Le thème et la version sont deux grands incontournables des épreuves de langues des concours d’entrée aux grandes écoles et il n’y a pas de secret, il faut les préparer ! Si tu veux cerner les enjeux de ces épreuves redoutables et réussir l’exercice, cet article est fait pour toi !

Pourquoi lire une traduction ?

À quoi bon lire cet article ? Plusieurs raisons : à ce jour, les exercices de traduction valent encore près de la moitié des points lors des concours (ce qui pourrait être amené à changer pour les concours 2023), et te démarquer par ton style et ton inventivité lors de cette moitié d’épreuve pourrait t’apporter ces quelques points te permettant d’intégrer l’école de tes rêves (oui, même celle dont on ne prononce pas le nom 😜). De plus, lire ces traductions, qui auraient eu 20 aux concours, te permettra de voir qu’il ne faut pas être bilingue-triple TOEFL-double TOEIC et connaître l’intégralité du dictionnaire anglais pour t’en sortir ou exceller. Finalement, chacun sait que les correcteurs commencent par examiner le thème du candidat, afin de se faire une idée du niveau global de la copie : il est donc essentiel de faire une bonne première impression.

Les textes et leurs difficultés

Ces deux textes sont tous les deux issus de romans relativement récents, publiés à l’aube du millénaire par David Lodge et Philippe Claudel. Ces deux textes font la part belle au dialogue : connaître et appliquer avec rigueur les règles de syntaxe des deux langues est donc nécessaire. De plus, au sein de ces dialogues, certains personnages ont un langage légèrement familier, qu’il s’agit de retranscrire dans la traduction. Autre problème possible : le lexique. Les correcteurs partent du principe que la grande majorité des candidats ne connaîtra pas la traduction exacte de « asticoter », « girders » ou encore « burly », alors pas de panique ! Ne t’attarde donc pas sur ces quelques mots, traduis-les au mieux, au risque d’employer un adjectif vague ou passe-partout. Ne te laisse pas faire ni déstabiliser ! Finalement, dans la version, tu peux remarquer la longueur de la première phase. Un choix s’impose alors : couper ou non ce long et tortueux segment. Ici, il ne l’est pas, mais tu peux le faire, à condition d’être élégant et de respecter le rythme de la phrase.

Bonne lecture, et surtout n’hésite pas à reprendre sur un carnet les mots et tournures qui t’intéressent. Et tant qu’à faire, essaye de traduire sur ce carnet les segments qui ont l’air plus difficiles avant de regarder le corrigé : en traduction comme dans beaucoup d’autres domaines, rien ne vaut l’entraînement. Et maintenant, go !

Thème

Texte original

Quand j’ai demandé à parler à ceux qui étaient en poste la nuit du crime, Arsène Meyer, le chef du personnel, a regardé le crayon qui était dans ses mains, et il l’a retourné dans tous les sens.

« T’as la réponse dessus ? » que je lui ai dit tout à trac. (…)

« Ils sont plus là… qu’il me dit Meyer.

— Et depuis quand, ils sont plus là ? » je lui demande.

Alors il regarde son crayon, puis il murmure quelque chose, et il faut que je tende bien l’oreille pour entendre.

« Ils sont partis en Angleterre, ça va faire deux mois… »

L’Angleterre, surtout en temps de guerre, c’était presque le bout du monde. Et deux mois plus tôt, ça faisait peu de temps après le crime.

« Et pourquoi ils sont partis ? 

— On leur a dit.

— Qui ?

— Le Directeur.

— C’était prévu ce départ ? »

Meyer casse son crayon. Il sue à grosses gouttes.

« Tu ferais mieux de partir, qu’il me dit, j’ai des ordres, et tout policier que tu es, t’es bien petit face à ces gros. »

Je n’ai pas voulu l’asticoter davantage. Je l’ai laissé dans sa gêne en me disant que le lendemain, j’irais poser la question au Directeur lui-même.

Traduction

When I asked to speak to those that were working on the night of the crime, AM, the staff manager, gave a look at the pencil he was holding, and then started to frantically shake it.

“You got the answer written on it?“ I said out of the blue.

“They’re no longer here…” answered that Meyer guy.

“And how long has it been since they left” I asked.

He then stared at his pencil before whispering something, and I really had to lean in in order to hear the slightest thing.

“They left for England a little less than two months ago…”

Leaving for England sounded like a trip across the globe, especially during wartime. And leaving two months ago meant leaving right after the crime.

“And why did they leave?”

“Someone told them to”

”Who did?”

“The director”

“Had they planned to leave beforehand?”

Meyer snapped his pencil in half. He was sweating a lot.

“You’d be better off leaving” he said. “I have orders, and no matter how special of a policeman you are, you pale in comparison to these guys”

I was done with him. I left him feeling embarrassed, telling myself that I’ll ask the director myself tomorrow.

Version

Texte original

The morning wears on. The atmosphere under the steel-grey pipes and girders becomes stuffier and more charged with frustration and anxiety, as passengers shuffling forward in the long, slow-moving line waiting to go through Passport Control check thcir watches and wonder whether they will miss their flights. Passenger Sheldrake, wearing a beige safari suit, and towing a practical hard-shell suitcase with built-in wheels, presents his comblimentary icket, and comments gloomily on the queues. He has a large, domed head, and a big, bulging jaw, the rest of his features looking rather squeezed between these two protuberances.

“Don’t worry, sir says Leslie, with a conspiratorial wink. Just come with me and I’ll get you checked in through Business Class.”

“No, no, I’ve got to be treated like everyone else says Dr Sheldrake (for such is his title according to the ticket. It’s all part of the fieldwork, he adds enigmatically. Declining Trevor’s assistance, he disappears, with his wheeled suitcase, into the throng”

“Was that the journalist?” Trevor inquires.

“I don’t know’ Leslie replies. It said he was a doctor on his ticket.”

“He had worse dandruff than me” says Trevor.

“Don’t look now, says Leslie, ‘but you’re being filmed”. A burly man with luxuriant sideburns, wearing a two-tone blouson and keenly pressed trousers, is aiming a hand-held video camera at them from about ten yards’ range. A woman wearing a yellow cotton frock with a pattern of red beach umbrellas, and a great deal of costume jewelery, loiters beside him, looking absently around her.

Traduction

La matinée semblait interminable. L’atmosphère qui planait sous les tuyaux couleur d’acier et les câbles était de plus en plus chargée, de plus en plus empreinte de frustration et d’anxiété à mesure que les passagers, traînant des pieds en faisant longuement la queue menant au contrôle des passeports, regardaient leur montre en se demandant s’ils allaient rater leur vol. Sheldrake, un passager vêtu d’une tenue de safari beige et traînant une valise à roulettes rigide et pratique, présenta son billet gratuit et émis lugubrement quelques remarques au sujet des files d’attente.

— Ne vous en faites pas Monsieur, dit Leslie avec un clin d’œil complice, venez donc avec moi et nous procéderons à l’embarquement en classe affaires.

— Non, surtout pas, il faut que je sois traité comme tout le monde, dit alors Dr Sheldrake (c’était là le titre inscrit sur son ticket). Cela fait partie de l’expérience terrain, ajouta-t-il mystérieusement. Ayant refusé l’aide de Trevor, il disparut au sein de la foule, lui et sa valise à roulettes.

— C’était le journaliste ? demanda Trevor.

— Je n’en sais rien, lui répondit Leslie. Y avait marqué « Docteur » sur son ticket.

— Il avait encore plus de pellicules que moi, ajouta Trevor.

— Ne te retourne pas, dit Leslie, mais tu es filmé. Un homme à la forte corpulence et aux imposants favoris, vêtu d’une veste bicolore et d’un pantalon attentivement repassé, les braquait avec une caméra qu’il avait entre les mains, tout cela à une dizaine de mètres d’eux. Une femme portant une robe en coton jaune avec des multiples parasols rouges dessus, ainsi qu’une impressionnante quantité de bijoux fantaisistes, se traînait à ses côtés, projetant autour d’elle un regard vide.

Tu retrouveras également dans le dernier numéro de notre magazine Le Major, un article au sujet de l’épreuve d’anglais aux concours :