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Les États-Unis se retrouvent dans de nombreux sujets d’histoire de prépa littéraire, voici donc une fiche détaillée sur les États-Unis de 1945 à 1964, suite de la première fiche évoquant la période précédente ! Tu y trouveras des détails sur l’économie, la société, la culture et la politique intérieure et extérieure des États-Unis à glisser dans tes copies pour épater ton correcteur. Cette fiche est réalisée d’après le livre d’André Kaspi, Les Américains.

I. L’après-guerre aux États-Unis (1945-1947)

1. Terminer la guerre, rétablir la paix

Truman est le président du hasard. Il devient président à la faveur du décès de Franklin Roosevelt le 12 avril 1945. Le 25 avril, à la conférence de San Francisco, l’ONU est créée sous l’impulsion américaine, approuvée par 66 % des Américains. La démobilisation n’est pas rapide, mais avance. 12 millions d’hommes sont toujours dans l’armée en 1945, puis trois millions en 1946 et 1,5 en 1947. Le 22 juin 1944, la GI Bill of Rights est signée. Elle offre ainsi une aide à l’emploi (les vétérans doivent être embauchés en priorité et licenciés en dernier), des bourses pour ceux qui souhaitent reprendre des études, une assurance chômage, des aides à l’emprunt. Par ailleurs, la nuptialité et la natalité sont en augmentation. Le taux de natalité passe ainsi de 19 ‰ à 26 ‰ entre 1920 et 1947. La population est donc en plein rajeunissement. 

2. L’économie dominante

Le PNB (produit national brut) passe de 227 à 355 millions entre 1940 et 1945, et le revenu par tête passe de 1 259 $ à 1 642 $. De plus, l’exode rural s’accélère. En effet, en 1920, il y a 30 % de ruraux, tandis qu’il n’y en a plus que 12 % en 1959. Dans l’agriculture, les plus petites exploitations qui ne se modernisent pas, ou qui ne sont pas capables d’investir, sont en difficulté. L’industrie quant à elle bat son plein. L’heure est à l’innovation et à la recherche. Les foyers se modernisent (télévision, réfrigérateur, machine à laver…). Le Nord-Est a accru sa population de 10 % dans les années 1940 et l’Ouest de 40 %.

3. Les difficultés de la reconversion

Roosevelt a prévu le plan Baruch de reconversion industrielle et de démobilisation. En septembre 1945, l’extension de la sécurité sociale, la hausse du salaire minimum, un système de protection contre la maladie, l’éradication des taudis sont mis en place. Cependant, les prix augmentent de 30 % entre 1939 et 1945. Le sursaut de demande n’est pas suivi dans les mêmes proportions par l’offre. La viande tend alors à manquer et le mécontentement s’accroît.

L’OPA disparaît en 1946 et le contrôle des prix s’achève alors que l’interventionnisme étatique s’accroît cependant. 1946 est l’année des grèves, car les salaires ne croissent pas dans les mêmes proportions que les prix. Il y a un gonflement de l’effectif des syndicats (1/4 de la main-d’œuvre : sept millions de membres au AFL). De ce fait, 116 millions de journées de travail ont été perdues en 1946, un record.

II. La guerre froide (1947-1953)

1. La marche des évènements

Churchill à Fulton prévient Truman du danger soviétique qui s’annonce. Le 12 mars 1947, Truman prononce alors sa doctrine devant le Congrès pour obtenir les fonds nécessaires afin d’aider la Turquie et la Grèce face à la menace communiste. Selon les Américains, l’Europe occidentale, en difficulté, menace de tomber à l’Est. Le plan Marshall est alors annoncé le 5 juin 1947. Il permet d’écouler les excédents agricoles et de créer un lien commercial transatlantique. Le European Recovery Program verse ainsi 13,3 milliards de dollars entre 1948 et 1952. Le 24 juin 1948, le blocus de Berlin est contourné par un pont aérien, jusqu’à ce que le blocus tombe en mai 1949. Le message est clair : les États-Unis sont impliqués dans les affaires européennes. L’alliance atlantique, rendue possible par la résolution Vandenberg, est concrétisée le 4 avril 1949.

2. La guerre de Corée 

En 1948, les deux Corées sont créées et les troupes américaines et soviétiques se retirent. Le 25 juin 1950, le Nord envahit le Sud. Truman envoie alors de l’aide grâce à l’absence de l’URSS au Conseil de sécurité de l’ONU. Kim Il-sung s’empare de Séoul et envahit le Sud, mais l’opération de débarquement à Pusan engage la reconquête. En octobre, 2 000 volontaires chinois repoussent le général MacArthur et reprennent Séoul, puis les armées s’établissent de part et d’autre du 38° parallèle.

L’armistice est signé à Panmunjeom le 27 juillet 1953. De plus, en 1951, est signé un traité d’amitié américano-japonais. En Chine, les nationalistes perdent la guerre civile et certains pensent que Truman ne les a pas assez aidés. Le réarmement est massif. Les États-Unis augmentent le budget de la Défense : de 13 millions de dollars en 1950 à 50 en 1953. 

3. Les interprétations de la guerre froide

Selon les traditionalistes, l’URSS porte la responsabilité de la guerre froide par sa violation des accords de Yalta. Cependant, selon les révisionnistes, les États-Unis ont cherché à protéger leurs intérêts économiques et stratégiques. Les Américains auraient pris peur excessivement. Néanmoins, la menace du rideau de fer était réelle. Un réseau diplomatique est donc créé : OTAN, ANZUS (Australie, Nouvelle-Zélande, United States)… De plus, laide à l’étranger s’élève à 90 milliards de dollars entre 1945 et 1963.

La guerre est aussi culturelle. L’USIA (services culturels à l’étranger, encouragements aux échanges universitaires…) est créée en 1953. Par ailleurs, Bill Donovan est chargé de créer la CIA en 1947 pour « coordonner et évaluer les renseignements relatifs à la sécurité nationale ». En décembre 1947, la CIA dépense 10 millions de dollars pour empêcher la victoire du Parti communiste italien. La CIA permet aussi le retour du Shah d’Iran en 1953 et la contre-révolution au Guatemala en 1954. 

4. Une nation sous influence 

Wallace annonce sa candidature contre Truman, souhaitant être plus conciliant avec l’URSS. Truman le fait passer pour un sympathisant communiste. Truman lance alors le Fair Deal afin d’accroître le salaire minimum, la sécurité sociale, l’aide au logement et l’interventionnisme. En novembre 1946, une commission temporaire chargée d’enquêter sur la loyauté des fonctionnaires est mise en place. Hoover (chef du FBI entre 1924 et 1972) crée une banque d’informations sur les suspects de déloyauté.

Depuis 1938, la Commission sur les activités anti-américaines combat nazisme et communisme. Les époux Rosenberg sont exécutés en 1953, Chaplin se réfugie en Europe. La peur des Rouges resurgit. Pour se disculper, le réalisateur Dmytryk dénonce 26 communistes. À l’inverse, Miller dénonce la chasse aux sorcières dans The CrucibleEn 1954, McCarthy va trop loin en s’attaquant à l’armée, il est alors déchu. Le maccarthysme est la réaction des Américains à l’intensité de la guerre froide.

III. La force tranquille (1953-1964)

1. D’Eisenhower à Kennedy

Eisenhower est très populaire. Commandant de l’OTAN, candidat républicain en 1952, il bénéficie de l’essoufflement des démocrates. Il s’adresse à des hommes de terrain. Wilson, à la Défense, est l’ancien CEO de General Motors, Foster Dulles, un ancien avocat, John F. Kennedy est catholique d’origine irlandaise, deux choses inhabituelles. Il fait campagne sur le thème de la Nouvelle Frontière et est élu grâce à la place déterminante de la télévision. En effet, 115 millions de personnes suivent le premier débat télévisé. Le 22 novembre 1963, Lee Harvey Oswald assassine Kennedy, en visite à Dallas. 

2. Essor et à-coups de l’économie

La société est dynamique, c’est le triomphe des classes moyennes. Le taux de natalité est supérieur à 21 % jusqu’en 1964. La mortalité infantile passe de 34 ‰ en 1944 à 19 ‰ en 1964. Le gigantisme des entreprises atteste de l’essor économique. Le chiffre d’affaires de General Motors équivaut au budget français et 0,1 % des entreprises produisent 1/3 de la valeur ajoutée, emploient 25 % des ouvriers et font 40 % des investissements. Cela repose sur la concurrence et la notion de libre entreprise.

L’automobile est dynamique. Deux millions de voitures produites en 1946 et neuf millions en 1964. L’électroménager est en plein essor en 1956. 80 % des foyers ont la télévision, 95 % un réfrigérateur… Dans l’agriculture, la surproduction menace les prix. Le gouvernement cherche à réduire les superficies, mais la production continue de battre des records.

En 1958, la balance des paiements devient déficitaire. Les Américains vivent au-dessus de leurs moyens en s’appuyant sur leur domination monétaire. Galbraith, dans L’Ère de l’opulence, évoque en 1958 le concept de société d’abondance, réalisation du rêve américain. Le PNB passe de 285 à 504 milliards de dollars entre 1950 et 1960 et à 585 milliards en 1965. De plus, en 1955 l’économie américaine produit 50 % des biens dans le monde. La croissance du PNB/habitant est de 3,4 %/an entre 1960 et 1968. Cela est cependant plus faible qu’en RFA ou au Japon. Cependant, les dépenses publiques et les achats à crédit sous-tendent l’expansion économique.

3. Une société des classes moyennes 

La société paraît fluide. Les Américains sont cependant conscients des inégalités de revenu, comme l’indique M. Harrington dans L’Autre Amérique : 20 à 25 % des ménages de quatre personnes ne vivent qu’avec 3 000 $/an. L’aspiration au succès matériel caractérise la société (banlieue, voitures, appartenance à une communauté religieuse…). Par ailleurs, le travail féminin progresse et 40 % des femmes travaillent. De plus, l‘influence culturelle croît. Plusieurs Américains obtiennent le prix Nobel de littérature (Faulkner 1950, Hemingway 1954, Steinbeck 1962) et New York devient la capitale de la peinture avec Pollock. La culture populaire est également une usine à rêve : Ben Hur, Spartacus, les westerns, les thrillers d’Hitchcock… font des succès au ciné. 

4. Les débuts de la déségrégation raciale aux États-Unis

Dans le Sud, un code de conduite régissant les relations entre Blancs et Noirs conforte les pratiques discriminatoires. Néanmoins, en 1954, l’arrêt Brown v. Board of Education ouvre l’école aux Noirs. La situation change toutefois lentement et des troupes sont envoyées à Little Rock en 1957 pour permettre aux enfants noirs de passer.

Martin Luther King anime le National Advancement Association for Colored People et le Congress of Racial Equality. Il impose la déségrégation des bus à Montgomery en 1955. Des manifestations non violentes sont organisées et son discours « I have a dream » en août 1963 marque les esprits. Seuls 6 % des Noirs parviennent néanmoins à s’inscrire sur les listes électorales au Mississippi et 13 % en Alabama. Le 24° amendement voté en 1964 met fin à la poll tax (impôt par sondage, c’est-à-dire d’un montant fixe sur chaque personne redevable, sans référence aux revenus ou aux ressources).

5. Leaders du monde libre

À l’endiguement, succède le rollback sous l’influence de J. Foster Dulles. La libération des peuples asservis par les Soviétiques doit alors s’organiser. La stratégie des représailles massives déclare au monde que les Américains n’ont pas peur d’aller jusqu’à la guerre nucléaire. Cependant, la politique étrangère reste prudente. Les États-Unis poussent au réarmement allemand et Eisenhower montre à Suez que les Européens ne sauraient agir sans l’aval américain. La pactomanie continue avec l’OTASE en 1954, le pacte de Bagdad en 1955… Les Américains interviennent en Amérique latine avec l’intervention au Guatemala en 1954 et avec moins de succès en avril 1961 à la baie des Cochons.

Le passage à la stratégie de riposte graduée de McNamara est plus crédibledonc plus efficace que la précédente. Par ailleurs, Kennedy, comprenant l’importance des pays en développement, crée un « cours de la paix » et un programme d’aide alimentaire. De plus, la crise de Cuba en octobre 1962 marque un triomphe de la diplomatie américaine, bien qu’il s’agisse d’un succès en demi-teinte. La supériorité militaire américaine est incontestable malgré la fausse impression du « missile gap » avec cinq fois plus de bombardiers à longue portée et trois fois plus de missiles. Cependant, le problème vietnamien s’annonce. Kennedy croit à la théorie des dominos et ses conseillers le poussent dans l’engrenage du Vietnam. 

C’est tout pour cet article consacré aux États-Unis de 1945 à 1964, n’hésite pas à consulter notre autre publication qui étudie la suite de cette période !