Pour ne pas perdre le rythme et bien commencer l’année 2020, on te propose cette semaine de travailler une version type CCIP. Il s’agit d’un extrait de La sombra del viento, un livre écrit par Carlos Ruiz Zafón que nous t’avions conseillé de lire. L’extrait est un peu long et tu dois connaître le vocabulaire employé, mais cela ne devrait pas présenter de difficultés majeures. Bon courage !

Extrait

Mi padre y yo vivíamos en un pequeño piso de la calle Santa Ana, junto a la plaza de la iglesia. El piso estaba situado justo encima de la librería especializada en ediciones de coleccionista y libros usados heredada de mi abuelo, un bazar encantado que mi padre confiaba en que algún día pasaría a mis manos. Me crié entre libros, haciendo amigos invisibles en páginas que se deshacían en polvo y cuyo olor aún conservo en las manos. De niño aprendí a conciliar el sueño mientras le explicaba a mi madre en la penumbra de mi habitación las incidencias de la jornada, mis andanzas en el colegio, lo que había aprendido aquel día…

No podía oír su voz o sentir su tacto, pero su luz y su calor ardían en cada rincón de aquella casa y yo, con la fe de los que todavía pueden contar sus años con los dedos de las manos, creía que si cerraba los ojos y le hablaba, ella podría oírme desde donde estuviese. A veces, mi padre me escuchaba desde el comedor y lloraba a escondidas.

Recuerdo que aquel alba de junio me desperté gritando. El corazón me batía en el pecho como si el alma quisiera abrirse camino y echar a correr escaleras abajo. Mi padre acudió azorado a mi habitación y me sostuvo en sus brazos, intentando calmarme.

– No puedo acordarme de su cara. No puedo acordarme de la cara de mamá -murmuré sin aliento.
Mi padre me abrazó con fuerza.

– No te preocupes, Daniel. Yo me acordaré por los dos.

Nos miramos en la penumbra, buscando palabras que no existían. Aquélla fue la primera vez en que me di cuenta de que mi padre envejecía y de que sus ojos, ojos de niebla y de pérdida, siempre miraban atrás. Se incorporó y descorrió las cortinas para dejar entrar la tibia luz del alba.

Fragmento de La sombra del viento, Carlos Ruiz Zafón

Correction

Nous habitions, mon père et moi, dans un petit appartement de la rue Santa Ana, à côté de la place de l’église. L’appartement se trouvait juste au-dessus de la librairie spécialisée dans les éditions collector et les livres d’occasion héritée de mon grand-père, un bazar enchanté qui, mon père y comptait bien, passerait un jour entre mes mains. Je grandis au milieu des livres, en me faisant des amis invisibles dans les pages qui tombaient en poussière et dont je garde encore l’odeur sur les mains. Enfant, j’appris à m’endormir en expliquant à ma mère dans la pénombre de ma chambre les événements de la journée, mes aventures à l’école, ce que j’avais appris ce jour-là…

Je ne pouvais pas entendre sa voix ni sentir son contact, mais sa lumière et sa chaleur rayonnaient dans chaque coin de cette maison, et moi, avec la foi de ceux qui peuvent encore compter leur âge sur les doigts de leurs mains, je croyais que si je fermais les yeux et lui parlais, elle pourrait m’entendre où qu’elle fût. Parfois, mon père m’entendait depuis la salle à manger et pleurait en cachette.

Je me souviens que cette aube de juin, je me réveillai en criant. Mon cœur battait dans ma poitrine comme si mon âme voulait faire son chemin et dévaler les escaliers. Mon père arriva inquiet dans ma chambre et me prit dans ses bras pour essayer de me calmer.

« Je n’arrive pas à me souvenir de son visage. Je n’arrive pas à me souvenir du visage de maman, murmurai-je, le souffle coupé. »

Mon père me serra fort dans ses bras.

« Ne t’inquiète pas, Daniel. Je m’en souviendrai pour deux. »

Nous nous regardâmes dans la pénombre, cherchant des mots qui n’existaient pas. Ce fut la première fois que je me rendis compte que mon père vieillissait, et que ses yeux, des yeux de brume et d’absence, regardaient toujours en arrière. Il se redressa et tira les rideaux pour laisser entrer la douce lumière de l’aube.

Extrait traduit de La sombra del viento, Carlos Ruiz Zafón