la RDA. L’Allemagne actuelle s’appelle en effet toujours RFA, ou BRD en allemand.

Les conséquences de la réunification

Si la réunification a donné lieu à des scènes de liesse dans tout le pays, la réalité des années suivantes est assez différente. L’Allemagne de l’Est peine à s’adapter à l’économie de marché, et une certaine « Ostalgie » s’installe. Les pourfendeurs de la réunification parlent souvent des crèches faciles d’accès en RDA, ce qui permettait aux mères de famille de travailler. Les ex-Allemands de l’Est sont aussi très stigmatisés à l’Ouest et le terme péjoratif « Ossi » est créé. Malgré les efforts de l’État et des entreprises, le taux de chômage reste plus élevé à l’Est (6,9 %) qu’à l’Ouest (4,8 %), comme le montrent ces chiffres de 2018. Ce sentiment d’exclusion à l’Est a notamment mené à la montée du populisme et l’AFD y est particulièrement populaire. En 2014, les manifestations du mouvement PEGIDA battent leur plein dans cette partie du pays, notamment à Dresde. Tout cela nous amène à penser que la vraie unification de l’Allemagne est un des plus grands défis de la politique intérieure du pays.

Liste de vocabulaire sur l’Allemagne divisée

Die Bundesrepublik Deutschland (BRD) : la RFA

Die Deutsche Demokratische Republik (DDR) : la RDA

Die Berlin-Blockade : le blocus de Berlin

Die Luftbrücke : le pont aérien

Die Berliner Mauer : le mur de Berlin

Der Mauerbau/Der Mauerfall : la construction/la chute du mur

Die deutsche Teilung : la partition de l’Allemagne

Der kalte Krieg : la Guerre froide

Der Eiserne Vorhang : le rideau de fer (expression de Churchill)

Die Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED) : le Parti socialiste unifié d’Allemagne, parti unique en RDA

Die Europäische Gemeinschaft für Kohle und Stahl (EGKS) : la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA)

Die Europäische Wirtschaftsgemeinschaft (EWG) : la Communauté économique européenne (CEE)

Die NATO : l’OTAN

Der Warschauer Pakt : le pacte de Varsovie

Die gegenseitliche Anerkennung : la reconnaissance mutuelle

Die Detente : la Détente (Guerre froide)

Die Spannungen : les tensions

Die Wiedervereinigung : la réunification

Der Wessi/Ossi : termes péjoratifs désignant les habitants de l’Ouest/Est

Die Arbeitslosenquote : le taux de chômage

Die Arbeitslosenquote bleibt wesentlich höher im Osten als im Westen: le taux de chômage reste bien plus élevé à l’Est qu’à l’Ouest

À lire également : La culture de la rédemption, les jeunes Allemands doivent-ils encore s’excuser pour la période nazie ?