Feedback et témoignages de bi-optionnaires en B/L

La prépa B/L, pluridisciplinaire par excellence, est constituée d’un tronc commun et d’une « option obligatoire ». Derrière ce terme quelque peu oxymorique se cache un choix, le seul qui s’offre à l’entrée en classe prépa. Il s’agit de choisir entre la civilisation en langue vivante 1, le latin, le grec ancien ou la géographie, que nous t’expliquons dans cet article. Cette option donne lieu à une épreuve spécifique à l’écrit comme à l’oral. Mais certains préparationnaires, par indécision ou par stratégie, en prennent plus d’une. Voici le témoignage de deux élèves sur ce sujet, que nous remercions beaucoup d’avoir partagé leur expérience !

Margaux et Jennifer ont toutes les deux fait le choix de suivre à la fois les cours de géographie et de latin. La première vient d’intégrer l’ESCP, et la seconde entre cette année en khâgne.

Pourquoi avoir fait le choix de suivre deux cours d’option en hypokhâgne ?

Margaux : Je savais dès l’entrée en hypokhâgne que je voulais être optionnaire de géographie pour le concours des Écoles normales supérieures (ENS), en tout cas à l’écrit. L’épreuve d’oral est différente et totalement nouvelle quand on sort du lycée. C’est un commentaire de carte topographique, que l’on apprivoise tout au long de la prépa, une épreuve très intéressante et stimulante. Mais je savais aussi que je voulais tenter le concours de la BCE, qui impose d’avoir deux langues. Pour les littéraires, la deuxième langue peut être une langue ancienne si la première est l’anglais. J’ai donc pris le parti d’abandonner ma LV2 de lycée pour poursuivre l’étude du latin sur conseil de mes professeurs.

Jennifer : Pour ma part, j’ai commencé par être bi-optionnaire par indécision ! J’avais fait du latin au lycée, mais j’ai assisté aux premiers cours de géographie qui m’ont plu, alors que je doutais un peu de mon niveau en langue ancienne. L’avantage de la géographie en prépa est que l’on découvre une matière totalement nouvelle, une façon de faire qui diffère radicalement de ce qu’on a pu explorer au lycée. Tout le monde part donc sur un pied d’égalité, ou au moins avec des niveaux moins disparates que dans les autres options.

Comment s’organise le suivi des deux options en première année ?

Jennifer : Je suppose que la réponse dépend de chaque établissement. Dans le mien, les cours de latin et de géographie ne se chevauchent jamais en première année, donc je n’ai pas eu de souci sur ce plan-là. C’est en revanche plus compliqué pour les khôlles puisque les professeurs d’options khôllent souvent sur les horaires des autres options en présumant que leurs élèves sont de facto disponibles.

Margaux : Le plus gros de la question, c’est surtout la charge de travail. Comme dans toute matière, il est indispensable de travailler en dehors des cours. Or, en suivant deux options, on ajoute déjà deux, voire trois heures de cours hebdomadaires à son emploi du temps, et cela sans compter l’investissement extérieur. Il est vraiment important de considérer cette donnée avant de s’engager corps et âme dans deux options…

Pour faire face à ce surplus de travail, avez-vous donc fait le choix de prioriser une option sur l’autre, ou au moins de hiérarchiser votre investissement ?

Margaux : Puisque je me savais davantage géographe que latiniste, la question a été vite réglée. Le travail en géographie primait, mais cela s’est répercuté sur mes résultats en latin. J’étais moins investie, et ma progression a donc été beaucoup plus lente que celle de mes camarades. J’ai accusé du retard dans certains apprentissages, notamment parce que je ne faisais pas l’effort de pratiquer le petit latin [exercice qui consiste à essayer de comprendre la structure d’un texte latin en ayant une traduction en vis-à-vis] ou d’apprendre du vocabulaire.

Jennifer : J’étais indécise. J’ai donc commencé l’année d’hypokhâgne sans hiérarchie en tête, et je confirme que cela complique les choses. Avoir un investissement égal dans les deux options, en plus de toutes les matières du tronc commun, n’est pas forcément facile. Même si certains y arrivent, je pense que c’est difficile à tenir sur la durée.

Et que devient un bi-optionnaire au moment des concours ?

Margaux : Je n’ai pas changé d’avis entre mon hypokhâgne et ma khâgne. J’ai donc passé le concours des ENS en tant que géographe, à l’écrit comme à l’oral, et celui des écoles de commerce avec le latin comme LV2, puisqu’il n’existe de toute façon pas d’épreuve de géographie à la BCE en B/L. Les épreuves de latin aux écoles de commerce sont largement plus abordables que celles des ENS, tant sur leur conception que sur le niveau attendu, donc c’était faisable.

Jennifer : Bonne question, je me la pose toujours ! Je viens seulement de commencer ma khâgne, donc je ne sais pas encore exactement ce qui m’attend. Le concours des ENS laisse la possibilité de ne pas avoir la même matière à option entre l’écrit et l’oral. Je pense prendre latin à l’écrit et cartographie à l’oral, et c’est en tout cas comme ça que j’ai organisé mon emploi du temps. J’ai de toute façon dû choisir : en deuxième année, dans ma prépa, les cours de géographie consacrés au thème de l’écrit se chevauchent avec les cours de latin. J’ai donc bien mes trois heures de latin hebdomadaires cette année. À celles-ci s’ajoutent deux heures de cartographie toutes les deux semaines.

Rétrospectivement, que tirez-vous de cette expérience en tant que bi-optionnaire ? La recommanderiez-vous ?

Margaux : C’était indubitablement enrichissant. En premier lieu, on multiplie les champs d’étude, ce qui apporte forcément des connaissances supplémentaires. L’avantage de la pluridisciplinarité de la B/L, c’est que ce qu’on apprend dans une matière peut très facilement servir dans une autre. Ainsi, les textes étudiés en latin m’ont été utiles en lettres et en philosophie, là où les apprentissages liés au cours de géographie ont enrichi mes copies de sciences sociales. En plus de ces avantages académiques pratiques, il y a surtout une satisfaction personnelle à assouvir sa curiosité.

Malgré tout, je ne sais pas si c’était le choix le plus stratégique. Me concernant, ça l’était au vu de mon niveau déplorable dans ma LV2 d’origine, mais je doute qu’on puisse généraliser. En outre, mes progrès en latin ont été très limités, et mes épreuves à la BCE assez laborieuses… Je ne pense pas qu’il soit vraiment viable de ne suivre qu’une partie des cours de langue ancienne et de choisir malgré tout cette option à l’ENS. Certains peuvent y arriver, mais je conseille à tous ceux que ce choix tente de bien peser leur décision.

Jennifer : Je ne sais pas si c’est le cas partout, mais mon établissement laissait la liberté de « naviguer » un peu entre les options en hypokhâgne. Si plusieurs vous tentent, n’hésitez pas à essayer, quitte à cumuler les cours au moins un temps.