Russie

Voici une fiche portant sur l’Europe communiste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à elle, l’extension communiste en Europe n’aura plus de secret pour toi ! Nous t’invitons aussi à lire les fiches précédentes sur l’URSS pour mettre tes connaissances en perspective : sur l’institutionnalisation de la révolution socialiste par Lénine, ou l’URSS de Staline de 1924 à 1941. En effet, après plusieurs années où Staline a favorisé l’idée du communisme dans un seul pays, il décide désormais d’étendre la révolution en Europe de l’Est à la faveur de sa réussite militaire contre le nazisme. Bonne lecture !

I. La mainmise communiste sur l’Europe de l’Est (1945-1947)

1. L’URSS au sortir de la Seconde Guerre mondiale

En Europe de l’Est, l’Armée rouge a libéré de nombreux pays du joug nazi. De ce fait, l’URSS contrôle l’ensemble de l’Europe centrale et orientale du fait de la présence de ses troupes jusqu’à l’Autriche. Dans ces pays, la conférence de Yalta avait prévu la constitution de gouvernements intermédiaires représentatifs des éléments démocratiques de la population résistante et antifasciste en attendant des élections libres.

Des Fronts nationaux sont alors constitués sur cette base, rassemblant les forces patriotiques. Cependant, la présence soviétique favorise les communistes. Les Fronts nationaux sont créés avec les communistes aux postes clés. Partout, ils accroissent leur audience en incarnant l’idéal de résistance. Il s’agit également de procéder à la dénazification sous contrôle des pouvoirs militaires, notamment par l’épuration générale des pro-nazis. Par étapes et avec l’appui de l’Armée rouge, ces pays passent des gouvernements de coalition au statut de démocraties populaires satellites de l’URSS.

2. La prise de pouvoir des communistes

La prise de pouvoir par les communistes en Europe de l’Est est différenciée selon les pays. Dans le cas général (Roumanie, Hongrie, Pologne, pays baltes, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est), il s’agit tout d’abord de composer avec les autres forces politiques qui peuvent être influentes. Ensuite, il s’agit d’obtenir les postes clés du gouvernement sous contrôle de l’Armée rouge. Ces postes clés sont notamment les ministères de l’Intérieur, de l’Économie, de la Justice et de l’Armée.

Il s’agit ensuite d’éliminer les autres tendances politiques. Pour cela, les communistes attirent leur clientèle (en particulier agrarienne) à coup de promesses, l’accusent d’espionnage, l’affaiblissent, puis l’éliminent. Cela s’appelle la tactique du salami, utilisée notamment en Hongrie, pour décrire l’élimination progressive des pouvoirs extérieurs au communisme, comme le théorise Rakosi. Dès lors, on assiste au noyautage communiste de l’État, de l’administration et de la société. 

3. Quelques exceptions : des pays qui échappent au communisme

La Yougoslavie et l’Albanie sont des cas particuliers. En Yougoslavie, Tito et ses partisans ont joué un rôle important dans la résistance intérieure et la libération. Cela explique le résultat de 96 % aux élections, l’institution d’une République fédérale et l’adoption d’une constitution soviétique.

En Albanie, la victoire du front démocratique dominé par les communistes donne lieu à une constitution similaire à celle de la Yougoslavie.

II. Un bloc économique dominé par le grand frère soviétique

1. Une reconstruction économique nécessaire

Après la guerre, la reconstruction s’étale sur cinq ans et ses conditions de réalisation sont très difficiles. Les territoires sont meurtris. Par exemple, en Hongrie, les dommages représentent cinq fois le PIB. Il faut rétablir les communications, éviter la famine, relancer l’industrie… Les États autrefois ennemis de l’URSS comme la Bulgarie, la Roumanie ou la Hongrie doivent verser des réparations importantes.

De ce fait, 65 % de la production industrielle hongroise va à l’URSS en plus des frais d’occupation des troupes soviétiques. Dès 1945, l’URSS établit un ensemble de liens bilatéraux avec ses partenaires. Ce système est en vigueur jusqu’en 1960, où est créé le Comecon, conseil d’entraide économique alliant l’URSS et les démocraties populaires d’Europe de l’Est. L’activité économique est déterminée par des objectifs fixés par Moscou.

2. La socialisation des économies

Le principe de socialisation des économies dans les démocraties populaires se fait selon trois étapes. D’abord, intervient la collectivisation. Le gouvernement exproprie alors les grands exploitants pour un morcellement des terres au profit des petits paysans. En conséquence, les récoltes sont divisées par deux. Le gouvernement encourage alors l’organisation en coopératives. Puis, sont créées des stations de machines et de tracteurs pour faciliter la culture de grandes surfaces. La collectivisation est achevée entre 1956 et 1960.

Ensuite, la deuxième étape correspond à la nationalisation. Cela commence par la confiscation des biens (chemins de fer et aviations en Pologne) avant de privilégier les secteurs clés et de regrouper l’artisanat en coopératives.

Enfin, intervient une phase de planification.

III. Le contrôle politique du Kominform

1. La création d’une alliance communiste

Les dirigeants des Partis communistes européens créent le Kominform en septembre 1947 en Pologne. Son but officiel est de favoriser les échanges et la coopération. En réalité, le but est de renforcer le contrôle de l’URSS alors qu’émergent la doctrine Truman et le plan Marshall. C’est l’occasion pour Jdanov de déclarer officiellement sa doctrine de guerre froide.

Alors que les Partis communistes italien et français sont désavoués dans leur pays, les Yougoslaves ne réalisent pas que le but de Staline est de dominer seul. Staline se sert des Yougoslaves, avant de se retourner contre eux, pour mettre au pas les partis italien et français.

2. La mainmise de Moscou

Ainsi, les partis des démocraties populaires sont étroitement dépendants de Moscou et doivent s’aligner sur ses consignes. Les fronts nationaux sont dissous, voire les militants socialistes sont éradiqués comme en Hongrie, Pologne et Roumanie.

Dans un tel contexte, le coup de Prague éclate en février 1948. Ainsi, le chef communiste du gouvernement de coalition, Gottwald, veut procéder au passage vers une dictature communiste. Suite à la démission des ministres modérés et avec l’accord de l’URSS, Gottwald fait appel aux milices populaires et aux masses ouvrières. Il assure ainsi la victoire du communisme en Tchécoslovaquie. Benes, le président libéral, démissionne alors et la démocratie populaire s’installe en Tchécoslovaquie.

IV. La Yougoslavie en marge du modèle imposé 

La situation yougoslave est assez particulière du fait de son dirigeant, Tito. Dès 1941, Tito dirige le Parti communiste contre les Allemands et il libère le territoire. Il est donc dans une position d’égalité avec Staline pour porter son projet de fédération balkanique. Cela explique le schisme entre Belgrade et Moscou en juin 1948.

Dès 1945, Staline noyaute l’armée, le Parti et l’administration, et veut mettre en place des sociétés mixtes pour contrôler les branches principales de l’économie yougoslave tout en exploitant ses matières brutes. Mais Tito et ses collaborateurs refusent de subordonner leur armée, leur administration, politique extérieure et économique aux consignes du Kremlin.

En mars 1948, Staline rappelle ses conseillers. Les Yougoslaves refusent de passer devant le Kominform, qui déclare alors l’exclusion de la Yougoslavie pour trahison envers la théorie marxiste et aide au camp impérialiste.

Malgré une tentative d’intervention militaire soviétique, c’est un nouveau Comité central dévoué au titisme qui voit le jour. Dès lors, le titisme apparaît comme une troisième voie : une voie nationale vers le socialisme. La Yougoslavie est stigmatisée politiquement par le grand frère soviétique. En effet, la Yougoslavie est considérée comme « agent de l’impérialisme » ou « bourgeoise nationaliste ». Par exemple, l’Albanais Dzodze, partisan de Tito, est exécuté.

Sur un plan économique, la Roumanie arrête ses exportations de pétrole et l’URSS suspend 90 % de ses échanges afin que la Yougoslavie trahisse son inclinaison pour l’Occident. Mais tout en profitant des aides américaines, Tito procède à une collectivisation des terres et une bolchévisation du Parti. De ce fait, Tito reste communiste bien qu’il ne soit pas aligné sur les positions de Moscou.

V. Dans les autres démocraties populaires 

Les Partis communistes, après l’affaire yougoslave, sont épurés avant de s’aligner sur le Parti communiste soviétique. Il existe une méfiance face à la volonté stalinienne de procéder à une épuration communiste à partir de l’été 1948 entre ceux qui furent des résistants de l’intérieur (nationalistes), ceux ayant eu des liens avec Tito ou encore ceux ayant essayé de favoriser les agraires.

L’épuration touche ainsi 25 % du personnel : des Secrétaires de parti (Gomulka, Slansky en Tchécoslovaquie), un président (en Hongrie), des ministres (Rajk en Hongrie). Dès lors, les Partis s’alignent : mise en place d’un culte de la personnalité, suivi des consignes de Moscou, éducation des populations, méthodes autoritaires. Dès lors, se met en place un totalitarisme stalinien.

D’une part, il faut faire face à la menace des Églises particulièrement en Pologne et en Hongrie. Les communistes procèdent alors à la sécularisation des biens de l’Église. Le clergé est pressurisé pour être docile, voire arrêté. Par exemple, le Cardinal hongrois Mindszenty et les congrégations religieuses telles que les Jésuites ou les Franciscains.

Par ailleurs, il s’agit de mettre en place une planification de la culture : conditionner les esprits, combattre les erreurs idéologiques, enrôler des savants et artistes. Cela se fait notamment sous la direction de Jdanov.

C’est la fin de cette fiche. Si tu souhaites consulter d’autres articles à propos de la prépa littéraire, rendez-vous juste ici !