Après une série de débats à l’intérieur des partis dans le cadre des primaires, le premier et tant attendu débat présidentiel a eu lieu en cette fin de Septembre. Cet événement majeur a réuni 111 millions de téléspectateurs !

Les enjeux liés aux débats présidentiels

Ces débats, on le sait, sont l’occasion pour les candidats de confronter leurs opinions en face-à-face. Mme Clinton et Mr Trump ont passé leur temps à répondre aux discours de l’autre lors de leurs meetings dans le pays entier : il y a une forme de communication entre eux, mais jamais ne se sont-ils adressés directement la parole depuis les campagnes présidentielles.

Ce premier débat, en particulier, est de prime importance pour aider les indécis à se positionner en faveur d’un de ces candidats mal-aimés. Ils se sont exprimés en direct sur tous les sujets touchant à leur politique — l’emploi, les inégalités, les conflits raciaux, les impôts, l’éducation. De plus, les estimations sont très serrées concernant Clinton et Trump (l’ex-secrétaire d’Etat avait distancié le milliardaire suite à la convention démocrate, mais celui-ci a ensuite repris du poil de la bête avec les ennuis de santé de la candidate).

Dans cette analyse, nous allons tâcher de résumer brièvement les postures et attitudes des deux candidats. Durant le débat, chacun d’eux a résumé ses idées que l’on commence tous à connaître par coeur…

Trump n’avait pas le droit au dérapage

Dès le début, on remarque que Donald Trump décide de laisser son attitude incendiaire et désinvolte de côté. Le candidat apparaît les traits sombres, presque timide. Il faut dire qu’il n’a pas le droit au dérapage : il est en direct, face à son adversaire principal. Il doit donc adopter une attitude “présidentielle” afin de montrer aux électeurs qu’il a saisi ce qu’on lui reproche principalement.

De plus, Trump n’est pas vraiment à l’aise pendant les débats. Cela se comprend pour plusieurs raisons :

  • L’auditoire n’est pas composé uniquement de ses votants qui, eux, sont charmés par l’attitude décalée et audacieuse de leur leader. Haranguer la foule comme il le fait lors de ses meetings n’est donc plus une option pour le candidat, lorsqu’il débat.
  • Un débat, c’est généralement une confrontation d’idées. C’est avec elles qu’on va défendre ou non sa victoire du débat. Les arguments de type ad hominem sont donc à laisser de côté car ce n’est pas possible de mener un débat avec eux seulement. Or Trump est relativement friand des attaques personnelles à ses adversaires, qu’il déguise en de l’humour.

Le magnat de l’immobilier a donc paru être sur la défensive pendant la durée entière du débat, du fait qu’il ne devait pas faire de débordements. Il a passé son temps à se justifier par rapport aux frasques qu’on lui reprochait, dont le fait qu’il n’ait pas dévoilé son avis d’imposition (tax records). Il a dit qu’il allait le révéler quand Hillary Clinton montrera les milliers d’emails qu’elle a supprimé pour ne pas être inquiétée de l’enquête dont elle faisait l’objet.

Trump a aussi été attaqué sur le fait qu’il avait refusé de payer des personnes qui ont travaillé pour lui (architectes etc…). Il a répondu assez maladroitement en disant que s’il avait refusé de le faire, c’est que ces personnes avaient mal effectuer leur travail.

Avantage à Clinton durant le débat

La candidate avait très bien préparé ce débat (elle citait des chiffres et informations précises) et s’est distinguée par son attitude et sa manière d’exprimer ses idées. En effet, l’ancienne secrétaire d’Etat était très souriante et ne s’est pas laissée atteindre par les reproches que Trump lui lançait.

“Donald, it’s good to be with you” — Hillary Clinton, au début du débat.

Elle su jongler entre amabilité et attaque en faisant rire l’audience lors de “punchlines” bien choisies.

“—Donald, I know you live in your own reality, but that’s not the facts.

—But you have no plan.

—Oh I do. I wrote a book about it. It’s called Stronger Together, you can pick it up tomorrow at a bookstore or an airport near you.”

Dans ce qu’elle avançait, Clinton s’est distinguée par son optimisme. En effet, la candidate a beaucoup parlé des mesures qu’elle allait mettre en place quand Trump s’est cantonné à un rôle d’opposition où il critiquait l’état dans lequel se trouvaient les Etats-Unis.

Le contenu du débat

Le premier sujet abordé a été celui du chômage, montrant que c’est bien la préoccupation première des américains. Les candidats se sont différencié par des mesures visant à tantôt encourager l’offre, tantôt la demande.

  • Hillary Clinton a entre autre proposé d’initier une transition énergétique afin de créer des emplois.
  • Trump a dit qu’il allait baisser les impôts pour les entreprises de 40 à 45% pour stimuler la création d’emplois. Il se targue de vouloir la plus grande baisse d’impôts depuis celle de Reagan en 1981 (tax cuts).

Concernant le chômage, Trump a reproché à Hillary Clinton de chercher à résoudre ce problème trop tard. Elle aurait dû s’en préoccuper quand elle était au pouvoir (secrétaire d’Etat) sous le gouvernement Obama. Cette dernière a répliqué en disant que Trump a participé à l’éclatement de la crise en spéculant pour gagner de l’argent, ce qui a précipité les américains dans le chômage.

Alors, quel vainqueur ?

Hillary a été déclarée gagnante par 62% des téléspectateurs. Elle avait très bien préparé son débat. Trop préparé ? Trump lui a reproché pendant le débat, ce à quoi elle a rétorqué :

“I think Donald just criticized me for preparing this debate. And Yes I did. And you know what else I prepared for ? I prepared to be president.” — Hillary Clinton

Le candidat conteste ce résultat et multiplie sur Facebook des sondages le déclarant gagnant du débat.

https://www.facebook.com/DonaldTrump/posts/10157777015655725:0

Alors, qui a vraiment gagné ? Certes, les grands journaux de la presse américaine sont quasi unanimes sur le fait que Clinton a gagné, mais cela ne fait pas de secret qu’elle possède une grande influence sur ces derniers. Le mieux reste de regarder le débat pour se faire son propre avis, et ça se passe ici :