Voici le rapport de jury de l’épreuve d’Anglais de la banque Iéna

Un total de 5361 candidats ont composé cette année. La moyenne générale est de 10,13 /20, et l’écart type global est de 3,16. Les notes vont de 0,0 à 19,00.

Le texte d’appui du sujet était extrait d’un magazine trimestriel britannique, 1843, une publication du magazine The Economist. Il y était question de la transformation des campus de recherche des entreprises de la Silicon Valley, qui se livrent à une surenchère d’investissements afin d’attirer les meilleurs talents du monde entier, et afficher aux yeux du monde –et des touristes- leur richesse et leur créativité. Le titre, assez intrigant, ‘Versailles in the Valley’, reprenait une formulation au coeur de l’article. Dans une langue très soignée, l’auteur de l’article décrivait les réalisations somptuaires de ces fleurons américains des hautes technologies, en en pointant également les limites. N’y a–t-il pas un risque d’essoufflement à long terme, risquant de tarir l’esprit créatif et ce brassage de talents, propres à la Silicon Valley? Le sujet, qui permettait de réfléchir aux choix stratégiques et à l’image des entreprises, pour améliorer les performances de leurs employés et pour renforcer leur puissance, a été jugé dans l’ensemble bien adapté par les correcteurs.

1) La version : avec 10,46 de moyenne, et un écart type probant de 3,68, l’exercice a été traité correctement.

Le passage donné à traduire en version exigeait une bonne visualisation des lieux décrits par la journaliste. Il comportait un certain nombre de termes décrivant l’architecture innovante proposées par les géants des nouvelles technologies, leurs espaces de bureau et de loisir, lieux de bien-être et de travail au sein des entreprises de la Silicon Valley, ainsi que des mots concrets associés à des chiffres, permettant théoriquement de faciliter la compréhension des candidats et de rendre le sens. Les correcteurs ont constaté un certain nombre de lacunes lexicales, parfois surprenantes (par ex : le mot ‘tree’, arbre, parfois confondu avec ‘three’), design traduit designer (concevoir), within (traduit comme ‘sans’), wealth confondu avec health, at nine acres : rendu par à ‘neuf kilomètres de là’, backpackers (randonneurs).
Une phrase plus complexe (paragraphes 3 et 4) activity-based working…. Is becoming the norm, a parfois été mal découpée, le sujet n’ayant pas été trouvé.
Des expressions plus précises ont été parfois été mal traduites, ou oubliées (napping pods (alcôves de repos, niches dédiées à la sieste), map legends (légendes de cartes, schémas signalétiques), food carts (chariots de/ à nourriture).
Le barème proposait des bonifications lors de bonnes traductions de certains paragraphes : certains candidats ont réussi à rendre des passages sans erreur de compréhension majeure et en ont bénéficié.

En voici quelques exemples :
La première phrase qui présentait une difficulté en raison de l’emploi de ‘May’ pouvait être rendue par une structure concessive
‘ These firms’ vision for what they want to erect may differ , but they share common elements’ « Même si ces entreprises envisagent différemment ce qu’elles veulent ériger, leurs projets ont tout de même des points communs »,
Un recours au chassé-croisé était possible dans le paragraphe :
‘to increase collaboration among employees ‘ « …afin que les employés travaillent davantage ensemble »,
D’autres paragraphes ont été également bien rendus :
‘ they are also softening the buildings and the whiff of corporate might)’ « Elles adoucissent également le visuel des immeubles – et l’arrogance de la puissance entrepreneuriale » Ce passage a été bonifié lorsque il a été bien compris car très rares sont les candidats qui ont vu que MIGHT était un nom, et non un modal.
Sprinkled throughout it are map legends « disposés ça et là, on trouve des panneaux signalétiques… »
A l’inverse, on relève des fautes de français sur des termes assez usuels ainsi que des confusions. Un correcteur souligne certaines maladresses : de très nombreux candidats utilisent l’expression « en train de » pour restituer le BE+ING dans les paragraphes « They are softening the buildings » / « Apple is using renewable energy ».

2) Les questions de compréhension(en 100 mots) consistaient en une explicitation de deux phrases distinctes de l’article : avec une moyenne respective de 5,21/ 10 et 5,32/10 et un écart type plus resserré, il ressort que le sens du texte a été compris dans la grande majorité des copies, mais que l’explication restait parfois trop générale.

a) La première question

Il fallait expliciter une phrase située au milieu du texte :
‘ As it continues to grow quickly in profits and headcount, Google has decided it wants to devise new ways to make its headquarters expandable ‘.
Les meilleures copies sont celles qui parviennent à mettre en avant le lien entre la prospérité et l’attractivité de l’entreprise et sa course à l’innovation architecturale « As it continues to grow quickly ». Quelques termes ont été mal compris ou ignorés, comme ‘headcount’ (les effectifs) et ‘expandable’ (« qui peut s’agrandir »), et le verbe ‘to devise ‘ . Dans l’ensemble les candidats ont compris le sens de la phrase, mais ont souvent sous-expliqué l’aspect ‘modulable’ du projet qui était annoncé dans la seconde partie de la phrase.

b) La seconde question portait sur une phrase située à la fin du texte

‘Innovative architecture may attract talent and tourists initially, but it also risks altering an environment that has fostered world-beating ideas and products’
On notera une erreur plus fréquente dans le traitement de la seconde question, ou le mot ‘environment’, qui ici faisait référence à l’environnement de travail, a été souvent compris comme l’environnement naturel, et non environnement de travail ou architectural conduisant
à des contresens sur l’action de ces entreprises. De nombreux candidats ont expliqué que ces entreprises détruisaient l’environnement, alors que le texte dans son ensemble, et notamment le passage donné à traduire en version montrait justement que les préoccupations écologiques de ces entreprises étaient fort grandes.
On peut donc souligner la nécessité pour les candidats de bien lire l’ensemble de l’article pour traiter ces questions de compréhension et éviter des contresens partiels qui font baisser la note. Nous rappelons que les candidats ne doivent pas recopier la phrase ni mettre en parenthèses des éléments de celle-ci pour montrer qu’ils ont compris. Une explicitation est attendue, qui vise à peser les éléments porteurs de sens, en reformulant de manière concise, sans jugements ni commentaires personnels.

3) La question d’expression personnelle avec 10,84 de moyenne, apparaît comme l’exercice le mieux réussi. L’écart type de 3,60 montre que les correcteurs ont pu étaler les notes de manière assez large. Le sujet d’expression personnelle était ainsi formulé de manière ouverte

‘Do you think that public opinion can have a significant impact on companies’ policies ? ’
Dans l’ensemble les candidats ont compris le sujet et ont traité la question en illustrant leur propos par des exemples assez variés, ce qui prouve que la lecture et l’étude d’articles de presse reste un élément essentiel de la formation. Les meilleures copies ont mis en perspective ces exemples, et ont dépassé le simple ‘catalogue’, parfois constaté et déploré par certains correcteurs. Certaines copies n’ont fait qu’une liste d’exemples peu exploités et d’autres ont été très abstraites, sans exemples précis. Le sujet n’était pas cantonné aux entreprises de haute technologie et leurs projets architecturaux pharaoniques, point développé dans le texte d’appui. Certains candidats ont parfois limité leur propos à cet environnement, ce qui les a conduit à paraphraser le texte, sans pour autant répondre à la question.

On notera parmi les bonnes idées de traitement du sujet, la place consacrée à l’importance et à l’attractivité des « labels » pour des entreprises avides de les obtenir afin de (re)dorer leur blason, et de manière générale une réflexion sur le rapport parfois subtil entre gestion d’une image de marque (brand image) et formation d’une opinion publique (‘shaping public opinion’).
Certaines copies insistent sur l’activité philanthropique développée par certaines entreprises et grands noms (Fondation Bill Gates, etc .). Les meilleurs candidats analysent le phénomène avec une certaine distance critique et décèlent le calcul, voire les failles que peuvent dissimuler ces dispositifs.
Des confusions très fréquentes entre ‘clients mécontents ou contents du produits ’ et ‘opinion publique ‘sont perceptibles dans les copies. Des références pertinentes à des sujets d’actualité, comme le scandale Volkswagen, du travail des enfants, de l’huile de palme, ont permis d’illustrer le sujet ; si l’opinion a un impact , les entreprises , elles aussi, avaient une forte influence sur les habitudes de consommation.

Les meilleures copies sont celles qui respectent bien les critères méthodologiques : introduction posant un problématique qui sert de fil conducteur à un développement incluant une prise de position (‘do you think’) : on attendait une réflexion sur le poids de l’opinion publique dans nos sociétés de plus en plus innovantes en matière de communication, et dans leur stratégie globale de conquête de nouveaux marchés, ou au contraire de protection de leurs intérêts, contre des risques éventuels. Dans l’ensemble les candidats ont essayé de structurer leur production écrite, parfois encore en annonçant un plan binaire dans l’introduction, ce qui est maladroit. Il convient de progresser dans la démonstration de manière articulée ; à cet égard le recours à des marqueurs logiques bien utilisés a été apprécié par les correcteurs ; Il n’est pas besoin d’en utiliser trop, mais la présence de connecteurs logiques clarifie le propos.

La langue est très variable selon les candidats : manifestement certains candidats bien préparés ont su retenir des expressions de leurs lectures. Une bonne maitrise de la forme interrogative directe rend le questionnement rhétorique plus naturel. Nul besoin d’alourdir les phrases par des ‘we may wonder if ‘ , même si l’emploi de ces structures interrogatives indirectes, fait correctement, est acceptable . De même l’emploi de termes courts, (ex : verbes prépositionnels, termes saxons plus que latins) rendra la langue plus naturelle et idiomatique.

4) Le thème était extrait d’un article publié en septembre 2016 dans Le Monde ; il y était question des pratiques commerciales et les conditions de travail ‘victoriennes’ d’une grande chaîne de magasins d’articles de sport britannique. Il est à noter qu’un très grand nombre de candidats n’ont pas compris le sens de ‘victoriennes’, adjectif transparent (‘Victorian’, -de l’époque victorienne-), et ont souvent pensé qu’il s’agissait d’une femme, nommée ‘Victorienne’, qui s’exprimait dans un rapport parlementaire. Des mots de vocabulaire commercial courant attendus dans ce type de formation suivie (‘commande’, fournir, entrepôt, salaire, droit) ainsi que quelques termes de vocabulaire de l’habillement (‘chaussures’, ‘survêtement’, ‘short’) ne sont pas toujours bien maitrisés.

Parmi les termes qui ont souvent été mal traduits ou qui restent méconnus :
mine de charbon : a coal mine – Angleterre/ britannique : England, British-Un hangar : a warehouse, a hangar- Trier : to sort -Chaussures de football : soccer shoes/ football boots- Survêtements : track suits -d’ Extrême-Orient : from the Far-East/ from Far-Eastern countries-24 heures sur 24 : Around the clock/ 24/7 / twenty-four hours a day-par milliers : thousands of (shorts are sent out)/ by the thousand- Commandes : orders- Fournir : to supply-pourtant (en contexte) Yet/ However-Contrats précaires : short-term contracts/ precarious work contracts / zero-hours contracts-brimades en tout genre : various sorts of bullying / harassment of all kinds – juillet – oubli de la majuscule en anglais (July)

Les structures qui ont posé problème :
mondialisation oblige: because of globalization, a victim , a casualty of globalisation
toute la panoplie des pires excès du droit du travail britannique: the full range/ gamut/ spectrum/ the whole array of the worst excesses in British employment laws
“Victoriennes”, a assené, fin juillet un rapport parlementaire: structure mal comprise par un très grand nombre de candidats: assener un coup: to deal a blow; on pouvait accepter; They are Victorian’ according to a damning/ critical parliamentary report published in late July.
Grammaire: On constate un certain nombre d’erreurs dans l’emploi des formes verbales et des temps, parfois une mauvaise maîtrise des verbes irréguliers
La voix passive est mal rendue: sont envoyés: are sent out/ dispatched
Le choix entre le present perfect et le preterit n’est pas toujours bien compris et l’emploi du passé composé en français entraine des confusions. Le début du thème en offrait l’illustration.
En 1993 la mine a fermé: the coal mine closed down / was shut down (prétérit) /Une chose n’a pas changé: one thing hasn’t changed (present perfect)le prétérit est à utiliser avec des verbes repérés par des dates précises « In 1993 », « in late July »,
La correction dans l’emploi des prépositions a permis également aux candidats de tirer leur épingle du jeu« in its place », « on the spot », « imported from the Far East », « at the end of July ».

Le thème demeure l’exercice le plus sélectif, avec une moyenne de 8,55 /20, que signale l’écart type le plus important des 5 sous-parties.

L’épreuve confirme la grande hétérogénéité des candidats qui ont composé. On retrouve, heureusement, des profils conformes aux attentes de formation, mais également, des profils très fragiles, aux copies incomplètes et brouillonnes. Nous recommandons aux candidats de bien s’assurer de la correction grammaticale de leur expression et de leurs traductions : une bonne maîtrise de la langue écrite requiert une attention sans faille à ces exigences ; trop de fautes dites ‘d’inattention’, mais qui semblent résulter d’une incapacité à l’auto-correction émaillent les copies. Ce sont ces fautes qui lorsqu’elles sont systématiques pénalisent le plus les candidats. Les copies les plus faibles dénotent une maîtrise très insuffisante de la langue et un manque de bagage grammatical minimal (formes verbales très malmenées, -s aux adjectifs au pluriel, calques récurrents…). On ne saurait trop encourager les candidats à bien corriger leurs faiblesses, par des exercices de thème grammatical systématique, première étape d’une mise à niveau. La lecture d’articles de presse, la traduction systématique en contexte d’extraits de presse, le thème croisé sont des exercices incontournables pour progresser.