L’époque victorienne au Royaume-Uni marque l’apogée de la révolution industrielle britannique ainsi que celle de l’Empire britannique. Elle pourrait désigner les années de règne de la reine Victoria, de 1837 à 1901, mais les historiens fixent généralement son début au Reform Act de 1832. Elle est précédée par l’époque géorgienne et suivie de l’époque édouardienne.

L’époque victorienne est également riche en découvertes scientifiques et littéraires. En effet, Charles Darwin publie par exemple en 1859 De l’origine des espèces, dans lequel il explique comment les nouvelles espèces apparaissent. C’est également l’époque de l’avènement de grands auteurs, tels que Charles Dickens, Sir Arthur Conan Doyle ou encore Oscar Wilde.

                                     

Résumé de la pièce

Pygmalion, pièce écrite par George Bernard Shaw en 1912, raconte l’histoire de deux gentlemen britanniques se rencontrant, un soir, à Covent Garden. L’un, Henry Higgins, est un professeur spécialisé dans la science de la phonétique, et l’autre, le colonel Pickering, est un linguiste spécialisé dans les dialectes indiens. Ils font à deux le pari fou de transformer une jeune fleuriste, Eliza Doolittle, en une duchesse aux excellentes manières. Ce pari est dès le départ sous-entendu comme irréalisable par Shaw, ce qui annonce d’ores et déjà l’importante fragmentation sociale en Grande-Bretagne à cette époque.

Le lendemain, la jeune femme se présente à Wimpole Street, où le colonel Pickering accepte de payer la totalité de la transformation si cette dernière réussit. L’expérience dure plusieurs mois, pendant lesquels Eliza est conviée à différents événements, et l’expérience est une réussite. Cependant elle ne sait pas ce qu’elle doit accomplir : elle a quitté son monde et tous ses repères pour entrer dans un univers qui ne lui correspond pas.

Analyse de la pièce

Une analyse pointue de cette pièce peut se faire à travers ses personnages.

Tout d’abord, Henry Higgins est un homme non conventionnel, en inadéquation totale avec le reste de la haute société britannique de cette époque. Il la décrit « impatiente », est en désaccord avec ses mœurs, oublieux des manières et des normes de bonne conduite en public. À travers cette caractérisation tout au long de la pièce, George Bernard Shaw met en avant qu’un tel personnage ne peut exister à cette époque.

Face à cela, Shaw caractérise Eliza Doolittle comme la parfaite opposée aux normes sociales en vigueur. Elle est au départ une insolente fleuriste au langage déplorable. Dès le début de la pièce donc, Shaw met en opposition totale deux mondes qui ne peuvent se rejoindre, et met l’accent sur une hiérarchie sociale indiscutable. Le personnage du colonel Pickering confirme cela : gentleman britannique spécialisé dans le sanskrit, il prend la transformation d’Eliza comme un divertissement, proposant son financement total.

Finalement, ce fort écart social lors de l’ère victorienne est appuyé par le père d’Eliza, Alfred Doolittle, un éboueur qui, dès qu’il apprend que sa fille a été prise en charge par deux gentlemen, ne perd pas de temps pour aller leur soutirer de l’argent. Cependant, il est caractérisé comme un homme honnête, qui a également monté l’échelle sociale à travers de nombreux mariages, dont un très bon parti à la fin. Il devient représentatif de la classe moyenne, mais n’est pas heureux, demeure même toujours misérable.

Ce que Shaw démontre à travers ces personnages si caricaturaux est la forte hiérarchie sociale pendant l’ère victorienne en Grande-Bretagne, qui s’est maintenue au long du XXe siècle et pendant l’écriture de la pièce. Il la dénonce à travers les deux gentlemen, qui illustrent un certain plafond de verre, mais également à travers Eliza et Alfred Doolittle, deux chanceux qui ont changé de classe sociale, mais qui demeurent au final indécis, voire misérables.

Mais George Bernard Shaw n’encourage pas à la fonte des classes : d’ailleurs, il les décrit primordiales au bon fonctionnement d’une société. Cependant, il est en faveur de l’évolution des mœurs et de la hiérarchie sociale qui demeure indiscutable, inattaquable.

Vocabulaire sur la mobilité sociale

Faire la causette : to make small talk
Gagner de l’argent : to earn/make money (et non « win »)
Gravir les échelons : to climb up the social ladder
La hiérarchie sociale : the social/societal hierarchy
La mobilité sociale : upward/social mobility
Le revenu : the income
Le système social est fragmenté en différentes classes : the social system is layered in several classes
Les différentes classes sociales : upper/upper-middle/middle/lower-middle/lower class
Les riches et les pauvres : the haves and the have-nots
Les niveaux de vie : the standards of living/living standards

Pour plus de termes sur le thème de la richesse/pauvreté, tu peux consulter notre liste de vocabulaire sur ce sujet.