le péronisme en Argentine

L’Argentine est un pays qui présente, à bien des égards, une trajectoire tout à fait particulière. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce pays faisait partie des dix premières puissances économiques mondiales. Aujourd’hui, il ne figure plus qu’à la 25e place. Le retour du péronisme en Argentine peut-il être une solution face à cette crise ? Derrière cette problématique, je chercherai avant tout à te présenter les principales caractéristiques de la vie politique et économique argentine afin que tu sois en mesure d’interpréter les récentes évolutions.

I – (1943-2003) : péronisme, dictature et crise en Argentine

A – (1943-1976) : le mouvement péroniste (le justicialisme) et ses détracteurs

L’arrivée en politique de Juan Domingo Perón

Afin de saisir les récentes évolutions politiques survenues en Argentine, il est fondamental de comprendre en quoi la politique de Juan Domingo Perón a été un bouleversement tant sur le plan politique, économique que social. Ce militaire de profession accède au pouvoir en tant que ministre du Travail lors de la « Révolution de 1943 ». Sans être l’instigateur de ce coup d’État, il en devient très vite l’une des figures grâce au soutien que lui accordent les classes les plus pauvres. En effet, en plus de mettre fin à ce que les historiens appellent la décennie infâme (décennie caractérisée par des gouvernements autoritaires et antidémocratiques), il va chercher à incorporer les classes ouvrières dans des syndicats afin de répondre au défi posé par la question sociale.

Une politique controversée

Tout en impulsant une politique visant à industrialiser le pays (cf. méthode ISI), il va chercher – en tant que membre du gouvernement de Edelmiro Farrell – à améliorer les conditions de travail. Entre 1943 et 1945, le taux de syndicalisation augmente significativement permettant à J. Perón de solliciter, en convoquant syndicats et employeurs, la signature de plus de 300 conventions collectives. Parallèlement à cela, il met en place un système de retraite, instaure le tribunal des prud’hommes et modernise le statut de l’ouvrier agricole. Bien que progressiste, sa politique est toutefois loin de faire l’unanimité notamment chez les classes moyennes et aisées qui, avec le soutien d’une partie de l’armée, font chuter le ministre et le font incarcérer. Son emprisonnement, en 1945, ne fait alors qu’exacerber les tensions entre antipéronistes et péronistes. Finalement, face à l’ampleur des protestations réclamant sa libération (17 octobre 1945), celui-ci est libéré et devient, une année plus tard, le premier président argentin à être élu au suffrage universel.  

La mise en place d’un État-providence

Son premier mandat (1946-1952) est marqué par la mise en place d’un État-providence qui va chercher avant tout à stimuler l’industrialisation (aéronautique, sidérurgie, etc.) et redistribuer les richesses. Sur le plan social, les avancées sont majeures, que ce soit dans le domaine de l’éducation – où l’enseignement universitaire devient gratuit – ou dans le domaine de la santé avec le développement de la protection sociale et des hôpitaux. Certes clientéliste, sa politique, visant à promouvoir la justice sociale (d’où le nom de sa doctrine : le justicialisme) permettra, à lui et à sa très charismatique épouse (Eva Perón), de devenir tout un symbole pour les descamisados (les sans-chemises ; référence aux ouvriers). C’est dans ce sens qu’il modifie la Constitution en 1949, afin d’approfondir ses réformes lui permettant au passage d’exercer un nouveau mandat. Logiquement, il se représente et est réélu en 1952, mais il devra rapidement faire face à des problèmes structurels.

Des difficultés grandissantes

Après une croissance annuelle de 6 % par an (dans l’immédiat après-guerre), l’Argentine connaît une forte sécheresse dans les années 1950, pénalisant ses exportations agricoles et plongeant le pays en récession en 1952. Déjà très affaibli par le décès de Eva Perón (qui était très populaire), le gouvernement se retrouve alors confronté à une inflation particulièrement élevée l’obligeant à mener une politique d’austérité. Même si l’État argentin renoue avec la croissance deux années plus tard, il est indéniable que les résultats de cette politique dirigiste et sociale ont affaibli la crédibilité des péronistes.

Sortant renforcée de cette crise, l’opposition civomilitaire antipéroniste – qui n’a de cesse de qualifier d’autoritaire le régime (monopole de l’information, violence en hausse) – tente de procéder à un coup d’État en 1955 en bombardant la place de Mai (tuant des centaines de civils). Dans un premier temps, cette situation précaire oblige Juan Perón à dialoguer avec l’opposition. Quelques mois plus tard, il déclare les négociations closes, poussant les forces armées à entrer en rébellion : le 16 novembre 1955, Juan Perón est obligé de s’exiler.

La dernière ère Perón

Alors que l’Argentine fait face à une succession de gouvernements militaires et souvent autoritaires, une résistance politique (parti néopéroniste) et armée (Montoneros) se construit petit à petit afin de préparer un retour du leader péroniste. En 1973, le dictateur A. Lanusse, alors au pouvoir, le met au défi de revenir et de se présenter à l’élection présidentielle. Juan Perón saute sur l’occasion et est élu président de la République avec près de 62 % des voix. Le « troisième péronisme » (nom donné à cette période) ne sera toutefois que bref, puisque rapidement le leader populiste tombe malade et décède, laissant le pays aux commandes de sa nouvelle femme, Isabel Perón (ex-vice-présidente), qui devient d’ailleurs la première femme présidente au monde. Après moins de deux ans au pouvoir, elle est renversée par le général putschiste Jorge Videla.

B – (1976-1983) : les années sombres et la « guerre sale »

La mise en place d’un système répressif

Ce coup d’État, soutenu tacitement par les États-Unis, sera le début d’une période particulièrement sombre pour l’Argentine. Comme avec Pinochet au Chili, Jorge Videla ambitionne de totalement réorganiser la société. À ce titre, il lance un processus de réorganisation nationale avec comme objectif de protéger et libérer la nation des groupuscules de gauche. La répression des militaires est particulièrement violente, tant envers les guérillas (qui étaient déjà démantelées…) que vers les syndicats, les opposants politiques, les prêtres…

Cette « guerre sale » (notion évoquant les répressions ayant débuté dans les années 1970-1980 en Amérique latine), qualifiée aujourd’hui de génocide par la justice argentine, a causé près de 30 000 morts entre 1976 et 1983. Au total, durant cette période quatre juntes militaires se succèdent (Jorge Videla fut simplement le dirigeant de la première), toutes plus violentes les unes que les autres. Au morbide bilan énoncé ci-dessus, ajoutons l’affaire – désormais connue – des bébés volés. Il s’agissait d’un plan systématique de vols de bébés d’opposants politiques (environ 500) afin qu’ils soient élevés par des familles proches du pouvoir.

Des difficultés économiques et géopolitiques

Sur le plan économique, la situation est particulièrement précaire. Au début des années 1980, l’Argentine connaît un épisode d’hyperinflation (300 % en 1981) poussant les militaires en place à poursuivre la restructuration néolibérale initiée par les prédécesseurs. Cette libéralisation de l’économie s’accompagnera, comme dans la majorité des pays d’Amérique latine, d’une démocratisation progressive. Il ne s’agit toutefois pas, dans le cas de l’Argentine, de l’unique raison expliquant la fin du régime autoritaire. En effet, la guerre des Malouines a été un véritable fiasco pour la junte militaire (face au Royaume-Uni), qui a été incapable de récupérer l’île tant convoitée.

C – (1983-2003) : démocratisation et crise économique

Une tentative de paix

En Argentine, cette démocratisation progressive se fera sous le président Raul Alfonsin qui jouit, dans les premières années, d’une popularité particulièrement forte. Face aux crimes commis lors de la guerre sale, il souhaite que les dirigeants des juntes militaires soient jugés, mais que l’on fasse preuve d’indulgence à l’égard des exécutants. Dans les faits, les différentes procédures lancées furent très longues, d’autant que l’armée exerça différentes pressions sur le gouvernement afin que celui-ci adopte une loi (1987) stipulant que seuls les militaires qui commandaient un corps d’armée ou une sous-région soient passibles des tribunaux. La grande réconciliation est donc certes imparfaite, mais elle aura eu au moins le mérite de chercher à unifier le pays.

Crise économique et libéralisation de l’économie

Ce désir d’unification est d’autant plus important que la crise économique de 1982 impacte de plein fouet l’Argentine. En effet, en plus de subir les conséquences de l’hyperinflation (3 731 % en 1989), le pays est confronté à une brutale sortie des capitaux, environ 20 milliards (entre 1976 et 1984), pour une dette publique estimée à 45 milliards. Afin de résoudre cette crise, économique et a fortiori sociale, le nouveau président élu, Carlos Menem (1989-1999), entreprend – alors même qu’il est membre du parti justicialiste (parti de Juan Perón) – une profonde libéralisation de l’économie. À cet effet, il crée, comme plusieurs pays voisins, une taxe sur la valeur ajoutée, diminue drastiquement les dépenses publiques, privatise les retraites et brade de grandes entreprises nationales à l’instar de Aerolíneas Argentinas.

L’amplification des difficultés économiques et sociales

Même si l’inflation redevient rapidement sous contrôle (elle passe sous la barre des 10 %), l’économie, elle, devient particulièrement fragile et sensible aux chocs extérieurs. En 1999, l’Argentine fait face à une soudaine dévaluation du peso brésilien qui, conjuguée à la hausse des taux d’intérêt du dollar, l’entraîne droit vers la déflation, puis la récession. Les différents plans d’ajustement structurel (PAS) n’ont alors comme unique conséquence que d’accroître la pauvreté qui passe de 19,7 % (en 1999) à 41,5 % en 2002 et amène le pays à déclarer qu’il n’honorerait pas une partie de sa dette. Il faudra attendre 2003 et l’arrivée de Nestor Kirchner au pouvoir pour que celui-ci, à rebours des institutions financières, mette en place un plan de relance.

II – (2003-2015) : le péronisme « de gauche » au pouvoir

A – (2003-2007) : le péronisme comme solution à la crise de 2001 en Argentine

Le début de l’ère Kirchner et la relance de l’économie

L’arrivée de Nestor Kirchner à la présidence (2003), un péroniste convaincu, est un symbole fort au moment où le pays est au plus mal. À rebours des préconisations du Fonds monétaire international (FMI), il rompt avec la politique libérale de ses prédécesseurs et réussit même, grâce au soutien de la population, à renégocier la dette. Profitant de la hausse du cours des matières premières, il décide de taxer le secteur exportateur tout en procédant à une dévaluation du peso afin de contrebalancer la perte de compétitivité induite par la taxation.

De cette manière, il assure à l’État une source de revenus et finance de larges plans de relance afin de résorber la pauvreté qui avait explosé sous le mandant de son prédécesseur. Plus largement, il décide d’étendre le système de retraite, instaure une allocation universelle pour les enfants et accroît de manière significative le budget de l’éducation afin d’éliminer les problèmes d’analphabétisation.

Croissance annuelle du produit intérieur brut en Argentine (2002 - 2008)

2002200320042005200620072008
-11,857,677,887,736,967,923,03

Une politique sociale

En plus de réussir à redresser le pays (tableau ci-dessus), sa politique se singularise également par son engagement en faveur des droits de l’homme. Les amnisties accordées aux militaires par Carlos Menem sont abrogées afin de permettre aux tribunaux de juger convenablement les responsables des crimes commis sous la dictature. Sur le plan des relations avec les pays voisins, il cherche à renforcer l’intégration régionale avec les pays qui, comme l’Argentine, connaissent un tournant politique majeur (se référer à l’article analysant l’arrivée des gauches). L’ensemble de ces facteurs (succès économique, social, politique des droits de l’homme) explique la popularité de ce péroniste qui, fait unique, choisit en 2007 de ne pas se représenter afin de passer le relais à sa femme : Christina Fernandez de Kirchner.

B – (2007-2015) : le péronisme sous Christina Fernandez de Kirchner

L’acte deux de l’ère Kirchner

Christina Kirchner, élue sans mal en 2007 (dès le premier tour) avec plus de 40 % des suffrages, s’engage alors dans la même voie que son époux. Comme elle le dit elle-même, il n’y aura pas, sous son mandat, de retour au néolibéralisme, mais il s’agira d’un capitalisme tempéré par une forte participation de l’État. Ses propositions de fond se résument en deux points. Non seulement elle souhaite reconstruire un État constitutionnel et démocratique, mais elle cherchera également à instaurer un pacte institutionnel entre le capital et le travail.

Politique d’industrialisation et de nationalisation

Profitant d’une conjoncture économique bien plus favorable que son prédécesseur, elle choisit de poursuivre l’industrialisation du pays (plus de 200 000 entreprises sont créées dans l’industrie) et augmente significativement les dépenses publiques afin de mener des politiques redistributives de grandes ampleurs. Elle procède ainsi à différentes nationalisations et finance de larges programmes sociaux permettant à l’Argentine de disposer aujourd’hui de l’une des meilleures sécurités sociales d’Amérique latine.

Une réélection facilitée par une forte popularité

Malgré quelques contestations en 2008 et 2009 (notamment de la part des producteurs de soja qui ont davantage été taxés), elle parvient à se faire réélire en 2011 avec 53,96 % des suffrages. Là où l’on pouvait déceler une certaine incertitude des électeurs en 2007, il est ici certain que les mesures prises lors de son premier mandat lui ont permis d’asseoir sa popularité. Parmi les lois prises lors de son premier mandat, nous pouvons retenir celles renationalisant les retraites, permettant le mariage des couples homosexuels ou bien celle luttant contre la concentration des médias. Son deuxième mandat sera marqué par l’arrivée des difficultés économiques et notamment une inflation difficilement contrôlable. Il s’agit de l’une des critiques pouvant être faites au mouvement kirchneriste.

C) Quel bilan pour le mouvement kirchneriste ?

Définition du péronisme

Avant de revenir sur le bilan du couple Kirchner, revenons simplement sur quelques termes qu’il est nécessaire de distinguer. Comme tu l’as sûrement compris, le péronisme est un mouvement large associé à la politique interventionniste et progressiste du colonel Perón dont la doctrine principale était le justicialisme. À sa mort, de nombreux partis ont cherché à revendiquer cet héritage en se qualifiant de péronistes.

Au fur et à mesure, le parti justicialiste (ancien parti de Perón) a commencé à être composé de différentes mouvances. À titre d’exemple, Carlos Menem (président ayant impulsé une libéralisation de l’économie) se considérait comme péroniste, mais se classait à droite de l’échiquier politique. Le couple Kirchner, qui se considère également comme péroniste, est lui classé à gauche. Nous allons donc, dans cette sous-partie, tenter d’analyser et de nuancer le bilan kirchneriste (Nestor Kirchner et Cristina).

Avec la fin des mandats présidentiels du couple formé par Nestor Kirchner (2003 -2007) et Cristina Kirchner (2007-2015), c’est un cycle politique qui se clôt dans un contexte particulièrement polarisant dans la mesure où une nouvelle crise économique semble se profiler.

Un redressement spectaculaire de l’économie du pays

Premièrement, il faut souligner que la politique kirchneriste (nationaliste et interventionniste) a redressé de manière spectaculaire l’Argentine qui, en 2001-2002, était en proie à une récession de 10,9 %. Leur politique a non seulement permis au pays de se réindustrialiser (production industrielle détruite par la libéralisation des années 1980), mais elle a également permis à 11 millions d’Argentins de sortir de la pauvreté grâce aux importants transferts sociaux. Fait important, ces mesures ont été mises en place sans même alourdir le poids de la dette qui, au contraire, fut restructurée puis remboursée à l’issue de négociations. La réduction du niveau d’endettement (qui passe de 135 % à 40,7 % du PIB entre 2003 et 2011) est, elle, en partie liée à la croissance presque ininterrompue entre 2003 et 2011 (8 à 9 % en moyenne).

Un bilan finalement contrasté

Pour autant, ce bilan peut être nuancé. L’une des grandes critiques est celle de la dépendance de l’économie argentine vis-à-vis de ces exportations (matières premières) et de ses partenaires commerciaux (Chine). À titre d’exemple, le poids de l’agriculture dans le poids total des exportations est estimé à 55 %, soit l’équivalent de 10 % du produit intérieur brut argentin. Il faut également souligner que le gouvernement a laissé s’installer une inflation particulièrement importante durant toutes ces années, estimée en 2012 à 10,8 % selon les chiffres officiels. Cette croissance des prix particulièrement élevée s’explique avant tout par l’augmentation de la masse monétaire en circulation, mais également par le poids des importations. Notons également que le couple péroniste semble avoir laissé à l’abandon plusieurs pans de l’économie (réseau de chemins de fer…), ce qui n’a manifestement pas permis de rétablir un climat de confiance en Argentine puisque l’on constate une fuite inquiétante (et importante) des capitaux. Selon les estimations, entre 2007 et 2011, pas moins de 70 milliards de dollars s’échappèrent du pays.

Pour finir, la corruption semble endémique en Argentine puisque le pays était classé 102e sur 174 (en 2012) par l’organisation non gouvernementale Transparency International.

III – (2015-2020) : quelles réponses à la nouvelle crise économique ?

A – (2015-2019) : le retour de la droite au pouvoir avec Mauricio Macri

En 2014, l’Argentine choisit de rompre totalement avec la politique du couple Kirchner en élisant le très libéral Mauricio Macri. Conservateur, cet ancien maire de Buenos Aires promet notamment d’améliorer l’attractivité de l’économie argentine afin que le pays puisse retrouver sa position d’antan sur les marchés internationaux. Alors confronté à d’importants déséquilibres macroéconomiques – notamment en ce qui concerne l’inflation, le déficit public (–5,8 % en 2015) et la croissance (–2,1 % en 2016) – il entend libéraliser l’économie afin de rompre avec la politique protectionniste de ses prédécesseurs. Toujours dans cette optique de favoriser la compétitivité des entreprises nationales, il met un terme au contrôle de change (qui surévaluait jusqu’alors le peso), ce qui n’a fait qu’accroître l’inflation (qui atteint 40 % en 2016).

Afin de lutter contre le déficit public, celui-ci met en place une politique de rigueur supprimant plusieurs subventions, plusieurs ministères et flexibilisant le marché du travail. Les résultats de sa politique semblent toutefois mitigés. Certes l’Argentine obtient un prêt du FMI et renoue avec la croissance économique (2,9 % en 2017), mais ces mesures ont comme conséquence d’accroître la pauvreté (estimée à 35 %), le chômage (10 %) et l’inflation (54 %).

Face à l’aggravation de la crise économique, les Argentins désavouent Mauricio Macri en 2019 et élisent le péroniste (centre gauche) Alberto Fernandez et sa colistière qui n’est autre que Cristina Kirchner.

B – (2019 à aujourd’hui) : inflexion politique avec la victoire d’Alberto Fernandez

Confronté à une récession de l’ordre de 3,1 % en 2019, il est clair que le mandat d’Alberto Fernandez sera particulièrement décisif pour l’économie argentine. En plus de devoir renégocier la dette, de lutter contre l’inflation et de diminuer la pauvreté, il devra savoir défendre sa politique économique qui va à rebours des conseils des institutions financières ; tout cela dans un contexte international qui lui est défavorable. En effet, Jair Bolsonaro (président brésilien) a d’ores et déjà montré des signes d’hostilité (refus de se déplacer), tout comme Donald Trump qui a déclaré vouloir savoir si « Alberto Fernández [sera] un avocat de la démocratie ou un apologiste des dictatures et des caudillos de la région ».

Notons par ailleurs que ce qui saute aux yeux avec l’élection de ce nouveau président, c’est la ressemblance avec laquelle l’histoire semble se reproduire. Au début des années 2000, l’Argentine est confrontée à une crise que le libéral Carlos Menem ne saura résorber contrairement au péroniste Nestor Kirchner. Quatorze ans plus tard, le libéral Mauricio Macri arrive au pouvoir et semble être incapable de résoudre les difficultés économiques. Il ne reste donc plus qu’à savoir si Alberto Fernandez, partisan d’une politique assimilable à celle des kirchneristes (nationalisme et interventionnisme), saura, lui aussi, résoudre le problème argentin. Pour le moment, sa priorité est de renégocier la dette (consulter l’article suivant).

IV – Conclusion

À titre de conclusion, retenons tout d’abord que l’héritage péroniste, même s’il est pluriel, est encore particulièrement présent en Argentine. Nous avons eu l’occasion de voir que des hommes politiques de droite comme de gauche pouvaient se réclamer de ce mouvement synonyme de prospérité économique pour la population. De plus, il conviendra de retenir que ce pays est presque constamment secoué par des crises économiques, qui induisent toutes des changements politiques majeurs. En 1982, la crise de la dette implique une profonde libéralisation de l’économie. Vingt ans plus tard, une nouvelle crise éclate permettant au couple Kirchner d’arriver au pouvoir et de rompre en partie avec la politique libérale des prédécesseurs. Malheureusement pour l’Argentine, ces difficultés économiques se poursuivent aujourd’hui : il est clair que l’enjeu sera donc de taille pour le nouveau président élu, Alberto Fernandez.

DateDescription des évènements
1943J. Perón devient ministre du Travail.
1946Première élection à la présidence de Juan Perón (rôle de Eva Perón).
1955Exil forcé en raison de la rébellion des forces armées.
1973Retour au pouvoir de Perón (troisième péronisme) qui décède une année plus tard.
1976Début de la dictature de la junte militaire (figure tutélaire : Jorge Videla).
1983 Fin de la dictature.
1983-2003Libéralisation de l’économie.
2003Arrivée au pouvoir de Nestor Kirchner qui résorbe la crise économique.
2007Relève de Cristina Kirchner qui assumera deux mandats.
2015Rupture politique majeure avec l’arrivée du président libéral Mauricio Macri.
2019Élection du péroniste Alberto Fernandez.

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