La philanthropie, un thème bateau ? Mieux vaut tout de même être armé pour affronter de manière pertinente cette thématique, à l’écrit comme à l’oral d’anglais. Voici dix bullet points pour faire face au jury sur ce sujet, à utiliser en accroche, comme arguments ou pour illustrer ! Bonne lecture.

#1 – Étymologie et signification

La notion de philanthropie est apparue pour la première fois au Ve siècle av. J.-C., en plein cœur de la Grèce antique. Plus précisément, c’est dans la tragédie d’Eschyle intitulée Prométhée enchaîné. Ce dernier donne aux hommes le feu, les arts et la connaissance pour que la race humaine puisse faire face au pouvoir fatal des Dieux.

Le mot « philanthropie » se compose de deux particules grecques : phílos qui veut dire « ami », et ánthrôpos qui signifie « homme ». En 1712, l’intellectuel français Fénelon définit la philanthropie  comme étant « le comportement d’une personne qui est portée à aimer tous les hommes ». En 1810, l’intellectuelle madame de Staël définit un philanthrope comme « une personne qui s’emploie à améliorer le sort matériel et moral des hommes ».

Il s’agit donc d’une philosophie de vie, une doctrine traduite par un comportement d’aide et de bienfaisance envers les personnes qui sont dans le besoin. La philanthropie constitue donc un pont entre une élite et la société civile. Il n’y a toutefois pas nécessairement de lien direct entre les donateurs et les bénéficiaires.

#2 – La philanthropie comme continuité de la charité chrétienne

Le développement de la philanthropie et les réflexions qui l’entourent apparaissent à un moment où la religion s’amenuise dans les sociétés occidentales. Ainsi, la philanthropie s’inspire de la charité chrétienne, avec toutefois l’objectif de la dépasser.

Alors que la charité, orientée vers la misère, permet d’appliquer le principe de vertu et d’amour du prochain en venant en aide aux plus démunis, la philanthropie vise à améliorer concrètement le sort des personnes dans le besoin en cherchant une vraie solution face à cette misère.

#3 – Les origines de la philanthropie américaine

On attribue généralement le premier pas de la philanthropie étasunienne au politique Benjamin Franklin (1706-1790), l’un des Pères fondateurs des États-Unis (c’est-à-dire les signataires de la Déclaration d’indépendance des États-Unis). Franklin s’est notamment inspiré de l’essai Bonifacius, écrit en 1710 par son concitoyen Cotton Mather (1663-1728), dans lequel ce dernier promeut la philanthropie comme « style de vie ».

Benjamin Franklin a donc impulsé un vrai mouvement philanthropique à Philadelphie, la ville où il a évolué. Il a mis en place un ensemble de projets pour développer et améliorer la ville : ouverture d’une bibliothèque, organisation des forces de l’ordre, mise en place de l’éclairage public, etc. Il est donc à l’origine d’un mouvement sociopolitique d’une élite réformiste et libérale.

#4 – L’essor de la philanthropie étasunienne

C’est surtout à partir du XIXe siècle, dès les années 1820, que la philanthropie se développe notamment grâce aux businessmen étasuniens. En effet, la révolution industrielle a permis à une nouvelle classe d’entrepreneurs capitalistes de s’enrichir.

Deux logiques expliquent leur volonté de redistribuer gratuitement une partie de leurs gains sous forme de dons. D’une part, c’est en quelque sorte une manière d’être reconnaissants du succès qui a été permis grâce à la société. D’autre part, il existe un lien direct avec le protestantisme de certains patrons : l’accumulation du capital se fait à condition de développer une certaine éthique.

#5 – Des personnages publics

Les grands philanthropes sont considérés comme de vrais contributeurs pour la société. Pour cette raison, ils sont toujours mentionnés d’une manière ou d’une autre sur les lieux qu’ils ont financés, faisant d’eux de vrais personnages publics. Des statues, des noms de rue ou de bâtiments… rendre hommage aux philanthropes est une norme.

George Peabody (1795–1869), par exemple, est un businessman américain de Baltimore. Dès 1862, il finance largement des bibliothèques, des musées et crée également des fondations pour trouver des solutions de logements aux plus pauvres, etc. Il aura donné en tout l’équivalent de 158 millions de dollars actuels. Il possède évidemment sa statue à Baltimore.

Source : Wikipedia

Andrew Carnegie (1835-1919), d’origine écossaise, a bâti sa fortune grâce à l’industrie de l’acier. Ses dons s’élèvent à plus de 380 millions de dollars actuels en faveur de musées et d’espaces publics. Il est surtout à l’origine de la création de plus de 2 500 bibliothèques publiques et gratuites, qui évidemment portent son nom !

Source : Washington Post

#6 – Philanthropie traditionnelle VS philanthrocapitalisme

Depuis la fin des années 1990 et surtout les années 2000, on distingue de nouvelles pratiques de philanthropie, débouchant sur une distinction entre la philanthropie traditionnelle et ce que l’on nomme désormais le « philanthrocapitalisme ».

La philanthropie traditionnelle se caractérise par l’importance donnée aux levées de fonds, autrement dit, on se concentre plus sur les contributions financières à des causes sociales que sur les actions en soi. En revanche, le philanthrocapitalisme intègre les logiques du capitalisme aux pratiques philanthropiques.

Liée aux objectifs de développement durable et de croissance plus éthique, cette nouvelle philanthropie fait débat. Pour ses détracteurs, elle ne serait qu’une façon détournée de générer du profit. Un grand nombre d’entreprises ont en effet récemment ouvert des fondations afin d’œuvrer pour l’intérêt général et a priori sans réel but lucratif, œuvrant dans des secteurs variés.

Mais on peut poser la question de la motivation qui se trouve derrière. Y a-t-il un réel altruisme désintéressé ou ne serait-ce pas une stratégie marketing pour embellir une image de marque, ou encore une façon de toucher un autre public potentiel pour agrandir le marché ?

#7 – L’encouragement fiscal des pouvoirs publics

La philanthropie peut s’avérer largement complémentaire au rôle de l’État, dans la mesure où elle intervient dans des domaines qui sont du ressort de ce dernier (santé, éducation, développement économique, etc.). Cela est d’autant plus le cas aux États-Unis, où l’État providence est moins prégnant qu’en France par exemple, du fait de la doctrine libérale dominante.

Ainsi, les pouvoirs publics ont généralisé l’encouragement aux dons chez les particuliers et les entreprises grâce à des réductions d’impôts. Donner devient donc fiscalement intéressant, au-delà de l’élan de solidarité. Pour faire simple, le système américain est organisé de la sorte : plus on est riche, plus on donne et plus on bénéficie d’une réduction d’impôts. Aux États-Unis, le montant total du don est déductible du revenu imposable, avec une déduction maximale de 50 % du revenu (alors qu’en France, on bénéficie d’un réduction d’impôts et non du revenu imposable).

#8 – Zoom sur les « American friends of »

Une forme particulière de philanthropie a récemment émergé à l’heure de la mondialisation. Il s’agit d’une philanthropie entre pays développés où la diplomatie et les politiques culturelles jouent un rôle central. Elle consiste en levées de fonds à l’international, au service du rayonnement culturel d’un pays.

Les associations des amis américains (les American friends of) sont un exemple concret de ce type de philanthropie. On en compte environ de 1 500 à 2 000 dans le monde entier. Les American friends of the Louvre, Musée d’Orsay, Théâtre du Châtelet, etc. sont des moyens philanthropiques autant que des outils diplomatiques. En l’occurrence, il s’agit de donateurs américains regroupés au sein d’associations qui financent les institutions culturelles du monde entier. En contrepartie, ils bénéficient d’événements uniques et de prestations particulières au sein de l’institution en question.

#9 – Cinq chiffres sur la philanthropie américaine en 2018

  1. Le montant des dons en 2018 aux États-Unis s’élève à plus de 427 milliards de dollars.
  2. 68 % de ces dons sont réalisés par des particuliers (le reste étant fait par les entreprises et les fondations)
  3. Le premier secteur concerné par ces dons est celui de la religion (églises, associations religieuses, etc.)
  4. 90 % des ménages américains donnent, la moyenne des dons étant de 2 500 dollars pour l’année 2018.
  5. 30 % des adultes font, au-delà des dons, des heures de bénévolat.

#10 – Quelques personnages philanthropiques

John Davison Rockefeller (1839-1937). Connu pour avoir fait fortune dans le pétrole (fondateur de la Standard Oil Company), il a créé la fondation Rockefeller qui promeut la recherche et le progrès scientifique dans tous les pays du monde. Il donnera en tout l’équivalent de 600 millions de dollars.

Michael Jackson (1958-2009). Cet artiste a légué plus de 400 millions de dollars de sa fortune à un ensemble d’associations et d’œuvres caritatives (contre la famine, les guerres, le réchauffement climatique).

Bill Gates, fondateur de Microsoft. Il a décidé de léguer 95 % de sa fortune pour lutter contre les obstacles au développement dans les pays du Sud. Il crée la fondation Gates en 2000 qui a déjà une dotation de plus de 50 milliards de dollars.

Warren Buffett. En 2006, il fait la promesse de donner 85 % de sa richesse personnelle. C’est la plus grosse opération de dons personnelle jamais connue aux États-Unis. Il a ainsi largement financé la fondation de son ami Bill Gates avec un don de 25 milliards de dollars.

Lexique utile :

Philanthropie = philanthropy

Étymologie = etymology

Doctrine = doctrine

Les élites = elites

Donateur = donor

Donner = donate

Dons = donations

Promesse de don = donation pledge

Bénéficiaire = beneficiary

Charité = charity/mercy

Protestantisme = protestantism

Rendre hommage = to pay tribute to someone

Philanthrocapitalisme = Philanthrocapitalism

Levée de fonds = fundraising

Fondation = foundation

But lucratif = for-profit basis

Intérêt général = general interest

Image de marque = brand image

Fiscalité = taxation

Bénévolat = volunteer activity