Fronde sociale, économie dans le marasme et pouvoir autoritaire :
Un Venezuela à la dérive.

I/ Genèse de la fronde estudiantine(A) sur fond de dérive autoritaire (B) d’un gouvernement incohérent (C)

A) Un mouvement de protestation anti-gouvernemental a été lancé le 4 février 2014 à San Cristobal, dans l’État de Tachira, dans l’ouest du pays, par des étudiants protestant contre l’insécurité sur le campus universitaire, après une tentative de viol sur une étudiante la nuit précédente. Le mouvement a ensuite essaimé dans d’autres villes et notamment dans la capitale Caracas, intégrant les revendications d’une partie croissante de la population concernant l’insécurité, la vie chère dans un contexte de forte inflation (56,2 % en 2013) et les pénuries récurrentes frappant les denrées alimentaires ou les produits de consommation courante. Les protestataires demandent également la libération des étudiants incarcérés lors des manifestations.
Mais très vite cela dégénère et on déplore des incidents des deux côtés (répression violente mais manifestations violentes et troubles provoqués par des groupes estudiantins dans le quartier aisé du Chacao [Caracas])

B) Cependant on observe une claire dérive autoritaire de Nicolas Maduro, sur fond de musellement de la presse, de répression violente et d’emprisonnements d’opposants.
Le principal opposant (Leopoldo López) est emprisonné. Emprisonnement d’étudiants. Répression violente avec une bonne vingtaine de mort depuis début février. Arrestation de journalistes étrangers début mars et censure des chaînes étrangères telles que la CNN ou la chaîne colombienne NTN24.

C) Ainsi pour se défendre, la « Haine de l’empire » a été à nouveau instrumentalisé avec le renvoi de diplomates américains. Cette manœuvre politique est le parfait exemple des carences d’un pouvoir en quête de légitimité.
En effet, trois diplomates américains accusés d’être des « conspirateurs » ont été expulsés en février. De plus Maduro crie au complot Américano-Colombien. Pour lui les USA et la Colombie favoriserait la rébellion estudiantine pour déstabiliser son pays. En réalité cela semble être un “artefact” politique (Max Weber) utilisé par un pouvoir en quête de légitimité.

II/ Les causes de la fronde étudiante prennent source dans un modèle chaviste érodé et à bout de souffle couplé à une malédiction pétrolière due à un régime sclérosé et corrompu(A), qui favorise une inflation galopante et une pénurie structurelle (B) alors que l’insécurité endémique gangrène toujours le pays (C).

A) Malédiction des Matières Premières et gestion folle du parti Bolivar.
==> Chavez a certes fait beaucoup de politique redistributive, il n’en a pas moins laissé le pays dans une situation économique et sociale terrifiante à sa mort en 2013. Certes, son charisme et sa rhétorique lui permettait toujours de retomber sur ces pieds. Cependant Maduro n’a pas l’aura de Chavez et par conséquent le Chavisme est à bout de souffle.
D’autant plus que la manne pétrolière est de moins en moins source de développement en raison d’une gestion catastrophique (d’ou la récente volonté d’exploiter les huiles de schistes au Venezuela). La manne est en effet, non rentable (12 milliards de perte par an car l’essence est gratuite au Venezuela, elle est ainsi détourné et alimente le marché noir étranger), ne favorise pas l’essor d’autres activités (97% des exportations) et surtout elle est détourné et sert ainsi le népotisme (clientélisme et corruption). Ainsi on en arrive au paradoxe suivant : PDVSA (La société pétrolière du Venezuela) est largement endettée alors que le Venezuela dispose des plus importantes réserves pétrolières au monde. Telle est la malédiction du pétrole au Venezuela et elle est largement le fruit d’un pouvoir sclérosé aux stratégies incohérentes.

B) Cette mauvaise gestion a pour corollaire une inflation incontrôlée et la pénurie. Et c’est précisément cela qui a créé la fronde sociale.
Par exemple, le manque de papier toilette est devenu un symbole de cette économie de pénurie. Par ailleurs les rayons d’aliments sont également assez mal fournis.
D’autre part l’inflation record (56 % en 2013) ronge le pouvoir d’achat, surtout des plus pauvres. La flambée des prix limite la possibilité de recourir au marché noir pour s’approvisionner. Dans ces conditions, Nicolas Maduro a entrepris une guerre économique contre les commerçants qui sont selon lui responsable de la hausse des prix, en réalité le Venezuela souffre surtout d’une crise des changes. (1$ = 70 bolivar sur le marché parallèle plutôt que 7 bolivar le prix officiel or baisse des liquidités à disposition)

C) Enfin l’insécurité gangrène le pays.
Le chiffre de 25 000 homicides par an est un indicateur terrifiant : il y avait 5 000 en 1998, lors de la première élection de Chavez. Il faudrait y ajouter les extorsions, les cambriolages, les enlèvements, les agressions.

Conclusion : Par conséquent la réforme s’impose face à la situation critique de ce système qui , à tout moment, menace de s’effondrer aussi bien d’un point de vue social que d’un point de vue économique et financier. Mais Nicolas Maduro en a-t-il la volonté ?

Ezékiel SEDAMINOU
Major-prépa