Fuite des cerveaux en Italie

La fuite des cerveaux est un thème classique à la fois à l’oral et à l’écrit, car il en rejoint beaucoup d’autres : la situation économique, la précarité, l’insécurité de l’emploi, les perspectives pour l’avenir des jeunes en Italie ou encore l’éducation. Il s’agit donc d’un thème phare en italien qu’il convient de maîtriser.

La fuite des cerveaux, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un phénomène qui n’est pas nouveau et qui désigne la migration de travailleurs qualifiés d’un pays vers un autre et que l’on peut tout particulièrement observer en Italie depuis quelques années. En effet, il a gagné en ampleur suite à la crise financière de 2008 (la crisi finanziaria) qui a profondément touché le marché du travail italien (il mercato del lavoro). En 2017, 115 000 Italiens sont partis à l’étranger (sono partiti all’estero) contre « seulement » 40 000 en 2008, juste avant que la crise ne frappe. Ils ont été principalement en Angleterre, en Allemagne et en Suisse. Des pays qui, selon eux, offrent de meilleures opportunités d’emplois (impiego).

Il s’agit (si tratta di) d’un phénomène mondial, mais qui peut paraître surprenant au premier abord en Italie pour de nombreuses raisons. En effet, historiquement, toutes les vagues d’émigration ayant touché l’Italie au XIXe siècle puis au XXe siècle concernaient des travailleurs pauvres et non qualifiés. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : ceux qui partent (coloro che se ne vanno) sont souvent plus jeunes et plus diplômés que la moyenne. De plus, ce ne sont plus des familles nombreuses comme c’était le cas lors des siècles précédents, mais des « enfants uniques ». C’est la raison pour laquelle la « fuga dei cervelli » est aujourd’hui devenue un véritable sujet de société en Italie.

Perché è così importante?  

Dans un pays qui tend à vieillir (invecchiare), le départ de la jeunesse formée et diplômée inquiète. En effet, près d’un quart de ceux qui partent sont de jeunes diplômés. Il s’agit donc d’abord d’une perte de « capital humain » face à laquelle l’Italie semble impuissante. Selon l’Istat, les pertes s’élevaient à 5 milliards d’euros en 2017.

Après près d’une décennie de stagnation économique et un marché du travail figé, l’Italie est donc en train de perdre ses meilleurs élèves pour des raisons principalement économiques et les chiffres ne mentent pas : 30 % des Italiens âgés de 30 à 34 ans vivent toujours chez leurs parents (un chiffre trois fois supérieur à celui de 1983) et un jeune sur cinq entre 15 et 29 ans a tout laissé tomber (lasciare perdere) – pas d’études, pas de formation et pas de travail. Ainsi (così), le taux de chômage (il tasso di disoccupazione) parmi les jeunes diplômés est de 14 %, plus que le double par rapport à la moyenne européenne. Selon Toni Ricciardi, historien à l’université de Genève, en Italie « un plombier trouve plus facilement un travail qu’un doctorant. »

Alessio Figalli, mathématicien italien ayant remporté la médaille Fields en 2018, illustre cette fuite des cerveaux. Après avoir obtenu son master à Pise, il part étudier en France puis aux États-Unis avant de revenir travailler en Suisse.

Finalement, cette fuite des cerveaux alimente également les critiques à l’égard du (nei confronti di) système éducatif italien. Il s’agirait d’un système qui ne préparerait pas les jeunes au monde du travail et qui ne leur assurerait pas un emploi à la sortie. Le prix des études, nettement plus élevé qu’en France, semble alors déconnecté de la valeur réelle du diplôme de sortie. Faire une partie, voire l’intégralité, de ses études à l’étranger devient alors une option envisageable pour beaucoup d’Italiens.

Quelles solutions face à cette fuite des cerveaux ?

Dans un premier temps, l’idée d’un retour en Italie pour les émigrés semble difficilement envisageable à l’heure actuelle. Historiquement, les Italiens rentrent très peu chez eux une fois partis, contrairement à d’autres peuples. De plus, la liberté de circulation et la très grande mobilité permise par la mondialisation n’encouragent pas non plus ce retour à la maison.

Il faudrait lutter en priorité contre le départ de ces jeunes. En effet, les jeunes partent car ils peinent à envisager un avenir en Italie qui ne soit pas limité au chômage ou, dans le meilleur des cas, à un travail précaire et mal payé. Dès lors, il faudrait donc offrir de meilleures opportunités aux jeunes Italiens afin de les encourager à rester (rimanere) et à se construire un réel avenir (un futuro) en Italie. L’objectif (lo scopo) serait alors d’améliorer (di migliorare) la qualité des formations dans tous les domaines (i campi) afin de pouvoir, à terme, améliorer la qualité des diplômes proposés dans les universités italiennes. De plus, il faudrait fournir un environnement attractif pour les jeunes : un marché du travail dynamique où les offres d’emplois pour les diplômés sont nombreuses.

Lire aussi : Classement 2019 des prépas à l’étranger.