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Autre fait d’actualité incontournable mais cette fois-ci pour les oraux d’anglais : les élections générales qui se sont tenues au Royaume-Uni le 7 mai dernier. Si vous n’avez rien suivi ou presque, Major-Prépa vous propose un rapide compte rendu des résultats et de ses conséquences.

Les conservateurs obtiennent une courte majorité, travaillistes et libéraux s’effondrent.

Contrairement à ce que les sondages laissaient présager, les conservateurs s’en tirent bien mieux que ce à quoi on pouvait s’attendre. En effet ces élections apparaissaient comme devant être parmi les plus indécises et les plus serrées depuis celles de 1992. Ainsi l’organisme de sondage mondialement reconnu IPSOS donnait lors des derniers jours de campagne 36% des voix pour les conservateurs et 35% pour les travaillistes. Un consortium d’experts de divers universités dont la prestigieuse London School of Economics prévoyait quant à lui que les conservateurs gagneraient 278 siège contre 267 pour les travaillistes…

Comment expliquer cet écart pour le moins gigantesque entre les prévisions et les résultats effectifs ? Pour les responsables des instituts de sondages difficile à dire. Mensonge des sondés, changement d’opinion de dernière minute ou mauvaise sélection des échantillons représentatifs ? Dans tous les cas, le mode d’élection britannique n’aide en rien à obtenir des prévisions fiables.

En effet, lors des élections générales sont élus les Members of Parliament (MP’s) et le parti qui obtient le droit de former un gouvernement, the Cabinet (seul ou avec une coalition), est celui qui gagne le plus de sièges, et non pas le plus de voix stricto-sensu. Cela crée donc une distorsion entre le nombre de voix obtenues par un parti et son nombre de sièges, et rend les estimations des résultats bien plus complexes et incertaines. Quoi qu’il en soit, la chose est prise très au sérieux par le British Polling Council qui a annoncé peu après les résultats la mise en place d’une enquête pour déterminer les raisons de telles erreurs.

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     Les gagnants :

Les Tories connaissent une victoire inespérée et permettent à David Cameron de rester à la tête du gouvernement pour un second mandat de 5 ans, et cette fois-ci sans avoir besoin de s’allier aux libéraux-démocrates. Cependant leur majorité reste très serrée, ce qui n’ira pas sans poser problème au Premier ministre.

En effet, Cameron aura besoin des voix de tous ses backbenchers pour soutenir sa politique, alors que beaucoup dans son propre parti ont des positions bien plus à droite que les siennes sur des thèmes tels que l’immigration ou l’Union Européenne. Cette « aile droite » pourrait donc se révéler être sa véritable opposition dans les années à venir. La reconduite des Conservateurs au pouvoir s’explique entre autre par des résultats économiques parmi les meilleurs d’Europe, et même des pays occidentaux. Le pays a connu une croissance de 2,6% l’année précédente, avec un taux de chômage inférieur à 5,5%. Même si la protection des travailleurs a été réduite et que le nombre d’emplois précaires a augmenté, les Britanniques semblent avoir apprécié la croissance et la baisse du chômage permise par la politique du gouvernement ces dernières années.

Le Parti National Ecossais (SNP) obtient une victoire historique et gagne 56 sièges sur les 59 circonscriptions d’Écosse, véritable raz-de-marée électoral après l’échec du référendum sur l’indépendance en septembre 2014. C’est d’ailleurs surement la volonté des électeurs écossais de compenser ce choix envers l’unité du royaume qui a engendré un tel succès, afin de montrer qu’ils restent attachés à une indépendance relative de leur nation. Le parti a désormais une position hégémonique totale dans la région. La leader actuelle Nicola Sturgeon, successeuse d’Alex Salmond, se retrouve à la tête d’une force parlementaire d’influence, qui a désormais les moyens de peser dans le jeu politique. Malgré seulement 5% des voix nationales, le SNP parvient à devenir la 3ème force politique du pays en tirant profit du mode de scrutin.

     Les perdants :

Grosse désillusion pour les travaillistes, qui se font littéralement balayer en Écosse (1 unique siège !) dans ce bastion historique du parti, et qui font beaucoup moins bien qu’escompté dans le reste du pays. Ce revers a poussé Ed Milliband à démissionner, laissant les travaillistes sans leader.

Pour les libéraux-démocrates, cette élection a été un véritable désastre. Nick Clegg, ancien vice-Premier ministre (Deputy Prime Minister) et leader de ce parti membre de la coalition au pouvoir avec les Conservateurs de 2010 à 2015, assiste au pire scénario possible pour son parti. S’il reste accroché à son siège parlementaire, il a choisi de démissionner de son poste de chef du parti après l’avoir dirigé durant près de 8 ans.

Et enfin jamais deux sans trois… le polémique chef de file du parti UKIP Nigel Farage démissionne lui aussi, comme il l’avait promis s’il n’était pas élu au Parlement. Malgré 13% des voix des électeurs, le parti n’obtient qu’un seul siège à Westminster. Cela illustre un autre problème du mode d’élection britannique qu’on lui reproche souvent: il défavorise grandement les petits partis, qui n’ont pas la possibilité d’obtenir une majorité dans une circonscription, seul moyen de se voir octroyer un siège. A cet égard, Farage a appelé à reconsidérer ce mode de scrutin qu’il juge trop peu représentatif du vote populaire.

Quelles conséquences pour le futur du Royaume-Uni ?

     Le référendum de 2017 sur la sortie de l’Union Européenne

Cameron réélu, sa promesse de tenir un référendum sur la sortie de l’Union Européenne en 2017 devient dès lors un enjeu crucial pour les années à venir. Avant cela, le Premier ministre entend renégocier avec Bruxelles les termes de sa présence dans l’Union, notamment au sujet de la libre circulation des hommes et des travailleurs, principale pierre d’achoppement avec l’UE. Si Cameron soutient ouvertement le maintien du Royaume-Uni dans l’UE (sous couvert d’avancées significatives dans les négociations à venir avec Bruxelles), un tiers des MP’s conservateurs sont considérés comme anti-européens. Ainsi Cameron à devant lui une tâche difficile : concilier les attentes des eurosceptiques et convaincre les capitales européennes, peu enclines à faire des concessions. Plane alors le risque tout à fait plausible d’un Brexit, qui serait économiquement et politiquement désastreux pour le Royaume-Uni à de nombreux égards, et dans une moindre mesure pour l’Europe tout entière.

     Un nouveau référendum sur l’Écosse ?

Si le Royaume-Uni risque de se désolidariser de l’UE, l’Écosse pourrait elle aussi renouveler sa tentative d’émancipation. Ces deux questions sont d’ailleurs plus liées qu’il n’y parait. En effet une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne verrait le SNP, fondamentalement pro européen et disposant désormais d’un fort poids parlementaire, faire encore plus pression sur la majorité pour obtenir un nouveau référendum. Et s’il y parvient, il existe de fortes chances que les séparatistes rencontrent un bien plus franc succès qu’en septembre dernier… Peut-on alors imaginer un Royaume-Uni démembré et isolé en Europe, sinon dans le monde? Pourrait-il seulement s’en relever?