Version ELVi

Aujourd’hui, Major-Prépa te propose de t’entraîner à un exercice capital pour la réussite de tes concours, et sur lequel tu peux capitaliser : la version ELVi ! Pour t’entraîner, je t’ai choisi un petit extrait de Soldados de Salamina de Javier Cercas, un auteur dont tu as sûrement déjà entendu parler, que ce soit en cours ou sur Major-Prépa.

Version ELVi

Cuando salí hacia el frente en el 36 iban conmigo otros muchachos. Eran de Terassa, como yo; muy jóvenes, casi unos niños, igual que yo; (…) Hicimos la guerra juntos; las dos; la nuestra y la otra, aunque las dos son la misma. Ningunos de ellos sobrevivió. Todos muertos. El último fue Lela García Segués. Murió en el verano del cuarenta y tres, en un pueblo de Tripolí, aplastado por un tanque inglés. En algún momento, Miralles había empezado a llorar: su cara y su voz no habían cambiado, pero unas lágrimas sin consuelo rodaban veloces por la lisura de su cicatriz, más lentas por sus mejillas sucias de barba. A veces sueño con ellos, y entonces me siento culpable : los veo a todos, intactos y saludándome entre bromas, igual de jóvenes que entonces porque el tiempo no corre para ellos, igual de jóvenes y preguntándome por qué no estoy con ellos, como si en realidad yo hubiera muerto hace sesenta años en cualquier cuneta de España o de África o de Francia. (…) Nadie se acuerda de ellos, ¿sabe? Nadie. Nadie se acuerda siquiera de por qué murieron, de por qué no tuvieron mujer e hijor, y una habitación con sol; nadie, y, menos que nadie, la gente por la que pelearon. No hay ni va a haber nunca ninguna calle miserable de ningún pueblo miserable de ninguna mierda de país que vaya a llevar nunca el nombre de ningunos de ellos.

Javier Cercas, Soldados de Salamina, 2001

Proposition de correction

Quand je suis parti pour le front en 36, d’autres gars m’accompagnaient. Ils étaient de Terassa, comme moi, quasiment des gamins, tout comme moi. Nous avons fait la guerre ensemble ; la nôtre et la leur, bien que ce soit blanc bonnet et bonnet blanc. Aucun d’entre eux n’a survécu, tous morts. Le dernier à mourir fut Lela García Segués. Il est mort durant l’été 43 dans un village jouxtant Tripoli, écrasé par un tank anglais. À un moment donné, Miralles s’était mis à pleurer, son visage et sa voix n’avaient pas changé mais des larmes inconsolables coulaient d’abord rapidement sur la peau lisse de sa cicatrice, puis lentement sur ses joues à la barbe clairsemée. Parfois, je rêve d’eux et alors je culpabilise : je les revois tous, indemnes et qui me saluent entre deux plaisanteries, aussi jeunes qu’autrefois car le temps ne court plus pour eux, aussi jeunes qu’autrefois et qui me demandent pourquoi je ne suis pas avec eux, comme si j’étais en fait mort il y a 60 ans dans n’importe quel fossé en Espagne, en Afrique ou en France. Personne ne se souvient d’eux. Vous savez ? Personne. Personne ne se souvient même de pourquoi ils sont morts, pourquoi ils n’ont pas eu de femme, ni d’enfants, ni chambre ensoleillée ; personne et encore moins les gens pour qui ils se sont battus. Il n’y a et n’y aura jamais aucune misérable rue d’aucun misérable village d’aucun putain de pays qui ne portera jamais le nom de l’un d’entre eux.

Javier Cercas, Les Soldats de Salamine*, 2001

* La traduction est ici extrêmement connue, dans d’autres cas ne prend aucun risque et garde le nom original.

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